Divers parlementaires, tout en dédouanant un François Fillon de bonne foi qui croyait bien faire en toute légalité, ont estimé que la presse et les journalistes font leur travail. Le dernier en date n'est autre que Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, s'exprimant dans Le Figaro. "Il y a des journalistes qui rapportent les explications, les accusations, la défense. Cela me paraît parfaitement logique", a-t-il exposé avant d'exprimer que "François Fillon pense avoir respecté la loi et je crois que c'est vrai". On peut accorder cela à François Fillon : il a certes dissimulé le plus longtemps possible qu'il employait son épouse et ses enfants, mettant fin à la pratique deux mois avant qu'il ne soit plus possible de le faire, mais peut-être estimait-il que ce fût tout à fait légal.

Après tout, ses attachés parlementaires lui préparant sa revue de presse avaient pu négliger de lui faire remonter deux précédents. Il y a celui de l'ex-sénateur des Bouches-du-Rhône, Roland Povinelli, qui surpayait sa belle-fille. Si la cour d'appel a constaté des vices de forme dans la procédure, la qualification de détournements de fonds publics subsiste. Il y a aussi l'affaire des subventions accordées à une association par le député de Polynésie Jean-Paul Tuaiva qui a conduit à le condamner pour détournements de fonds publics, et plusieurs autres affaires en cours que semblent ignorer les avocats de François Fillon. Mais cela n'empêche pas Aurane Rehihanian, attaché parlementaire du très sarkozyste Laurent Wauquiez, de dénoncer, toujours dans Le Figaro, "le pilon médiatique".

La presse, les journalistes, sont l'objet d'un pilonnage concerté, multiforme.

Canard, Mediapart & co

Il n'y a pas à s'indigner que soit reprise l'information de l'emploi de la fille d'Edwy Plenel par la mairie de Paris. Il convient de rectifier les sommes avancées. Il n'y a pas lieu de fustiger Virginie Carmels (LR, Bordeaux), reprenant à son compte que Le Canard enchaîné recevrait des subventions publiques.

Il convient aussi de rectifier les sommes, de signaler que la subvention est versée à La Poste, et qu'elle permet au palmipède d'accorder à ses abonnés une ristourne de deux cents (centimes d'euros) par exemplaire acheminé. Plus de 200 publications bénéficient aussi d'une telle aide indirecte. Il y a peut-être lieu de s'étonner que Thierry Mariani, au nom de Les Républicains Russie, désigne un groupe de personnes ayant revêtu un maillot En Marche !

en tant que pigistes français à Moscou. On aimerait mettre des noms sur la photo et faire la part des choses. Couvrant des soirées électorales (tour des popotes et permanences), il m'est arrivé de me retrouver, dans l'euphorie militante d'un premier tour porteur d'espoir pour deux ou trois partis, de me retrouver recouvert d'une écharpe, d'un autocollant, &c., d'insignes de formations antagonistes. Jamais d'enfiler un maillot, mais bon… "Stop à la collusion média-Macron" s'exclame Thierry Mariani. Il a trouvé cela tout seul ? Sputnik News a repris sans plus de vérification. Au Futuroscope, Jean-Pierre Raffarin n'a sans doute pas voulu déclencher les huées en évoquant la présence des journalistes mais François Fillon ne s'est pas retenu de dénoncer le "tribunal médiatique".

Les mêmes vociférateurs ont cependant accepté de s'exprimer devant les micros tendus afin de dire tout le bien qu'ils pensaient de François Fillon. Lequel devrait s'inquiéter si une consœur, un confrère était molesté. La grève des micros et des stylos ne tarderait pas. Dominique de Villepin estime que François Fillon a lui-même "contribué à créer un feuilleton médiatique". Bruno Retailleau évoque "une lapidation médiatique". Bien, mais qui rapporte ses propos ? Qui les répercute ? La presse ou les seuls réseaux sociaux ? Qui fait grand cas de François Fillon et fort peu des manifestants protestant contre ses déclarations ? Qui expurge à présent de son discours toute référence aux mesures économiques et sociales de son programme ? La presse ou...