Emmanuel Macron se savait très attendu sur les réponses qu'il allait apporter aux remontées du Grand débat national. Depuis l'Elysée où il donnait sa toute première conférence de presse, le chef de l'Etat a ainsi tenu à souligner les grandes lignes de la vision qu'il entend porter pour la France lors des trois années de quinquennat qu'il lui reste à mener. Et déjà, il lui apparaît plus que jamais que les transformations entreprises depuis son arrivée au pouvoir doivent être accélérées.

Elles devraient répondre à terme aux aspirations des Français.

Le discours aura fait l'effet d'une douche froide au sein de l'opposition qui note, à certains égards, avoir espéré une véritable inflexion de la politique conduite par le gouvernement. Des déceptions qui interviendront au premier chef du côté de la droite, avec Laurent Wauquiez qui n'a pas manqué de dénoncer, au micro de France 2, quelques ajustements de l'exécutif. Le patron des Républicains a d'ailleurs noté quelques oubliés avec ces annonces, tout en déplorant qu'aucune piste sérieuse de financement n'ait jusqu'ici été mise sur la table.

Aucun changement de cap dans le fond

Loin de la volonté d'Emmanuel Macron de se montrer plus consensuel, Raphaël Glucksmann a, lui, estimé que certaines mesures étaient les bienvenues, mais d'autres non. La tête de liste du PS-Place Publique pour les européennes s'est même étonnée des réponses du locataire de l'Elysée, dont il assure qu'elles ne sont pas à la hauteur du moment. Il met le doigt sur la détermination affichée par le Président de ne pas changer de cap. Une analyse partagée par Jean-Luc Mélenchon qui pense déjà que la crise n'en sortira que renforcée.

Pas vraiment d'enthousiasme chez les partenaires sociaux interrogés à la suite de la conférence de presse présidentielle. Laurent Berger salue l'inflexion du discours du chef de l'exécutif sur un certain nombre de points, mais il pense que le manque d'annonces fortes sur l'écologie atténue la portée des avancées.

Philippe Martinez estime pour sa part que le compte n'y est pas et que les grosses fortunes restent encore trop cajolées. La CGT prévoit à cet effet une manifestation monstre à l'occasion de la fête du travail le 1er mai prochain.

Le désaveu de l'opinion

Du côté des patrons, on regrette que le cri de détresse des PME-TPE face au "ras-le-bol fiscal" n'ait pas reçu un écho plus favorable à l'Elysée. Le patron de la CPME s'inquiète même du nombre peu significatif de mesures qui ont été prises, dans le discours du chef de l'Etat, à l'égard des entreprises, si ce n'est une nouvelle hausse d'impôts sous les traits délicats de suppression des niches fiscales. Une situation qui ne semble pas avoir échappé au regard de l'opinion publique qui s'est voulue très critique sur l'intervention d'Emmanuel Macron.

Selon un sondage Harris Interactive rendu public vendredi sur LCI, RTL ou encore Le Figaro, 63% de Français n'ont pas été convaincus par la prise de parole du Président. Si prises individuellement, ces mesures se révèlent séduisantes, 65% des personnes interrogées estiment tout de même qu'elles ne constituent pas leurs attentes premières. Autant dire que la crise semble encore loin d'avoir trouvé une voie de sortie. En témoigne d'ailleurs la nouvelle journée de mobilisation des Gilets jaunes tenue ce samedi pour l'acte 24 du mouvement.