Ratujmy Kobiety ou ‘’Sauvons les femmes’’ est un collectif polonais qui soutient l’action des mouvements prônant le rétablissement des libertés individuelles en Pologne et plus particulièrement les Droits des femmes. La Pologne est, autant sinon plus que la Hongrie, le cadre d’une reprise de contrôle de l’église catholique romaine alliée à un gouvernement ultraconservateur. C’en est au point que Donald Tusk, le président polonais du Conseil européen a souhaité ses vœux à ses compatriotes en appelant au retour à un ‘’pays libre du mal et de la stupidité’’.

Cela lui a valu une réplique cinglante de Witold Waszczykowski, le ministre polonais des Affaires étrangères. Peut-être sous la pression du Vatican qui encourage pourtant toutes les initiatives gouvernementales restreignant l’accès à la contraception et à l’interruption volontaire de grosses, l’église polonaise a fini par se déclarer contre des peines de prison infligées aux femmes ayant avorté. Mais l’instauration d’une peine de cinq ans est toujours d’actualité et l’attribution du Prix Simone-de-Beauvoir vise à conforter l’action du comité et plus largement celle du Kod, le Comité de défense de la démocratie en Pologne. Ce prix est décerné par un jury composé de Sylvie Le Bon de Beauvoir, Julia Kristeva, Liliane Kandel, Yvette Roudy et diverses personnalités du monde littéraire et de la recherche en sciences sociales.

Des mesures contrastées

Le gouvernement polonais, qui prône l’abaissement de l’âge de la retraite de 67 ans à 65 ans pour les hommes et 60 pour les femmes, se distingue aussi par l’encouragement aux manifestations ''pro-choix'' et xénophobes, et les atteintes aux libertés d’expression de l’opposition et des médias. Le parti Droit et Justice (PiS), largement soutenu par l’église catholique romaine, mène de plus en plus une politique autoritaire et eurosceptique.

Il veut aussi instaurer une réforme de l’éducation visant à favoriser l’enseignement catholique. Le gouvernement retire aussi le pays de la Convention d’Istanbul qui avait élargi la portée de celle de Genève (2011) : ces conventions renforcent les protections dont doivent bénéficier les femmes victimes de violences ou de harcèlement ainsi que les mesures de prévention.

Le PiS musèle aussi le secteur culturel, plaçant des obligés à la tête des théâtres ou des programmes et licenciant des artistes reconnus ou des créateurs de renom international. Comme le résume (pour Libération), Krystian Lupa, directeur limogé du théâtre Polski de Wroclaw ‘’le PiS revient à la sainte tradition d’un catholicisme toxique, religion d’État. Pour la majorité d’entre eux, être catholique veut dire haïr (…) Ils n’ont que la haine de l’autre et la déploration pour occuper leur temps’’. C’en est au point où le quotidien catholique (''progressiste'') français La Croix a donné la parole à l’économiste et politologue Radoslaw Markowski qui estime que le PiS, ayant hérité d’une économie en bon état, voit la croissance fléchir et se retrouve en peine de fonds pour financer des promesses électorales : ‘’les prochains rendez-vous électoraux seront sans doute faussés par des modifications de la loi électorale’’.

Comme le résumait une étudiante pour The Guardian, ‘’en ce moment, c’est la religion qui domine le discours public et ça, ce n’est plus possible’’. Dans une tribune libre publiée par Kettös Mérce, Judyta Moscicka résumait qu’en prenant part à des manifestations d’opposition elle était ‘’taxée d’être communiste, voleuse, menteuse, Juive, membre de la Gestapo et traîtresse… Ce qui est pire encore, je ne suis pas catholique’’. La remise du Prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes (lundi prochain à Paris) rappelle que les droits des femmes ne sont jamais définitivement acquis et qu’ils sont gravement mis en danger en Pologne et ailleurs. Dont, actuellement, en France...