J’avais conçu le projet de recenser les capitales françaises. Elles sont multiples. Très modestement chevalier du boudin blanc de Rethel, ‘’berceau du boudin blanc’’ (selon des panneaux d’entrée de ce chef-lieu de canton ET d’arrondissement, excusez du peu), je suis sensibilisé à cette éminente question. Cholet, capitale du mouchoir, Sainte-Menehould, capitale du pied de cochon, Épernay, capitale du champagne, Poligny, capitale du comté, Bayonne, capitale du chocolat français (et non point du jambon ? Bizarre autant qu’étrange), &c. Le titre de capitale du cheval est trop disputé pour que j’entre dans cette querelle, tout comme celui de capitale du parfum (Chartres ou Grasse ?).
L’appellation est peu réglementée, celle de Métropole, en France, l’est… rigoureusement ? Toujours est-il que le pays en comptait avant-hier 15, et depuis hier, 22. Car Toulon, Clemort-Ferrand, Dijon, Orléans, Saint-Étienne, Tours et Metz se sont vues conférer ce statut. Qui est celui d’une agglomération étendue et qui pourrait devenir, si Emmanuel Macron est élu, l’équivalent d’un département, comme Paris. Cet état a été défini par une loi dite Maptam remontant à janvier 2014. Il faut convenir que députés et maires, et surtout députés-maires, ont battu les couloirs de l’Assemblée pour arracher le titre et retourner le proclamer fièrement dans leurs circonscriptions et villes. Cela permet, alors que des capitales régionales renforcent leur attractivité du fait du redécoupage de la carte régionale sensiblement réduite, à des localités dotées de banlieues, de se hausser du col.
La décision parlementaire a fait deux déçues, Limoges et Amiens, dont les élus sont fort désireux d’obtenir une seconde manche… S’affirmer métropole est flatteur, mais pas seulement…
Recettes fiscales
Une métropole est un EPCI (établissement public de coopération intercommunale) ancrée dans une aire urbaine et rassemblant au moins 400 000 h.
Mais il y a métropole et métropole, Lyon étant une collectivité territoriale, le Grand Paris s’étendant au-delà du département, donc du périphérique, sur 130 autres communes. Une métropole lève l’impôt et obtient en propre des prérogatives d’urbanisme, de développement économique, dans les domaines de l’éducation, de l’action culturelle et sociale, et du tourisme, &c.
La liste des compétences est longue et certaines sont des issues de délégations départementales et régionales. L’État peut aussi concéder des prérogatives en matière d’habitat, de gestion d’infrastructures. Question dénomination, deux frontalières, Lille et Strasbourg, se définissent ‘’européenne’’. Le gros problème, pour les habitants et contribuables, c’est que les nouveaux archevêques métropolitains et leurs chanoines ont souvent tendance à désirer emménager dans de nouveaux locaux, qu’il faut entretenir, s’entourer de collaborateurs supplémentaires, qu’il faut rémunérer, &c. Au moins, se décréter capitale n’entraîne que l’installation de panneaux ou calicots, éventuellement le renouvellement de la papeterie de correspondance, l’achat de tampons, de médailles d’honneur, &c.
Supportable. Parfois moins onéreux que de devenir ville ou village fleuri. Si l’Anerie (hameau ardennais) veut devenir capitale du baudet, Chatte, capitale des félins (et non des moules, vu sa situation en Isère), Verlans capitale de la boutonnière et Longeverne du bouton, cela reste abordable (même Saint-Bonnet, capitale de la pétanque, ou Sainte-Terre, capitale, attention, mondiale, de la lamproie, ou Thiers, de la coutellerie, Bagnes, de la raclette, n’ont pas eu trop investir). La question reste en suspens : quelle métropole française inclut désormais le plus grand nombre de capitales ? Combien de capitales sises hors d'une métropole ? Les copies seront ramassées dans une heure…
P.-S. — Question subsidiaire, départagez Cogolin et Saint-Claude, capitales de la pipe, et justifiez votre choix ; évitez la confusion entre Claude (masc.) et Claude (fém.) car Sainte-Claude, 97120, est capitale de la papaye...