La Fête des mères est de retour. Avec elle, les publicités sexistes. Bijoux, produits de beauté, ustensiles ménagers... la panoplie de l'image de la femme. Merci de m'avoir mis au monde femme, maintenant, retourne te repoudrer le nez, que je consente à m'afficher avec toi. Ou mieux ! Va en cuisine me préparer quelque chose de bon à manger... Réducteur, n'est ce pas ?
La fête des mères, qu'est-ce que c'est ?
Créée en 1929, sous le gouvernement républicain de Poincaré, la Fête des mères se démocratise en mai 1941, par la volonté du Maréchal Pétain.
La fête a désormais lieu le dernier dimanche de mai en 1941. Un décret est rédigé par la suite ; "la République française rend officiellement hommage chaque année aux mères françaises au cours d'une journée consacrée à la "Fête des mères"". Félicitations, la République a accouché d'une fête ô combien sexiste. L'objectif était alors de favoriser la natalité. En effet, nous sommes dans un contexte d'après-guerre, la démographie française est au plus mal depuis la guerre de 14-18. Aussi faut-il persuader les femmes d'enfanter, d'où cette valorisation du visage de la mère. Ainsi, une médaille est donnée aux mères de famille nombreuse, et les allocations familiales voient le jour. Une sorte de remerciement pour leur dévouement envers la patrie.
Après tout, quelle utilité pouvait bien avoir une femme sinon de mettre au monde ? Il faut bien qu'elles servent à quelque chose après tout, puisqu'on avait bien veillé à leur interdire l'accès au travail, à interdire l'avortement, et à rendre difficiles les divorces. Que pouvait-on bien leur faire faire pour les occuper à présent ?
Des enfants bien entendu !
Une fête commerciale, jouant sur les stéréotypes sexistes
Les Trente Glorieuses ont participé à développer la commercialisation de la Fête des mères. Depuis, les magasins rivalisent d'ingéniosité marketing par leurs publicités, en vue de proposer des cadeaux supposés séduire les mères. Un aspirateur, un parfum ?
A regarder de plus près, l'étendue de ces propositions demeure concise. Chaque année c'est la même chose : les mêmes produits, le même arrière-plan rose. Pourtant, les protestations des associations féministes concernant ces publicités ne sont pas rares. Les années se succèdent mais rien ne change. Heureusement que l'égalité des sexes a progressé, parce que le marketing lui, n'a guère évolué ! Il n'y a qu'à voir ce que proposent les magasins, ou le contenu des boxes à thème pour l'occasion ; des produits de beauté, des ustensiles de cuisines, encore et toujours. Les magasins continuent d'alimenter les stéréotypes, jouant sur les qualités que toute bonne mère, et par extension que toute bonne femme, est censée avoir.
Celle-ci se doit, bien entendu, d'être coquette et d'être bonne ménagère, comme le veut la société. On ne peut être une bonne mère si l'on ne sait cuisiner, c'est un fait. Du moins, c'est le message que nous renvoient chaque année les multiples publicités qui pullulent les catalogues ; on réduit la mère à un statut de femme archaïque, dont la place perdure dans la salle de bain ou dans la cuisine. L'égalité des sexes ? Très bien, nous verrons si les magasins nous proposeront des aspirateurs ou des friteuses pour la fête des pères. Rien n'est moins sûr.
Pour la Fête des mères, ne tombez pas dans ce piège. Parce qu'une mère, c'est bien plus que ça, et qu'on ne peut résolument pas la réduire à cela. Parce qu'une mère, c'est un modèle, c'est elle qui a fait de nous l'individu que nous sommes. Parce que tu vaux mieux que ça, bonne femme maman.