Sur ce coup-ci, l'exécutif a eu beau jeu de ne pas donner d'arguments à ceux qui arguent sans arrêt que sa main tremble au moment de trancher. Edouard Philippe a en effet présenté ce mardi le dispositif de mesures que lui et sa ministre du travail Muriel Pénicaud entendent défendre dans les prochaines semaines à l'Assemblée, sous le couvert de la réforme de l'assurance-chômage. Dans un champ d'application assez varié, certains demandeurs d'emploi verront notamment se durcir les règles autour de leurs droits.
Il faut dire qu'après l'échec des négociations entre les partenaires sociaux, le gouvernement n'avait pas d'autres choix que de plonger les mains dans le cambouis.
C'est désormais chose faite avec désormais des syndicats et un patronat qui crient à tu tête sur des décisions qu'ils estiment totalement injustes. Les premiers mettent en cause un retour en arrière sur le plan social pour des demandeurs d'emploi qui verront les conditions d’accès au régime se rétrécir, tandis que le second fulmine devant la menace des bonus-malus.
Vers des emplois plus stables pour tous
Concrètement, le gouvernement devrait engranger entre novembre 2019, date d'entrée en application du système, et fin 2021 quelque 3,4 milliards d’euros d’économies. Mais au-delà de la manne financière, le projet porte avant tout le souci de réinjecter de la justice sociale, grâce notamment à des dispositions qui visent à promouvoir des emplois plus stables pour tous.
Au nombre de celles-ci, on retrouve sans réelle surprise les fameuses pénalités à infliger aux entreprises qui seront prises à abuser des contrats courts.
En pôle position sur ce sujet, les secteurs du transport et de la restauration apparaissent ainsi à l'aube d'une profonde révolution de leurs pratiques de recrutement. Aucun doute que les associations de patrons s'étrangleront durant un moment face à l'arbitrage rendu l'exécutif en la matière.
Mais à noter également que l'autre changement majeur que porte la réforme consiste en une amélioration significative de l'accompagnement des chômeurs, tout en assumant un durcissement des conditions d'accès à une indemnisation.
Un système moins généreux
Pour comprendre de quoi il est question, notons qu'à ce jour, pour toucher une indemnité de chômage, il faut avoir travaillé au minimum durant quatre mois sur les 28 derniers.
L'ajustement avait été porté sur la scène il y a dix ans pour faire face aux vagues de licenciements amenées par la crise, le Premier ministre estime désormais que la machine peut se montrer beaucoup moins généreuse. Et bien que cela reste moins contraignant qu'ailleurs, il faudra, dès la mise en route du texte, avoir travaillé 6 mois sur les 24 derniers.
Cette évolution ira de paire avec une remise à plat des droits rechargeables qui permet à un individu de reconstituer ses droits toutes les fois où il retrouve du travail. Pour l'avenir, le mécanisme se mettra en place lorsque le bénéficiaire aura travaillé un minimum de 900 heures, soit six fois plus que le précédent seuil minimum. Ne pas oublier bien sûr la dégressivité de l'indemnité à hauteur de 30% dès le 7e mois qui épargnent les seniors d'au moins 57 ans, mais touche les personnes percevant plus de 4 500 euros brut par mois.