Ils ne sont pas nombreux à l'heure actuelle ceux qui portent dans leur coeur le projet de réforme du système des Retraites construit depuis de longs mois par le gouvernement. Entre les syndicats qui espèrent un recul de l'exécutif et les voix qui en appellent à une clarification après des semaines de flou artistique, autant dire que la situation n'a jamais été aussi tendue. En dénote d'ailleurs le mouvement de contestation qui paralyse depuis quatre jours les transports, alors qu'une prise de parole d'Edouard Philippe est attendue mercredi sur le sujet.

La confiance aux abonnés absents

D'une part, il y a des figures comme Philippe Martinez, le numéro un de la CGT, qui pense que l'exécutif est dans le tort et qu'il doit absolument revenir sur ses pas. Le responsable syndical l'a une nouvelle fois rappelé dans l'émission "Questions politiques" où il était interrogé sur son sentiment vis-à-vis de la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron. Actant son intention de nourrir une forte mobilisation ce mardi, il s'est tout de même réservé le droit de voir ce qui se dira mercredi soir avant de préparer une riposte appropriée pour jeudi.

Mais, d'un autre côté, il y a ceux qui, à l'image de Laurent Berger, leader de la CFDT, espèrent qu'à l'Elysée et à Matignon, on saura faire les bons choix sur la réforme à venir.

Le syndicaliste réformiste souhaite qu'Édouard Philippe, qui s'exprimera devant le Conseil économique, social et environnemental, abandonne l'idée de joindre au projet une quelconque réforme paramétrique. Il estime qu'actuellement il n'y a pas d'urgence sur la question budgétaire, loin de l'avis de Xavier Bertrand pour qui tout recul traduirait un manque de courage.

Le gouvernement sonne la charge

Le président de la région Hauts-de-France n'a d'ailleurs pas manqué d'expliquer, dans un entretien au Parisien, tout le mal qu'il pensait de la méthode Macron. "Catastrophique", exactement le cas d'école de ce qu'il ne faut pas faire face à un sujet aussi sensible que les retraites où les Français se sentent tous interpellés et où ils ont désormais le sentiment que le résultat sera "injuste".

C'est à proprement parler, en un mot, l'idée que le Premier ministre devra s'atteler d'enlever de l'esprit de l'opinion publique dans la semaine décisive qui s'est ouverte.

Ministres et responsables de la majorité sont ainsi montés au créneau ce lundi pour tenter de sonner une nouvelle fois la riposte du gouvernement. Hors de question de perdre du terrain face au mouvement de colère qui monte partout en France autour d'un projet de réforme dont le chef de l'Etat a pourtant fait un puissant marqueur de son quinquennat. Il faut dire que loin de la réforme du code du travail ou encore celle de la SNCF, le chantier des retraites s'annonce telle une équation sur laquelle Emmanuel Macron ne doit absolument pas se louper.