Emmanuel Macron a inauguré samedi matin le salon de l'agriculture installé pour deux semaines à Paris. Le chef de l'Etat a appelé, à cette occasion, l'Europe à revoir la copie de la Politique agricole commune (PAC) afin de mieux défendre sa «souveraineté alimentaire». Une réponse qui vise à rassurer l'agriculture française divisée entre ceux qui souhaitent des avancées environnementales et la volonté pour le pays de maintenir son rang face à la concurrence.

Il l'a assuré avec force lors de son discours devant le parterre de futurs jeunes agriculteurs venus l'accueillir, il n'ignore absolument rien des difficultés que traversent au quotidien ceux qui exercent le métier d'agriculteur.

Il note toutefois que grâce à la mobilisation collective qui s'est faite autour du problème agricole depuis le début de son mandat, les choses commencent vraiment à s'améliorer.

Bien sûr, le président de la République le reconnaît sans détour, cela prendra un certain temps avant que le pays ne réussisse à endiguer la détresse de plus d'un tiers des agriculteurs qui peinent cruellement à vivre du revenu de leur travail. Avec la dynamique enclenchée, pas de quoi s'alarmer toutefois, mais aussi, pas de quoi s'enorgueillir non plus car le chemin se présente long et tortueux.

Ne rien lâcher

Emmanuel Macron en a donc appelé à l'ensemble des filières et aux nombreux acteurs du secteur, pour que ceux-ci restent plus que jamais mobilisés pour la cause agricole.

Mettant sur la table les gros efforts entrepris par le gouvernement pour redonner de la valeur à «ceux qui produisent» pour la France, il a notamment insisté sur le fait que des combats à mener, l'Etat prendra sa part.

Mais encore, le chef de l'Etat a particulièrement centré son intervention sur sa vision européenne de l'agriculture.

A l'occasion des négociations qui viennent de s'ouvrir pour élaborer le futur de la PAC, il a appelé à en «réinventer» les bases afin d'assurer "la souveraineté alimentaire, environnementale et industrielle" de l'Europe. Une question qu'il estime primordial tant le vieux continent est dépendant, avec à titre d'exemple 70% du soja consommé qui est importé.

L'agriculture, sujet de souveraineté

En effet, pour le locataire de l'Elysée, la nourriture ne peut être placée au même rang que les autres marchandises en ceci qu'elle est essentielle pour la stabilité d'un pays. Et s'il rappelle que cette dimension particulière oblige la société à un impératif de protection pour celles et ceux qui la garantissent, il pense que les initiateurs de la Politique agricole commune ne l'ont pas perdu de vue.

Face aux puissances mondiales que sont les Etats-Unis, la Chine ou encore la Russie, Emmanuel Macron pense que l'Europe agricole a plus que jamais besoin de se protéger. Dans le même temps, il s'insurge contre toute tentation aventurière au sein de l'UE, actant que c'est dans l'unité et le renforcement de la PAC que des évolutions se feront. Son argument, le fait que les consommateurs européens disposent encore d'une alimentation accessible et de qualité.