Macron est considéré comme le Président des riches par Mélenchon qui estime que le Président a fait des cadeaux fiscaux aux millionnaires. L’impôt sur le revenu , comme celui sur la fortune, sont toujours considérés comme des objets de fantasmes multiples pour la plupart de nos compatriotes : qui paie quoi, pourquoi je paie et pas les autres, etc ? Voici les questions qui traversent notre imaginaire et les conversations de salon et de café.
Nos compatriotes doivent savoir que le rendement de l’impôt sur le revenu est plus faible que celui de la TVA et, pour cause, un ménage sur deux ne paie pas l’impôt sur le revenu et une grande partie de la charge fiscale reposerait sur les classes moyenne et supérieure, en sachant que les classes supérieures millionnaires ont à leur disposition tous les outils fiscaux légaux pour réduire le montant des Impôts qu’ils doivent payer.
Certains d’entre nous pensent que chaque euro distribué à un ménage doit faire l’objet de paiement d’un impôt, ce qui aurait pour effet d’élargir l’assiette fiscale, c'est-à-dire le nombre de gens qui s’acquittent de l’impôt, et de diminuer les taux d’imposition. C’est un débat que l’analyse économique met sur la place publique. Certains économistes américains, comme Friedmann de l’école de Chicago et Lindhal, estiment que c’est la voie à suivre. Pour le Président Macron, l’analyse est autre : plutôt que d’élargir l’assiette, il faut au contraire permettre à ceux qui paient l’impôt sur la fortune de ne plus le faire afin de leur permettre d’investir et de créer des emplois en France. C’est un pari risqué, attendons 2020/21 pour en voir les premiers effets.
Macron sera réélu ou non en 2022 en fonction de ce pari. Néanmoins, les classes moyennes supérieures se plaignent de porter sur elles toute la charge fiscale. Quelle est la réalité ?
Les classes moyennes et supérieures se sentent abandonnées par la politique fiscale macronienne
Les classe moyennes et supérieures sont celles qui contribuent le plus à l’impôt et qui reçoivent le moins.
Dans un article du Figaro du 13 octobre 2017 en pages économie, cette évidence est en exergue. La classe moyenne dite « supérieure » est identifiée entre celle qui appartient au 8ième décile, qui déclare 27490 euros par an et celle qui appartient au 9ième décile et qui déclare 33130 euros. Evidemment celles qui déclarent plus sont considérées comme des classes supérieures.
Ces classes éprouvent une sorte de ras le bol fiscal, elles ont déjà été matraquées sous Hollande et elles estiment qu’elles le sont aussi sous Macron, même si la baisse des cotisations va améliorer le pouvoir d’achat des classes moyennes salariées du privé, alors que le problème reste intact pour les fonctionnaires qui devront en plus supporter la hausse programmée de 1.7 point de la CSG.
Les classes moyennes sont celles qui consomment le plus. Les sanctionner fiscalement c’est introduire une limite à un des moteurs structurels de notre économie : la relance de la croissance par la consommation. Obéissant à la règle Ricardo/Barro, ces classes moyennes, au lieu de consommer, pourraient épargner pour s’acquitter des impôts futurs.
Le Président Macron devrait réfléchir sur le poids des prélèvements qui pèsent sur les classes moyennes.
Comment sortir de cette situation fiscale difficile ?
Le Président Macron, sans le dire, va ouvrir un nouveau chantier concernant les allocations familiales et, au nom de la discrimination positive. Les esprits brillants de Bercy s’interrogent sur la survie de l'omnipotence de la règle qui consiste à verser des allocations familiales à tous, quel que soit le niveau de revenu. Pour dire les choses autrement, certains de ces esprits, relayés d’ailleurs par des politiques (comme Thierry Solère ce matin 25/10/2017 sur BFMTV chez Jean-Jacques Bourdin), estiment qu’un couple qui gagne 8000 euros avec quatre enfants n’a pas à recevoir d’allocations familiales.
Si le lien universel établi en France entre politique nataliste et allocations familiales quel que soit le niveau de revenu, est considéré comme « naturel », force est de constater que les exigences de réductions des déficits obligent le gouvernement à recourir à des politiques de discrimination qui viseraient à introduire l’égalité de chance entre les ménages qui gagnent plus et ceux qui gagnent moins. C’est un débat qui va s’ouvrir. Que diront les associations de famille ? Il y a quelques années on a assisté à des manifestations au Trocadéro de femmes connotées comme bourgeoises, en Loden, qui ont largement protesté comme cette décision que s’apprête peut-être à prendre Macron et qui avait été esquissée en son temps par François Hollande.