La situation des djihadistes français incarcérés en France et en Syrie ne cessent de s'inviter au menu des arbitrages du gouvernement français. Avec le retrait de l'armée américaine du sol syrien, la position jusqu'ici assumée par Emmanuel Macron semble difficile à tenir. Mais déjà, Nicole Belloubet a tenu, ce jeudi 31 janvier, à arrondir un peu les angles.
Il faut dire qu'avec la trentaine de prisonniers djihadistes en voie de recouvrir leur liberté en 2019, la question est ardemment agitée au nez de l'exécutif. Pas toutefois de quoi effrayer l'opinion, précise la ministre de la Justice qui entend que des mesures sont prises au quotidien par le renseignement territorial afin d'assurer un suivi très strict de ceux-ci une fois leur sortie validée.
Pas de quoi également s'alerter avec le retour annoncé de djihadistes français détenus au nord de la Syrie par les Kurdes. La garde des Sceaux se veut pragmatique : avec le retrait des Etats-Unis de la région, la donne a été changée et l'Etat français a fait le choix du contrôle par la voie d'un rapatriement choisi. Toutefois, elle a indiqué que « plusieurs options » restaient sur la table du gouvernement.
Des enfants dans 75% des cas
La ministre confirme ainsi un véritable changement de doctrine de la part de Paris, qui trônait jusqu'ici que les djihadistes français avaient vocation à être jugés par les autorités locales au plus près des lieux de leurs forfaits. Elle fait valoir désormais que si les Français détenus par les Kurdes venaient à être relâchés ou expulsés, il serait plus sûr pour la France de savoir où ils se trouvent.
Les adultes rapatriés feront l'objet d'interpellations dès leur arrivée sur le sol français. Mais, l'ancienne membre du Conseil constitutionnel précise que la majorité des détenus chez les Kurdes sont en réalité des enfants. 75% d'enfants de moins de 7 ans, dans une population de ressortissants français difficile à dénombrer.
L'évolution était en tout cas défendue mercredi soir par Edouard Philippe qui actait sa préférence de voir les djihadistes jugés et condamnés sévèrement en France plutôt qu'éparpillés dans la nature à organiser de nouvelles actions.
L'opposition vent debout
Face à cette perspective qu'ils trouvent scandaleuse, de nombreux responsables politiques sont montés au créneau à droite comme à l’extrême droite.
Le député LR du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont s'est d'ailleurs illustré en appelant carrément à la mise en œuvre d'« assassinats ciblés » en vue de les éliminer purement et simplement.
Au gouvernement, Benjamin Griveaux préfère, lui, estimer que la doctrine française n’a pas vraiment varié sur le sujet. Il acte que ceux qui se retrouvent dans des territoires où ils peuvent être jugés le seront. Quant à ceux qui seraient expulsés, ils se verraient pris en charge par la justice française. De son côté, Jean-Yves Le Drian, a indiqué que les enfants des djihadistes visés devraient bénéficier d'un traitement individualisé en étroite collaboration avec la Croix rouge internationale et la justice française.