En 2009, dans les rues londoniennes, treize sans abris ont bénéficié d’une expérience surprenante. Ces hommes, qui pour certains dormaient depuis plus de trente ans sur les trottoirs de la capitale anglaise, ont vu leurs vies bouleversées par l’organisation Broadway. Finis les coupons alimentaires, les soupes populaires et les abris de nuit, l’organisation avait décidé de les renflouer : 3000 livres sterling chacun, d’un coup et sans contrepartie. A eux de décider ce qu’ils en feraient !
Un an et demi plus tard, sept avaient retrouvé un logement et deux étaient sur le point de s’installer.
L’argent versé les avait tous fait avancer. Ils suivaient des cours de jardinage, apprenaient à faire la cuisine, étaient en cure de désintoxication, renouaient le contact avec leurs proches et surtout faisaient des projets pour l’avenir. Ils avaient retrouvé du pouvoir sur leurs vies. Et en réalité, économes et ayant des désirs très modestes, ils n’avaient dépensé que 800 livres chacun en moyenne !
Résultats surprenants pour cette expérience lorsqu’on sait que ces individus coutaient plus de 400 000 livres par an (dépenses de police, justice, services sociaux, etc.) à la société. Le tout sans réels résultats si ce n'est de les maintenir en vie sous perfusions.
Pourquoi donner de l’argent à chacun ?
De nombreuses études l’ont montré : l’argent sans condition, ça marche. Des corrélations ont été établies entre un revenu versé sans condition et la réduction de la criminalité, de la malnutrition, de la baisse de la mortalité enfantine, de l’absentéisme scolaire et de l’amélioration des résultats, mais aussi l’amélioration de la croissance économique et de l’égalité des sexes.
Entre autres.
Alors à quoi bon dépenser de l’argent dans des services qui ne permettent pas de lutter contre la pauvreté quand on sait que la seule solution est de donner de l’argent à chacun ? Les ménages en font bon usage et l’économie est irriguée. Ce qui dynamise l’emploi et les revenus. Hausse des revenus qui, pour boucler la boucle, irriguent l’économie.
Cerise sur le gâteau, cela permet d’éviter que les hauts fonctionnaires ne s’en mettent plein les poches.
Le revenu universel : une question qui traverse les générations
Déjà en 1516, Thomas More (politique, philosophe et humaniste anglais) en rêvait dans son ouvrage Utopia. Par la suite nombreux sont ceux à lui avoir emboîté le pas. Un revenu de base pour chacun qui semble sous entendu par l’article 25 de la déclaration universelle des droits de l’homme (1948) : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, (…) elle a droit à la sécurité (…) en cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstance indépendantes de sa volonté. »