Pourquoi ma glycémie réagit ainsi ? Comment interpréter un résultat d’analyse ? Comment gérer toutes ces informations, cette masse de données médicales à analyser lorsqu’on est un patient atteint de diabète ?

Depuis 2015, myDiabby Healthcare donne les moyens aux équipes médicales de mieux suivre leurs patients. Dans un objectif pédagogique, de meilleure compréhension de la maladie, l’application est disponible dans plus de cinq langues étrangères. L’objectif ? Assurer aux diabétiques le meilleur parcours de soins possible.

Pour en savoir plus, Anastasia Pichereau, Présidente & Co-fondatrice de myDiabby HealthCare, a répondu aux questions de Blasting News, dans le cadre du projet BlastingTalks, qui donne la parole aux entrepreneurs de demain afin d’observer leurs innovations pour faire face à la crise de la COVID-19.

Votre application permet aux personnes atteintes de diabète de suivre l’évolution de leur maladie en temps réel avec leur équipe médicale, de quel constat êtes-vous partis pour lancer un tel projet ?

Nous étions partis d’un constat de terrain, à savoir ce qu’il se passait dans les hôpitaux. Nous avions remarqué que pour suivre les patients correctement en diabétologie, les équipes médicales avaient besoin d’avoir un accès régulier aux résultats des personnes malades quand ils étaient à domicile. Pour assurer ce suivi, ils n’avaient que les e-mails ou les téléphones comme outils. C’est à ce moment que nous avons décidé de construire un outil facile d’utilisation, sécurisé pour transférer les données tout en permettant de faire gagner du temps aux patients et aux équipes médicales.

Votre projet est né en 2015, votre outil a été sans le savoir précurseur du suivi médical digital. Aujourd’hui pensez-vous que la COVID-19 a totalement bousculé la téléconsultation ?

C’est vrai que nous sommes arrivés au tout début de la télésurveillance. Les équipes médicales commençaient à pratiquer une forme de télésurveillance sans réellement avoir ni de cadres, ni d’outils parce qu’ils avaient besoin d’un contact.

Nous avons donc créé la plateforme parallèlement à l’évolution de cette pratique.

Actuellement vous suivez plus de 120.000 patients. Depuis le commencement de votre activité en 2015, si l’on devait citer les avantages qui reviennent le plus dans le discours des personnes diabétiques, lesquels seraient-ils ?

En fonction des profils des personnes diabétiques, on retrouve un niveau de sévérité de la pathologie et des objectifs différents.

Ce que l’on propose de notre côté c’est un coaching plus rapproché, un suivi plus étroit avec les équipes médicales et paramédicales. Par exemple, une femme enceinte qui fera un diabète gestationnel pendant sa grossesse, sera davantage rassurée lorsqu’elle saura qu’une personne l’appellera après avoir eu accès à ses résultats. De la même manière, un patient qui a un enfant diabétique, verra sa famille rassurée car une équipe médicale sera en mesure de répondre à toutes leurs questions. Enfin, pour un patient qui se trouve diabétique depuis plus longtemps, cela va faciliter la connexion de tous ses appareils (pompe à insuline, capteurs de glycémie etc.) afin d’avoir une vision d’ensemble de sa pathologie.

Selon les profils des diabètes et les besoins, nous obtenons des retours positifs de la part de patients notamment parce qu’ils sont rassurés d’être reliés à leur équipe médicale.

En France, plus de 3,5 millions de Français sont soignés pour un diabète. Malheureusement de nombreux malades sont en phase de pré diabète donc non diagnostiqués. Comment mieux connaître ces personnes à risque et ainsi mieux les prendre en charge ?

Bien qu’il y ait certainement des choses intéressantes à faire sur ce sujet, nous ne nous sommes pas encore penchés sur cette population. Nous avons préféré commencer par les personnes qui se trouvaient le plus dans le cœur du sujet, qui ont ce réel besoin de ce suivi à distance.

En effet, il y aurait des éléments intéressants à creuser sur ce thème afin de permettre à ces personnes en pré-diabète de reprendre le contrôle pour éviter de tomber dans le diabète ou du moins retarder la maladie.

La COVID-19 a fortement impacté la prise en charge des patients atteints de maladie chronique. Avez-vous la sensation que certaines pathologies ont pu être négligées pendant cette crise sanitaire ?

Je pense que tout le monde a un peu réagi dans le feu de l’action. Le terme ‘négligées’ reste un grand mot et c’est vrai que la téléconsultation a beaucoup été utilisée pendant la COVID-19. Dans la télémédecine dans son ensemble, tous les patients chroniques n’ont pas forcément le plus besoin de télé-consultation mais plutôt de télésurveillance.

En revanche, ce qui a été le plus oublié, ce sont les modalités de remboursement de cette télésurveillance. Aujourd’hui, tous les médecins qui la pratiquent le font gratuitement et volontairement. Ce n’est pas encore totalement démocratisé, il n’y a que très peu de tests réalisés sur un petit panel de patients. Nous espérons que la crise servira d’accélérateur pour permettre la valorisation et la reconnaissance de la télésurveillance par l’Assurance maladie.

Avec les confinements successifs, on a constaté l’importance du digital et le numérique prend une place de plus en plus importante dans le monde du travail. Dans le secteur médical, pensez-vous que le digital est devenu une priorité ?

Nous ne cherchons pas à remplacer les professionnels de santé.

Simplement, ce que nous constatons c’est qu’ils ont besoin d’utiliser la télémédecine de manière gérable, efficiente et efficace. En raison d’un nombre de patients de plus en plus important, de l’apparition de déserts médicaux qui rendent difficiles l’accès aux soins, les médecins ont besoin de bons outils pour bien travailler et bien suivre leurs patients.

Quels sont les défis à relever pour les personnes diabétiques afin d’améliorer leur quotidien ?

À notre niveau nous ne sommes pas en mesure de résoudre tous les problèmes mais nous permettons la facilité d’accès à son équipe médicale. L’objectif c’est vraiment de pouvoir poser toutes les questions nécessaires à l’interprétation des résultats.

En réalité, lorsqu'on se retrouve en consultation après plusieurs mois, on oublie souvent ce qu’il faut dire pendant le rendez-vous avec le médecin. L’idée c’est d’obtenir une réponse ultra pertinente en quelques jours. Ce soutien diminue la charge mentale du patient, il sera mieux soigné, mieux équilibré.

Quelles sont vos perspectives pour cette nouvelle année 2021 ?

Le gros sujet reste le remboursement de la télésurveillance par l’Assurance maladie. En 2020, nous l’avons vu, plus de 67.000 nouveaux patients ont pu bénéficier d’un suivi sur myDiabby et ces personnes ont été suivies gratuitement par leur équipe médicale. Deux piliers existent dans ce remboursement. Il y a le remboursement de l'acte de télésurveillance pratiquée par les équipes médicales, et l’amortissement de l’application, la plateforme qui reste un dispositif médical qui peut prétendre à une prise en charge par l’Assurance maladie.

Enfin, nous souhaitons développer une plateforme interopérable et qui permet d’améliorer le parcours de soins entre l’hôpital, le patient, l’infirmière ou l’infirmier à domicile. Il s’agira de permettre aux professionnels de santé de bien suivre leurs patients via l’outil.