Lors de sa conférence de presse ce jeudi, Emmanuel Macron a évoqué sa volonté de faire passer au Parlement un projet de réforme constitutionnelle dès cet été. Ce dernier fera intervenir en parallèle l'introduction d'une dose de 20% de proportionnelle et la réduction de 25% à 30% de parlementaires à l'occasion des prochaines élections législatives. En se référant au dernier scrutin, le dispositif permettrait de voir les Insoumis et le RN mieux représentés à l'Assemblée, mais les équilibres politiques ne s'en trouveraient pas vraiment menacés.
Après avoir été freinée l'été dernier, il faut croire que la promesse du candidat Macron semble enfin en passe d'aboutir.
Si la proposition a quelque peu évolué par rapport à la monture initiale, l’objectif reste toujours de mieux représenter les différentes sensibilités qui se sont faites un chemin en France. C'est le cas notamment avec La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, le Rassemblement national de Marine Le Pen ou encore le MoDem de François Bayrou. Projection sur une Assemblée à 380 élus dont 20% à la proportionnelle.
Pas vraiment un grand chamboulement
Selon les estimations faites par Le Figaro qui s'appuient sur les résultats des dernières élections, l'initiative d'Emmanuel Macron devrait changer le visage de l'Assemblée, mais elle ne bousculerait pas vraiment les grands équilibres politiques qui y expriment.
LFI et le RN récupéraient automatiquement plus de sièges. La particularité étant que le parti de Mme Le Pen pourra s'allier à Debout la France pour construire un groupe parlementaire. Il obtiendrait par là même plus de visibilité et un plus grand nombre de moyens qu'il n'en a aujourd'hui.
De son côté, La République En Marche ne serait seule, créditée que de 184 députés dans l’Hémicycle : insuffisant, à 6 sièges près, pour faire valoir une quelconque majorité absolue.
Pour la réclamer, il faudra attendre le renfort de 26 élus MoDem qui porterait alors la majorité présidentielle à 210 élus sur 380. Sur le plan comptable, Les Républicains continueront quant à eux de représenter la première force d'opposition au chef de l'Etat.
La proportionnelle intégrale pas vraiment souhaitable
C'est d'ailleurs ce qui en fait une revendication historique des ex-Frontistes.
L'initiative déboucherait en effet sur une représentation nationale beaucoup trop morcelée entre les partis. Une situation qui rendrait assurément le pays ingouvernable. Le chef de l'Etat y serait alors soumis à la fragilité des accords d’appareils qui ne permettent pas de compter sur une majorité solide, puisque LaREM et le MoDem ne recueilleraient que 123 députés ! Par contre, ce serait une entrée en force de l'extrême droite au Palais Bourbon, avec près de 55 députés.
Le score serait le plus haut jamais atteint par le RN devant les 35 députés obtenus en 1986 dans une Assemblée de 577 députés. Et si, avec le score minimum ou la prime majoritaire, certains mécanismes existent pour limiter les effets pervers de la proportionnelle, le spécialiste du droit constitutionnel Didier Maus note que le comportement des électeurs n'est pas le même face à un scrutin sans ou avec dose de proportionnelle. Il faudra voir donc ce qu'il en est, loin du procès qui est souvent fait à la loi électorale actuelle.