Depuis 2015, Mobiliwork permet aux entreprises de mettre temporairement des salariés à disposition d’une autre entreprise. Ces mises à disposition peuvent poursuivre un objectif de développement de compétences, notamment de "savoir-être" lorsque la mobilité est réalisée au sein d’une startup, ou un objectif de flexibilité de la masse salariale. Afin de mieux comprendre le concept de Mobiliwork, BlastingTalks s’est intéressé à ce principe de mobilité temporaire entre entreprises en donnant la parole à Jérôme Gonon, le Président Directeur Général.
Vous développez une plateforme qui permet d’organiser simplement la mobilité temporaire des salariés entre entreprises. D’où est parti un tel projet ?
Nous avons lancé notre offre de prêt de salariés en 2015. L’objectif est de permettre à une entreprise dont l’activité est en baisse de « prêter » facilement et en toute sécurité un ou plusieurs salariés volontaires à une autre entreprise afin de réduire ses charges de personnel, l’entreprise « hôte » remboursant à l’entreprise « prêteuse » les salaires chargés des salariés mis à disposition. Pour cette offre, nous nous adressons aux sociétés de toutes tailles et de tous secteurs.
Progressivement nous avons proposé une offre complémentaire pour organiser l’immersion de managers de grandes entreprises au sein de startups afin de développer certaines « soft skills », (des compétences dites comportementales, en comparaison aux hard skills, qui sont les compétences techniques, ndlr.) Nos clients pour cette seconde offre sont des grands groupes comme le cabinet d’audit et de conseil Mazars, CNP Assurances ou encore le Groupe VYV.
La crise de la COVID-19 a bousculé le monde du travail. Beaucoup de personnes se sont retrouvées au chômage, quand d’autres ont voulu se rediriger vers d’autres projets. Votre modèle a-t-il été mis à l’épreuve lors de cette période ?
Face à cette crise soudaine et d’une ampleur inédite, les entreprises ont évidemment réorienté leurs priorités.
Prises par l’urgence de la mise en place du télétravail, du recours au chômage partiel ou encore de la signature d’accord de performance collective, elles sont forcément moins à l’écoute de notre offre d’immersion de managers en startup qui répond à l’enjeu à moyen/long terme de transformation, aussi stratégique soit-il.
En revanche, notre offre de prêt de salariés trouve tout son sens dans le contexte actuel puisqu’elle permet aux entreprises de réduire leurs charges de personnel tout en sécurisant les emplois. Elle constitue donc une solution « relais » à l’activité partielle dont les conditions de recours vont se durcir très prochainement.
Le télétravail a connu un essor en France dans certaines sociétés lors de ce confinement. Quelle a été votre expérience avec cette méthode de travail ?
Le télétravail impacte Mobiliwork de deux manières.
Tout d’abord sur notre organisation interne. Nous sommes une équipe d’une dizaine de personnes donc il est assez facile pour nous d’être agiles et nous avons pu basculer rapidement en « full télétravail » avec des outils de visio qui nous ont permis de rester opérationnels sans perdre le lien humain. Pour notre offre d’immersion en startup, c’est un petit peu plus compliqué. Les immersions étaient réalisées totalement en présentiel. Nous avons dû les adapter pour qu’une partie au moins puisse se faire à distance.
Le digital est en train de s’accélérer dans nos sociétés suite à cette période. Que manque-t-il en France pour l’intégrer dans les mentalités ?
Notre conviction chez Mobiliwork est que le digital est un formidable accélérateur de business.
Il permet notamment une meilleure efficacité dans le travail et la création de nouveaux business models. Néanmoins, la dimension humaine est fondamentale et doit absolument être intégrée en parallèle de la montée en puissance du digital. C’est l’une des raisons de la création de notre offre d’immersion en startup : la transformation des entreprises n’est pas que digitale, elle est avant tout humaine. L’idée est donc de changer aussi le « mindset », la manière de penser des collaborateurs.trices, et notamment des managers qui sont clés dans cet enjeu de transformation des entreprises.
Le prêt de salariés entre entreprises est rendu possible depuis 2011, comment est-il reçu aujourd’hui selon vous ?
Je pense qu’une grande majorité d’entreprises et de salariés ne connaissent toujours pas le dispositif.
Depuis la crise, le prêt de salariés a bénéficié d’une certaine visibilité dans la presse et au travers des journaux télévisés parce qu’il répond parfaitement aux enjeux de réduction de la masse salariale et de sécurisation des emplois. Mais globalement, cette solution est encore mal connue des entreprises.
Est-ce que cette méthode de travail est aussi un moyen de maintenir un certain niveau d’emploi dans certaines régions ?
Le dispositif est vraiment win/win ; il est avantageux pour tout le monde. Pour l’entreprise « prêteuse » parce qu’elle réduit ses charges de personnel sans « reste à charge » comme c’est le cas si elle recourt à l’activité partielle, et parce qu’elle conserve ses compétences.
Pour l’entreprise « hôte » également car elle accueille du personnel à moindre coût, motivé et immédiatement opérationnel. Enfin pour le salarié lui-même, car le dispositif lui permet de développer son employabilité et de maintenir 100% de sa rémunération, alors qu’en activité partielle son salaire est amputé.
Les territoires sont eux aussi intéressés par ce dispositif qui maintient les emplois et l’activité économique au sein des régions. L’État est aussi un grand gagnant du prêt de salariés puisque cela ne lui coûte rien.
Quels sont projets pour la suite du développement de Mobiliwork ?
Nous pensons que la crise va encore durer un certain temps et il va donc falloir accompagner dans la durée les entreprises avec des solutions pour les aider à traverser cette période compliquée.
Nous pensons que notre offre de prêt de salariés aura tout son intérêt en 2021 en devenant la solution « relais » de l’activité partielle.
En ce qui concerne les immersions en startups, le format en présentiel que nous proposions jusqu’à présent n’est pas possible en période de confinement. Nous sommes en train de l’ajuster pour qu’il soit mieux adapté aux nouvelles contraintes et méthodes d’organisation du travail.