L'Europe reste le premier continent en termes de visites touristiques. Ce sont plus de 700 millions de voyageurs qui viennent découvrir les joies de Madrid, Paris, Rome ou encore Lisbonne. Avec le Covid-19, ces chiffres ont frôlé la barre des "zéro voyageur". Une conséquence dramatique pour les professionnels du secteur mais bénéfique pour l'écologie. En effet, le Covid-19 vient marquer une pause dans la pollution de l’eau, la surconsommation des ressources naturelles ou encore la destruction des écosystèmes. Rien de mieux pour faire baisser le réchauffement climatique lorsqu’on constate que l’industrie du tourisme contribue à elle-seule à 5% d’émission de gaz à effet de serre, d'après le ministère de la Transition écologique et solidaire.
Comment profiter de ses vacances sans culpabiliser pour l'écologie ? Un groupe de jeunes entrepreneurs français vous apporte la réponse grâce à leur application Tookki, "une application durable et responsable en ville, qui met en avant les initiatives locales".
Pour en parler, le président et co-fondateur de Tookki, Fabien Vermot répond aux questions de Blasting News, pour prendre part au projet BlastingTalks, qui consiste à se concentrer sur les challenges auxquels les compagnies font face lors de l’évolution du monde digital, les profondes transformations socio-économiques et lors de cette période inédite de crise sanitaire.
Votre application mobile se présente comme un "city guide qui permet de lutter contre la surconsommation", comment cela marche-t-il?
C’est une liste d’adresses partagées sous forme de carte, qui répond à des critères de sélection qu’on définit au sein de l’équipe.
Les utilisateurs peuvent savoir directement quels critères sont respectés pour chacune des adresses que l'on propose. Les adresses sont testées et vérifiées par l’équipe.
Quels critères vous permettent d’affirmer qu’un mode de transport ou d’hébergement est plus propre, plus respectueux de notre environnement ?
Nous avons défini cinq critères :
- le critère local pour tout ce qui est issu des circuits courts, les produits locaux, de saison, made in France
- le critère bio avec tout ce qui est issu de l'agriculture biologique aussi alimentaire, vestimentaire ou textile
- le critère écologique (politique zéro déchets, réduction des dépenses énergétiques, anti-gaspillage etc)
- le critère du commerce équitable
- le critère solidaire, tout ce qui attrait aux services handicapés si c'est un point fort du lieu en terme d'accessibilité, ou alors avec une aide à l'insertion professionnelle soit par une politique interne soit avec des associations locales
Donc il faut un des ces cinq critères pour que le lieu soit rentré dans l'application.
La crise du Covid-19 a mis sur pause la pollution de l’eau, la destruction des écosystèmes. Pensez-vous que nos gouvernants doivent s’en servir comme d’une page blanche afin de ne plus reproduire les erreurs biologiques d’hier et moins pratiquer le ‘surtourisme’ ou tourisme de masse ?
Au-delà de leurs devoirs, je pense qu’ils ont l’obligation de le faire.
Avec cette crise, des gens ont revu des dauphins dans les Calanques de Marseille, des sangliers à Barcelone, on a entendu les oiseaux à Paris. Les politiques doivent saisir cette opportunité qu’on avait pas il y a encore quelques mois puisque le GIEC suggérait une baisse de la croissance mondiale ndlr de 8,5 ou 9%. Le Coronavirus fera normalement baisser cette croissance de 3%.
Selon moi, il faut changer de paradigme, de vision et relancer de manière écologique, durable et verte. C’est ce que l'on souhaite mettre en place avec Tookki. D'un point de vue touristique et d'un point de vue loisirs, il faut que les gens s'en servent pour qu'ils apprennent à intégrer l’écologie durable dans leurs activités touristiques.
Depuis une trentaine d’années, l’éco-tourisme est de plus en plus plébiscité par les voyageurs, vous vous inscrivez dans cette démarche. Pensez-vous que l'éco-tourisme est développé ?
Je pense que l’éco-tourisme est un tourisme marginal. Il faudrait qu’il devienne la norme. Pour limiter l’impact écologique, cet éco-tourisme permettrait de redécouvrir une ville différemment, d’éviter la destruction d’espaces historiques. Il faut se protéger du tourisme de masse.
Votre application référence plus de 500 lieux sur plusieurs villes. Quel sont vos projets d’expansion pour la suite ?
On aimerait au moins multiplier par dix le nombre d’adresses d’ici l’automne. On souhaiterait ensuite s’étendre à toutes les zones touristiques urbaines en France.
Avant la crise, notre projet était de s’ouvrir à une première ville européenne d'ici la fin de l'année mais l’actualité repousse cette expansion pour début 2021.
L'idée est donc de s'étendre sur différentes zones touristiques urbaines et périurbaines pour montrer aux gens que là où ils vivent ou là où ils vont se déplacer pour aller voir leurs familles sont des endroits où ils peuvent consommer de manière durable et responsable, sans être dans de grands espaces ou au milieu de la nature.
Face à la masse d’informations et de fausses informations que peuvent engendrer les réseaux sociaux, vous cherchez à rassurer les internautes pour faire des recherches plus fiables ?
On propose un côté plus qualitatif.
Pour le voyage sur place, on va pousser des propositions qualitatives à la différence des influenceurs qui pousseront eux des adresses en lien avec leurs contrats.
J’ai entendu parler du mouvement, 'Cet été je visite la France', qui semble très qualitatif car ils proposent des lieux en France mais au delà d'un tourisme local, il manque peut être le côté durable et écologique.