Invivox est née pour créer un lien entre les médecins, chirurgiens et autres praticiens du monde de la santé en France et à travers le monde. Dans un objectif de découverte de nouvelles techniques opératoires ou nouvelles approches thérapeutiques, cette start-up qui est revenue des Etats-Unis pour s’installer en France, a montré que la French Tech continue d'innover même à l'heure du COVID-19. Julien Delpech, le co-fondateur et PDG d’Invivox nous explique son développement lors d’un entretien avec Blasting News, pour prendre part au projet BlastingTalks, qui consiste à se concentrer sur les challenges auxquels les compagnies font face lors de l’évolution du monde digital, les profondes transformations socio-économiques et lors de cette période inédite de crise sanitaire.
Invivox a développé une plateforme de mise en relation pour chirurgiens, médecins et autres praticiens de santé afin d'organiser des formations. Comment cette idée vous est venue ?
J’ai une vingtaine d’années d’expérience dans le monde de la santé et j’ai beaucoup travaillé avec les chirurgiens. Au bout d’un moment je me suis rendu compte que l’idéal pour la formation c’était le compagnonnage médical. D’aller chez un confrère pour regarder comment un confrère fait.
C’est également une formation très complexe à mettre en place, pour s’organiser logistiquement. Cela reste compliqué de joindre des confrères, de s’occuper des agendas, de parler d’argent … On leur a donc proposé de créer une plateforme pour démocratiser et simplifier l’accès entre pairs.
Depuis 2017 vous avez également mis en relation des médecins dans le monde entier, comment la mise en relation se déroule-t-elle ? Avez-vous connu des difficultés ?
Dans le monde de la chirurgie, il y a des vraies différences culturelles selon les différents pays. Plusieurs approches intéressantes peuvent se réaliser dans le monde.
Il n’y avait aucune raison de se restreindre au marché français donc on l’a ouverte au niveau mondial dès le premier jour.
Une grande partie de votre entreprise s'organise autour des formations présentes en organisant des réunions, des voyages… Quelles alternatives avez-vous créé pour surmonter l'incapacité à les organiser du fait de la crise du COVID-19 ?
Bien sûr nous avons complètement réinventé notre modèle depuis maintenant six mois. On a lancé des formations en ligne en mars et on permet à des chirurgiens, des médecins, des professionnels de santé de partager leur savoir à travers des outils de webinaires, d’open classrooms, directement à travers la plateforme Invivox. Cela nous a permis de former plus de 35 000 soignants depuis le début de la crise.
La crise du COVID-19 a paralysé une partie de la société, beaucoup de médecins n'ont pu que pratiquer la télé-consultation pendant les 3 mois de confinement. Est-ce que les professionnels de santé se sont plus tournés vers les formations qu'en temps normal ?
Cette crise a eu un intérêt majeur, c’est la contrainte.
Comme les médecins ne pouvaient plus voyager, ils ont dû se retourner vers le digital. Beaucoup d’entre eux ont découvert que pour se connecter à un webinaire il suffisait d’appuyer sur deux boutons, pour partager son écran il faut appuyer sur un troisième bouton. Ils peuvent partager des cas cliniques pour avoir l’avis d’autres praticiens. Selon moi, cette crise c’est l’avènement du digital dans la santé.
En raison du COVID-19 le ministère de la Santé a établi une liste de solutions numériques dédiées à la lutte contre ce virus, vous en faites partis. Pouvez-vous nous en parler ?
Le fait d’être référencé par le ministère de la Santé est une très bonne chose. Pendant la crise, notre plateforme était à disposition gratuite de tous les soignants qui voulaient partager leurs expériences avec d’autres soignants et le fait que l’on soit référencé a ajouté de la crédibilité et de la visibilité effectivement.
Vous aviez choisi de développer votre activité aux Etats-Unis à un certain moment et puis vous êtes revenu en France avec notamment cette levée de fonds de 2,8 millions d'euros en juin 2018. Quelle grande différence avez-vous remarqué entre les deux pays dans ce secteur ?
La différence principale c’est qu’aujourd’hui pour aller dans un bloc opératoire d’un médecin américain, c’est très compliqué. Notamment en raison des risques de procès et la peur des assurances. Essayer d’organiser des séances de compagnonnage aux États-Unis devient donc extrêmement complexe.
En Europe, on est encore beaucoup plus ouvert à ce besoin. Il y a aussi une question d’argent, car en Europe, les formations sont souvent gratuites ou alors sur des tarifs très abordables tandis que beaucoup d’Américains les voient comme une possibilité d’améliorer leurs revenus.
Les Européens ont une tout autre mentalité qui reste basée sur la transmission du savoir, qui est un pilier du serment d’Hippocrate.
Nous sommes très fiers d’annoncer qu’Invivox vient de terminer sa deuxième levée de fonds de 2,8 M€ avec @BPIfrance et @ISAI
Cet investissement vise à faire de la France un “hub” mondial de la formation pour les médecins du monde entier. @BpifranceHub https://t.co/LYeQV5GRQF pic.twitter.com/SDIRwnMOzD
— Invivox (@Invivox) June 7, 2018
Vous êtes également spécialisés dans la recherche médicale et la formation pour les médecins. Quelle est la position de la France dans ce secteur, sommes-nous émergents ou leader ?
La France a toujours été une énorme terre d'innovation dans le domaine de la santé.
Aujourd’hui encore, il y a énormément de nouvelles technologies, de nouveaux produits, de dispositifs médicaux qui sont issus des centres de recherche privés ou publics d’ailleurs. Il y a un foisonnement au niveau de la startup-sphère donc nous sommes extrêmement leader, moteur en France dans le monde de la santé.
Est-ce-que cet épisode sanitaire inédit vous a poussé à changer vos perspectives à court ou long terme ?
Avec l’arrêt du présentiel, nous avons été forcés d’aller vers le digital pour maintenir nos emplois. On propose beaucoup plus d’outils aux médecins pour partager leurs connaissances on-line. On élargit notre gamme pour proposer à des industriels de la santé ou des chirurgiens d’encore se former via Invivox.