Si le projet n’est pas nouveau, il a montré son efficacité pendant la crise liée au COVID-19. Docndoc, une start-up française a notamment permis de trouver des remplaçants aux médecins et leur permettre d’être formés de manière optimale pour vaincre le Covid-19. Cette start-up composée de jeunes Français.e.s, se consacre à faire ‘matcher’ des médecins avec de potentiels remplaçants. Face à la difficulté rencontrée par certaines communes concernées par les fameux ‘déserts médicaux’, cette société permet aux jeunes diplômés d’organiser leurs remplacements dans les meilleures conditions possibles.

Avec le contexte actuel, cette agence de mise en relation des professionnels de santé a su réagir efficacement pour ainsi proposer des solutions de facilité aux médecins mobilisés pour vaincre le virus.

Blasting News s'est entretenu avec Pauline Delestre, en charge de la communication pour Docndoc qui répond à quelques questions pour prendre part au projet BlastingTalks, qui consiste à se concentrer sur les challenges auxquels les compagnies font face lors de l’évolution du monde digital, les profondes transformations socio-économiques et lors de cette période inédite de crise sanitaire.

Avec la propagation du Covid-19, vous avez fait évoluer votre offre pour faciliter la mise en relation entre médecins.

Quels ajustements avez-vous apporté pour répondre aux besoins actuels ?

Pendant la crise, la situation des médecins s'est compliquée. Nous avons répondu à un besoin réel de renfort des médecins libéraux généralistes et des établissements de santé (...) Pour les médecins de ville, on leur a permis de trouver des remplaçants ou de pratiquer de la télé-consultation car en plus, certaines salles d’attente étaient désertées et les médecins généralistes ont connu une baisse de leur activité.

Pour ce qui est des centres hospitaliers et des cliniques, comme certains de ces établissements étaient en surcharge, on les a mis en relation avec des médecins disponibles dans leur région. On a aussi recensé les mesures étatiques, qui sont des fiches dédiées aux professionnels de santé (elles leur permettent notamment de savoir comment prendre en charge un patient Covid, etc.) et nous les avons mises à disposition sur notre site pour aider les médecins, ainsi que toutes les initiatives entrepreneuriales et citoyennes pour faciliter leur quotidien rudement mis à l’épreuve durant la crise.

Pourquoi avoir ressenti à l’origine de la création de votre start-up ce besoin de mettre en relation des généralistes avec des médecins remplaçants ?

La fondatrice de Docndoc, le Dr Pascale Karila-Cohen, est médecin radiologue. En 2014, elle était en vacances dans le Sud de la France et il ne faisait pas très beau. Pour s’occuper, elle a cherché un remplacement à faire, mais elle a remarqué que ce n’était pas facile de trouver des remplacements de médecins sur place. En général, quand les médecins partent en congé maternité ou en vacances, ils passent par des petites annonces sur des groupes Facebook, dans des revues médicales ou par des agences intérim. Mais c’est soit très cher, soit chronophage, et au final peu efficace.

Elle a alors voulu proposer une solution concrète et personnalisée face au manque d’innovation concernant les remplacements de médecins en France : d’où son idée d’un système de mise en relation ciblée entre médecins, où les médecins installés et remplaçants “matchent” sur des critères précis et peuvent ensuite convenir ensemble du remplacement.

On dénombrerait à 3,8 millions de personnes qui vivraient dans un territoire en manque de médecins généralistes selon des enquêtes du ministère de la Santé. Dans certaines villages, des maires peinent à attirer de jeunes médecins pour remplacer les départs à la retraite par exemple. C’est une tendance que vous avez ressentie ?

Ce n'est pas uniquement dans les communes rurales, , l'Ile-de-France est aussi considérée comme un désert médical.

En général, les jeunes médecins qui viennent de valider leur thèse ne souhaitent pas s’installer tout seul immédiatement. Dans un premier temps, ils privilégient un équilibre vie professionnelle / vie personnelle.

Évidemment, ils sont toujours là pour aider les gens et faire leur métier de médecins, mais ils préfèrent s’installer en collaboration avec d’autres médecins. Ils ciblent des endroits dynamiques où l’on retrouve suffisamment d’installations en termes d’écoles etc. D’autant plus que certains médecins, notamment en région parisienne, n’ont pas le permis. C'est pour ça que nous leur offrons des solutions de mobilité alternatives.

Vous offrez finalement ‘des guides’ pour les jeunes médecins qui arriveraient en zones inconnues.

Mais aussi pour toutes les spécialités ?

Oui parce qu’il faut savoir qu’un médecin remplaçant peut rester à cette fonction pendant plusieurs années, avant de finalement s’installer. Il y a beaucoup de démarches à effectuer avant de commencer à remplacer : nos guides rassemblent toutes les informations nécessaires aux médecins pour partir remplacer en toute sérénité.

Faire des remplacements dans des endroits que l’on ne connaît pas peut parfois faire peur, c’est pourquoi nous mettons aussi en place pour les remplaçants un package “remplacement + activité” qu’on appelle la "Docnbox": ils bénéficient d’activités de loisirs à prix réduit pour leur permettre de découvrir la région, et d’allier l’utile à l’agréable.

Trouver un remplacement rime avec de grosses tâches administratives à réaliser en amont. Vous êtes présents aussi pour faciliter ces démarches ?

Pour pouvoir remplacer un médecin doit souscrire à certains organismes. Il doit obtenir certains documents, par exemple une licence de remplacement, s’inscrire à l’Urssaf, l’inscription à l’Ordre des médecins etc. Toutes ces choses là ne sont pas forcément faciles à retrouver donc on a crée des guides pour regrouper toutes ces informations. Plusieurs guides finalement dédiés à plusieurs problématiques.

Vous proposez également des formations sur Docndoc. À qui s’adressent-elles ? Après autant d’années d’études, on remarque que les professionnels de santé doivent encore se former face aux nouveautés imposées notamment par le Covid-19 ?

Nous avons deux types de formations : des formations en présentiel animées par notre fondatrice radiologue. On invite des internes pour leur expliquer comment s’organiser, quels documents obtenir pour pouvoir remplacer dans des conditions optimales (...) Et on a aussi des formations virtuelles beaucoup plus médicales à destination de tous les médecins qui ont un peu plus de difficultés à se former. Avec le Covid-19, de nouvelles problématiques se sont créées donc là, nous en avons en cardiologie, chirurgie orthopédique et nous avons vocations à en rajouter dans le futur.

Pendant la crise du Covid-19, nous avons notamment mis en place une simulation numérique en 3D d'ouverture de bloc opératoire avec le paramétrage d'un respirateur.

C’est assez actuel on en a effectivement beaucoup entendu parlé.

Cette crise inédite vous a-t-elle poussé à prendre encore de nouvelles perspectives à votre plateforme ?

Pour la suite, nous avons mis en place un système similaire pour les étudiants en pharmacie. Nous les mettons en relations avec des pharmaciens en officine pour jobs, stages, contrats en alternance... Nous avons également prévu de s’ouvrir à d’autres verticales : les aides soignants, les sages femmes, les dentistes, tous métiers médicaux et paramédicaux en manque d'innovation pour se faire remplacer.

C’était un projet déjà au programme mais l’idée reste la même : créer un écosystème autour du médical et continuer à l’améliorer autour du remplacement médical.