Dans quatre jours, le gouvernement annoncera les différentes propositions qui ont retenu son aval sur le futur régime de retraite, qu'il entend mettre en oeuvre. Lundi ou mardi, le Haut commissaire, Jean Paul Delevoye, dévoilera la synthèse de ses échanges avec les partenaires sociaux, avant un discours d'Edouard Philippe qui rendra ses arbitrages sur l'architecture de la réforme. Autant dire qu'à Matignon, on sait que le Premier ministre est attendu au tournant sur fond de tensions avec les syndicats, dont certains espèrent un abandon pur et simple du projet.

Faire rallier les syndicats réformistes

Au nombre de ceux-là, on compte bien sûr la CGT de Philippe Martinez ou FO d'Yves Veyrier, qui rejettent en bloc la réforme, qu'elle se fasse sur une base systémique ou paramétrique. Tout l'enjeu pour l'exécutif sera donc d'envoyer des signaux positifs à l'endroit des syndicats réformistes, qui comme la CFDT, la CFTC ou l'Unsa, sont prêts à suivre le gouvernement dans la démarche. Pour cela, il faudrait notamment renoncer à des mesures qui ont rapidement cristallisé les débats, comme celle visant à reculer l'âge de départ à la retraite.

Une disposition introduite en cours de chemin du travail de préparation du projet qui n'avait pas alors manqué de soulever la colère de Laurent Berger.

La décision de remettre à l'équilibre le système de retraite jugé déficitaire à l'horizon 2025 par le Cor, pourrait donc bien être renvoyée à plus tard et confiée au passage aux partenaires sociaux.

Mettre en oeuvre des compensations

C'est en tout cas ce que réclament depuis Dominique Corona, le secrétaire général adjoint de l’Unsa ou encore Frédéric Sève le représentant CFDT en charge des retraites.

Tous deux estiment être partants pour discuter de la question budgétaire quand le temps viendra, mais à condition que les partenaires sociaux soient réellement libres dans leurs prises de décisions. Certains imaginent à cet effet pouvoir piocher dans les 36 milliards d'euros du fonds de réserve des retraites ou alors augmenter un peu les cotisations sociales, voire mixer le tout.

Mais autant dire qu'après les 806 000 manifestants recensés jeudi par le ministère de l'Intérieur, la pression sera forte sur un Emmanuel Macron "calme et déterminé". Parmi les autres évolutions attendues du gouvernement, on pourrait assister à un recul de la date d'entrée en vigueur du nouveau système (entre 2030 et 2035), même si à l'Elysée, on fait valoir que rien n'est vraiment calé. Côté compensations, les enseignants connaîtront une hausse de leur prime, tandis que la situation des policiers fera, elle, l'objet de la plus grande des attentions.