Marine Le Pen était ce week-end à Fréjus (Var) pour lancer officiellement sa rentrée politique sur fond de batailles pour les municipales de mars 2020. La patronne du Rassemblement National a notamment profité de l'occasion pour jeter le pavé dans la marre sur la perspective de la présidentielle de 2022, en taclant Emmanuel Macron et Marion Maréchal Le Pen. Loin de son traditionnel discours fleuve sur les questions d'immigration et de sécurité, elle a, cette fois, posé les prochaines échéances électorales comme un tremplin pour son accession au pouvoir.

Il faut dire que du haut de son pupitre, il n'y avait aucun doute dans l'esprit de la politicienne de 51 ans déjà tournée vers son prochain affrontement avec le chef de l'Etat. Les municipales, les départementales, mais aussi les régionales en 2021 seront, de son avis, les étapes qui lui permettront de consolider sa conquête de l'Elysée. Et si son parti d'extrême droite s'attend à un bilan moins favorable pour les mairies qu'aux européennes, il s'agit avant tout de s'implanter durablement dans le paysage avec l'appui de la dizaine de villes déjà conquises en 2014.

Dénoncer un monde macronien de l'incertitude

Bien sûr, face aux 1200 militants venus assister à son plaidoyer, la députée du Pas-de-Calais a vanté l'offre politique "solide" du Rassemblement national. Surtout dans une société qu'elle estime pour l'heure livrée à l'insécurité permanente proposée par le président de la République, qui aurait depuis deux ans fait sauter tous les repères des Français. Précarité, incertitude, la finaliste de la présidentielle de 2017 a fustigé les réformes de l'exécutif qui auraient plongé le pays, selon elle, dans le flou le plus complet sur le travail, la retraite et la sécurité.

Socle durable dans un paysage politique totalement déblayé face à Emmanuel Macron, la cheffe du RN pose son parti comme le gage d'un cadre clair et propice "pour chacun".

C'est en tout cas, ce qu'elle a défendu face aux siens en mettant en avant une ouverture plus marquée à des personnalités extérieures susceptibles de remporter la mise aux municipales. L'accent y se sera d'ailleurs particulièrement mis sur les jeunes, comme David Rachline, élu à 26 ans maire de Fréjus.

Se démarquer au mieux de Marion Maréchal

Et pour "réparer la fracture territoriale" qu'elle considère comme le grand enjeu des années à venir, Marine Le Pen prône une vaste "politique d'aménagement du territoire". Elle entend ainsi revaloriser la ruralité en relocalisant un certain nombre d'activités économiques, notamment industrielles là où elle assure qu'Emmanuel Macron a été défaillant. Et d'autre part, la patronne du RN souhaite peser dans le débat sur l'immigration qui s'ouvrira le 30 septembre à l'Assemblée Nationale, arguant avoir oeuvré à ce que Bruxelles ouvre les yeux sur le sujet.

Auréolée de son statut de "première opposante" en cette rentrée, Marine Le Pen a aussi tenu à se démarquer de son encombrante nièce Marion Maréchal. Alors que cette dernière sera l'invitée d'une "convention de la droite" le 28 septembre, sa tante s'est défendue d'une union des droites, à laquelle elle préfère une stratégie "d'union nationale". N'hésitant pas à mettre en cause la jeunesse de sa rivale sur l'éventualité de la présidentielle, elle a tout de même laissé apparaître une convergence dans la préparation de l'alternance à Macron.