Difficile par les temps qui courent de trouver des points de convergence entre les différentes sensibilités de gauche, alors l'unité affichée mardi après-midi dans l'hémicycle était notable. Edouard Philippe venait en effet d'annoncer les couleurs du nouveau dispositif de l'assurance-chômage prévu par le gouvernement pour la rentrée. Et il faut dire que de l'avis de beaucoup au PS, au PCF et à LFI, il s'agit purement et simplement d'un nouveau coup dur pour les chômeurs qui feront les frais d'une politique de "comptable".
Concrètement, le Premier ministre a porté dans le même temps un accompagnement renforcé pour les chômeurs, un durcissement du ton sur les règles d'accès à l'indemnité, et une incitation plus coercitive à l'endroit des entreprises pour limiter leur recours aux contrats courts.
L'exécutif entend bien sûr tirer de ces nombreuses mesures une réduction significative de 250 000 demandeurs d'emploi. En conséquence, près de 3,4 milliards d'euros d'économies pourraient être réalisées entre novembre 2019 et fin 2021.
De nouvelles économies faites sur le dos des chômeurs
Mais le gouvernement aura eu beau jeu de mettre en avant ses arguments, les responsables politiques de gauche défendront les leurs. Ceux actent en effet que l'acte II du quinquennat promu par Emmanuel Macron devait se traduire par plus d'écoute. Au premier rang, le député socialiste des Landes Boris Vallaud pointe d'emblée la "colère" des partenaires sociaux, et dénonce un coup bas fait à la démocratie sociale face à une réforme qui se fera hors du système paritaire, pour la première fois en plus de 40 ans.
Dans un point presse, l'élu s'inquiète notamment du sort qui sera réservé aux jeunes et aux travailleurs parmi les plus précaires dans ce tout nouveau système. Et il n'est pas le seul, puisqu'il sera rejoint par Sébastien Jumel, le porte-parole des députés du Parti communiste français. Déplorant lui aussi un programme construit en marge du désaccord entre les partenaires sociaux, il s'offusque face à une réforme qui rétrécit les droits d’accès à l’indemnisation, dans l'optique d'effectuer des économies sur le dos des chômeurs.
Pour la gauche, Emmanuel Macron a encore choisi le camp des patrons
Cela sera quelque peu le cas avec des modalités d'accès à l'indemnité qui dépassent 4 mois de travail sur les 28 derniers contre 6 sur les 24 derniers. Boîte de Pandore ouverte, pour l'élu de Seine-Maritime, avec la dégressivité des droits qui s'appliquera sur les plus hauts revenus (plus 4 500 euros brut par mois) à hauteur de 30% dès le septième mois sans activité.
Il estime que l'on coure vers une remise en cause de l'un des fondamentaux du système français qui veut que l’on touche à la hauteur de sa contribution.
Bien sûr, le discours s'est voulu encore plus amer du côté de la France insoumise avec le député de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel. Ce dernier fustige la "nouvelle méthode" du gouvernement qui consiste en fait, par un mauvais coup de plus, à "faire payer le chômage aux chômeurs", et cela contre l'avis du front syndical. Il estime qu'on fait face à un scandale que ce soit toujours très dur pour les mêmes, notamment les jeunes qui arrivent, avec des conditions d'entrée durcies pour l'accès à l’indemnisation.