Lancée en 2006, EcoAct est devenue une entreprise Atos depuis le mois d’octobre 2020. Dans les grandes lignes, Atos, leader international de la transformation digitale a entrepris l'acquisition de EcoAct. Cette acquisition soutiendra l’ambition d’Atos en matière de décarbonation et enrichit son portefeuille de solutions, services et stratégies numériques de réduction des émissions carbone afin d’accompagner ses clients à chaque étape de leur cheminement vers la neutralité carbone.

Aujourd’hui, EcoAct est une société internationale de conseil et de développement de projets qui accompagne entreprises, organisations, institutions et territoires afin de les aider à relever efficacement les défis du dérèglement climatique.

Dans le cadre du projet BlastingTalks qui donne la parole aux entrepreneurs de demain, Roman de Rafael, Manager R&I (Recherche et développement, ndlr) chez EcoAct répond à nos questions. Ainsi, il nous explique comment il s’occupe des enjeux qui traitent du marché carbone et des politiques climatiques mises en œuvre par EcoAct dans le monde.

Vous accompagnez les entreprises et les territoires à œuvrer pour le climat en gardant une compétitivité économique.

Quel était le constat de base lors de la création d’EcoAct ?

EcoAct a été fondée en France en 2006 par Thierry Fornas et Gérald Maradan avec une vocation militante et la conviction que le développement durable, soutenu par la finance carbone, permet de faire avancer la lutte contre les dérèglements climatiques et ainsi que de bâtir un avenir résilient et solidaire.

C’est avec cette conviction que nous intervenons en tant que facilitateur auprès de nos clients pour les aider à se transformer et à jouer pleinement leur rôle dans la lutte en faveur de la préservation du climat et de la biodiversité.

Le constat de base était que nous faisons tous partie du même écosystème. Si l’action des entreprises et des territoires à faire plus en faveur de l'environnement et du climat n’est pas menée, cet écosystème sera menacé.

Ainsi, nous avons créé des premiers projets à fort impact social comme le nettoyage des berges de Seine ou des projets de reforestation, financés par des entreprises.

Depuis sa création, la raison d’être d’EcoAct est d’éclairer et de conduire des stratégies de décarbonation durables créatrices de valeur. Ces points sont bénéfiques pour les clients d’EcoAct ainsi que pour le climat et l’environnement.

Notre ambition est d’offrir la gamme de solutions la plus performante et la plus complète possible permettant de relever efficacement les défis du dérèglement climatique.

L’opinion publique connaît le carbone mais le carbone bleu reste un sujet peu évoqué ou connu. De quoi s’agit-il ?

C’est un terme qui a été défini pour la première fois pour le programme des Nations Unies pour l’environnement (PUE).

Dans un rapport en 2009, il désignait tout le carbone stocké dans les écosystèmes côtiers (mangroves, herbiers marins, marais côtiers etc.). La particularité de ces écosystèmes est qu’ils stockent le carbone surtout dans les sols, et donc pour longtemps, et de manière très efficace.

Quels sont les enjeux environnementaux que vous visez avec ce développement ?

Ce sont des écosystèmes précieux et uniques. Il s’agit d’écosystèmes qui jouent notamment un rôle de nurserie: s'y développent beaucoup d’espèces végétales (algues,herbiers), de poissons et d’oiseaux. Si ces zones venaient à disparaître vous obtiendrez moins de ressources à pêcher. Ces écosystèmes protègent les côtes de l’érosion en réduisant l’impact des marées.

Ils sont aussi et surtout extrêmement productifs et peuvent stocker le carbone 3 à 5 fois plus efficacement par hectare le potentiel carbone d’une forêt tropicale.

Vous avez lancé avec vos partenaires le projet Grove-FIT qui vise à concevoir une méthodologie autour du renforcement des puits de carbone côtiers en Outre-mer. Comment ce projet va-t-il se concrétiser ?

La France reste le premier domaine maritime mondial, c’est une richesse incroyable en termes d’écosystèmes. Côté méditerranéen, il y a des herbiers marins et dans nos territoires d’Outre-mer, nous avons environ 80.000 hectares de mangroves. Même si elles sont en majorité en bon état, nous avons décidé de développer ces projets autour du carbone bleu et de la préservation fondamentale de ces lieux en nous appuyant sur le cadre mis en place par le ministère de l'Environnement.

Depuis un an et demi, le label “Bas carbone” permet de certifier la comptabilité carbone des projets en France. Nous avons donc voulu développer une méthodologie dédiée afin de permettre à des acteurs de terrain de financer un programme de restauration des mangroves labellisé “bas carbone”.

Pouvez-vous nous en dire plus sur les mangroves et leur rôle lié au carbone bleu ?

Le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) a fixé un objectif mondial: si l’on souhaite limiter le réchauffement de la planète à +1,5° degré d’ici 2050, il faut que nous réduisions drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre et compensions le reste des émissions émises, via notamment des puits carbone.

Les écosystèmes côtiers doivent être restaurés, c’est une étape indispensable pour préserver l’environnement et pour atteindre cet objectif. Depuis les années 1980, nous avons perdu entre 30 et 50% des mangroves, l’enjeu est donc majeur et urgent.

Nous avons vu que le coronavirus avait eu un impact positif sur la planète et la protection de l’environnement. Pensez-vous que cela a eu un impact sur votre milieu ?

Quand vous avez une crise économique, vous limitez la circulation des biens et des personnes et faites moins tourner les usines mais vous ne changez pas le modèle en tant que tel (et donc le problème) et tout redémarre une fois la crise passée. Aujourd’hui, la bonne nouvelle, contrairement à 2008, est que l’on constate que la grande majorité des entreprises ont gardé ou même développé leurs budgets dédiés à la compensation carbone et à la réduction de leur impact sur l’environnement.

Également, la Loi Climat est sur le point d’être promulguée en France.

Nous remarquons donc une dynamique très claire et la crise du COVID-19 a montré que les écosystèmes peuvent se régénérer très vite. Certains comportements prédateurs commencent aussi à être pointés du doigt, comme par exemple avec certains marchés d’animaux sauvages en Chine, qui ont été au moins interdits, au moins officiellement. On note une vraie prise de conscience.

Quels outils économiques ou politiques permettraient de mieux restaurer et de protéger ces écosystèmes ?

Ce qui va permettre à une organisation privée de prendre des décisions c’est à la fois lorsqu’il y a une pression citoyenne suffisamment forte et constante et une restriction ou obligation législative.

Cela crée une pression ascendante et descendante. La prise de conscience des salariés et des commerces qui appréhendent mieux les enjeux climatiques, éthiques mais aussi l’impact que le changement climatique peut avoir au niveau de leurs business, joue aussi un rôle.

Maintenant, il convient d’utiliser tous ces outils pour provoquer un mouvement de fond au travers d’un ensemble d’initiatives concrètes.

Avez-vous vu une évolution de l'intérêt des citoyens pour ce sujet ?

Nous travaillons d’abord sur l’accompagnement stratégique et les conseils à destination des entreprises pour développer leur stratégie. Dans ce cadre, nous faisons beaucoup de sensibilisation. Notre action consiste aussi à animer les réseaux de citoyens avec les pouvoirs publics pour tenter de trouver des solutions ensemble.

L’autre aspect, est de permettre à nos clients de mettre en place des politiques concrètes de compensation carbone. Dès lors que les enjeux sont compris, on constate que les financements destinés à la restauration des écosystèmes sont favorisés et appréciés.

Vos projets touchent le monde entier. Comment avez-vous surmonté la crise du COVID-19 en gérant les différentes restrictions nationales et l’impossibilité de voyager ?

Plaçant la santé de nos collaborateurs, partenaires et clients au centre de nos préoccupations, nous avons aisément généralisé le télétravail et cessé tous les voyages d'affaires et les réunions en face à face au profit des solutions dématérialisées, dès que cela était recommandé.

Comme il est essentiel que des organisations visant zéro émission nette continuent à bénéficier de notre accompagnement, nous avons poursuivi nos activités dans le respect le plus strict des recommandations sanitaires.

Grâce à nos partenaires stratégiques dans le monde entier et nos équipes locales jouant un rôle fort, nous nous adaptons et continuons, dans le respect des règles sanitaires les plus strictes, à mettre en œuvre sur le terrain des solutions durables.

En particulier, notre équipe transverse appelée « Nature-based Solutions » (NBS, « Solutions fondées sur la Nature ») met en œuvre des solutions axées sur la préservation de la nature à travers le monde, dans le respect des meilleures pratiques internationales et les règles sanitaires qui s’imposent, au service de nos clients.

Qu’entendez-vous par “solutions fondées sur la nature” ?

Ces solutions s’inspirant directement de la nature permettent de relever les défis planétaires auxquels nous sommes confrontés, tels que la crise climatique, l’accès à l’eau potable et un développement socio-économique durable, en plaçant la préservation de la nature et les communautés au cœur de la solution.

L’Union internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), une des principales organisations non gouvernementales mondiales consacrées à la préservation de la biodiversité, définit les « Solutions fondées sur la Nature » comme des « actions qui s’appuient sur les écosystèmes afin de relever les défis globaux comme la lutte contre les changements climatiques ou la gestion des risques naturels ». Il s’agit d’actions visant à protéger et à restaurer les écosystèmes naturels, qu’ils soient terrestres, littoraux ou marins, au bénéfice de nos communautés, de la biodiversité et de l’équilibre climatique.

Ces solutions sont destinées à favoriser un développement durable, tout en garantissant des bénéfices concrets pour les écosystèmes comme pour les personnes qui y vivent. Elles constituent ainsi un élément essentiel d’un avenir durable alliant zéro émission nette, équité et préservation de l’environnement, tel que défini par les Objectifs de développement durable des Nations unies.

Les projets de protection et de restauration des mangroves sont un excellent exemple de solutions fondées sur la nature, qui présentent de nombreux avantages pour la société et les écosystèmes.

Quelles sont vos perspectives pour l’année 2021 ?

Notre secteur n’est pas en crise à l’heure actuelle. Les demandes des entreprises avec lesquelles nous travaillons ont évolué, maturé. Nous sommes en train de passer de simples mises en conformité avec un bilan carbone à des demandes de transformation de fond. Des organisations publiques et privées viennent nous voir pour s’adapter à ce changement climatique pour réduire leur dépendance énergétique, leur quotas carbone etc.