Difficile de savoir s'il s'agit du début d'un retournement de l'opinion dans la bataille qui s'annonce entre syndicats et exécutif, mais autant dire que le ressenti des Français sera très suivi ces prochains jours. Alors que des syndicats et des organisations de la jeunesse ont appelé à un vaste mouvement de blocage de la France pour le 5 décembre, la mobilisation reste incertaine. L'exécutif a posé sur la table son calendrier pour la réforme des retraites préparée depuis de longs mois par Jean Paul Delevoye, et les avis sont plus que jamais partagés.

Un soutien en très net recul, 11 points de moins qu'en novembre dernier

Il faut dire qu'à sept jours de la paralysie annoncée, le monde politico-médiatique s'interroge comme jamais sur l'ampleur et la durée du mouvement à venir. Dans une conférence de presse donnée mercredi depuis le palais de l'Elysée, le Premier ministre Édouard Philippe a toutefois marqué sa volonté de tenir jusqu'au bout le camp de la réforme. Une position qui vient ainsi rompre avec des semaines de grande cacophonie du gouvernement et de la majorité autour d'un dossier qui s'avère particulièrement sensible.

Dans le détail de l'enquête Elabe faite pour BFM et commandée à une semaine de la mobilisation, on note qu'ils ne sont plus que 53% des Français à approuver la mobilisation contre la réforme des retraites.

Bien que toujours majoritaire, le chiffre laisse apparaître une baisse significative de 11 points par rapport à une étude de l'institut datant du début du mois de novembre. D'autre part, 30% (+6%) des individus sondés se déclarent opposés voire véritablement hostiles au mouvement, tandis que 17% (+5%) y sont aujourd'hui totalement indifférents.

Un mouvement parti pour durer dans l'esprit des Français

Sans véritable surprise, ce sont les ouvriers (66%) et les employés (64%), parmi les catégories socio-professionnelles, qui s'affichent comme les plus favorables à la mobilisation. Les retraités paraissent en revanche les plus divisés sur le sujet, avec 48% d'entre-eux qui désapprouvent le mouvement contre la remise à plat des retraites, alors que 42% sont en sa faveur.

Le constat ne devrait pas échapper à l'exécutif, d'autant que l'électorat d'Emmanuel Macron n'approuve qu'à 31% une éventuelle opposition au projet nourri par le gouvernement.

Autre enseignement du sondage Elabe paru mercredi, une très large majorité (73%, +7 points) de Français interrogés pense que le mouvement va s'inscrire dans le temps. D'ailleurs, le clivage entre les camps politiques semble s'estomper quand il s'agit de prédire que le mouvement de contestation prévu le 5 décembre sera le début d'une mobilisation d'envergure. Ils sont 85% (+11) à le penser parmi des électeurs de Benoît Hamon, 84% (+6) chez ceux de Mélenchon, 77% (+15) dans l'électorat de Fillon, et même 65% (+12) au nombre des Marcheurs.

Emmanuel Macron pointé du doigt

Pour ce qui est du fond de la mobilisation, l'enquête note que les Français gardent une dent contre Emmanuel Macron qui, de l'avis de 42% des sondés, serait le principal responsable du conflit social qui arrive. Tout juste 24% estiment, quant à eux, que le poids de cette bataille est à mettre sur le dos des syndicats de salariés, tandis que 34% pensent que la responsabilité est partagée. Cela s'inscrit donc en cohérence avec l'idée que pour 46% des Français, le 5 décembre concrétisera en réalité une opposition globale à la politique menée par l'exécutif.

De fait, ils ne sont que 24% seulement à prédire que cette mobilisation est organisée "contre l'ensemble de la réforme des retraites prévue par le gouvernement".

Même si sur le fond du dossier, 7 Français sur 10 se disent pessimistes quant à la phase de "concertation" entamée ces dernières semaines avec les partenaires sociaux. Ils sont 30% (-8) à penser que cette ultime séquence de discussions sera réellement prise en compte dans le projet final du gouvernement qui devrait être clarifié à la mi-décembre par Monsieur Delevoye et finalisé en janvier.