Alors que le 5 décembre approche à grands pas, Édouard Philippe a présenté mercredi 27 novembre le calendrier du gouvernement pour la conduite du très attendu projet de refondation du système de retraites. Depuis le palais de l'Élysée où se tenait le Conseil des ministres, le Premier ministre a ainsi réaffirmé sa volonté d'aller jusqu'au bout du travail engagé depuis de longs mois par Jean Paul Delevoye. Matignon a toutefois admis son intention de ne pas "stigmatiser" les Français, tandis que les syndicats jouent déjà à fond le bras de fer contre l'exécutif.

De nombreuses perches tendues aux syndicats

Il faut dire que le changement de ton était perceptible mercredi, loin des mots très durs souvent relayés ces derniers jours par les soutiens macronistes. La CFDT au premier chef ou encore la CFTC ont même eu droit à une petite séquence de câlino-thérapie de la part du patron du gouvernement, qui s'est félicité de leur volonté d'entrer dans le jeu du changement. Il a ainsi acté qu'un certain nombre de propositions avancées par les organisations syndicales pourraient être reprises dans le dossier final du projet de loi qui sera présenté en 2020.

Emploi des seniors, prise en compte de la pénibilité, travail de nuit, garanties pour les enseignants, intégration juste et pérenne des droits familiaux dans le calcul des retraites...

Autant dire que l'exécutif a laissé s'entre-ouvrir la porte à une ultime période de discussions et de négociations avec les responsables syndicaux, afin d'obtenir le consensus le plus large possible. D'ailleurs, les dates du 9 et 10 décembre ont été évoquées par le Premier ministre afin qu'un point d'étape puisse être fait par le Haut-Commissaire Jean Paul Delevoye.

Redonner du sens au projet

Les grandes évolutions retenues pour la réforme devraient à cette occasion être révélées, afin de balayer le grand flou qui s'est installé autour du projet ces dernières semaines. Edouard Philippe, qui s'est dit "attentif" aux préoccupations de tous, y compris des professions libérales portées par l’U2P, n'a pas manqué d'indiquer que les "propositions sont sur la table".

Il reste donc aux organisations syndicales de savoir désormais récupérer la balle lancée par l'exécutif pour voir leurs idées mûrir dans les papiers du gouvernement.

Pour le reste, Emmanuel Macron entend faire face au mouvement de grève prévu le 5 décembre en jouant la carte de l'humilité et de l'apaisement. Au sein de la majorité tout comme parmi les ministres, on sait que loin du match retour du face-à-face entre cheminots et exécutif, l'épisode pourrait bien se transformer en catalyseur de toutes les colères nourries à l'encontre de la politique du gouvernement. Nul doute que les prochains jours se montreront déterminants dans la poursuite du grand chamboulement promis par le chef de l'Etat autour des retraites.