Fondée par Patrick Simon (un ex consultant d’Orange), cette start-up rochelaise a su se démarquer dans plusieurs secteurs, notamment celui de la protection des données. Panga participe à la transition énergétique du pays tout en assurant davantage de lien social grâce à une innovation ouverte et durable. Cette jeune pousse s'inscrit dans le plan de relance de l’économie de notre pays, notamment selon une démarche de rénovation des bâtiments et de remise en avant de solutions pour cette inclusion numérique et environnementale. Panga s’engage à apporter des résultats concrets grâce au numérique pour le développement de nos sociétés et une meilleure cohésion du vivre-ensemble.

Afin de développer ce sujet dans le cadre de notre projet Blasting Talks qui donne la parole aux entrepreneurs de demain, Cyril Banos, Président de Panga, a accepté de répondre à nos questions.

Votre start-up est centrée autour d’une architecture locale distribuée et répartie qui valorise les Smart Cities de demain. Quel était votre constat de départ au moment de sa création en 2015 ?

Le constat initial c’est Patrick Simon qui l’a fait. En tant qu’ancien consultant réseau, notamment chez Orange, il a une vision technique de l’infrastructure des données. Ce directeur technique a vu l’arrivée de l’internet des objets et a constaté l’aspect incontournable du Edge Computing, c’est-à-dire le traitement local de la donnée pour distribuer du service.

Aujourd’hui, nous avons un ordinateur personnel sur notre bureau, ainsi qu’un smartphone, disposant tous deux d’un système d’exploitation (ou OS, operating system) qui fait que l’on dispose d’un accès sécurisé à un large éventail d’applications. A l’opposé, dans les bâtiments et dans les villes on commence par reproduire la thématique que l’on a déjà eu dans les centrales téléphoniques.

Concrètement, comment fonctionne cette architecture, et quelles sont vos missions principales ?

Nous faisons travailler ensemble tout un écosystème dans une ville avec des usagers très hétérogènes. En nous intégrant dans une architecture réseau déjà présente, nous nous déployons à l’échelle d’un bâtiment ou d’une ville pour traiter cette multitude d'usages dans les données.

Nous sommes l’intermédiaire, comme on a Android ou iOs sur smartphone et Linux,Windows ou Mac pour les ordinateurs.

Vous proposez votre solution à des bailleurs, des municipalités. Quels sont les critères de sélection pour développer votre réseau de partenaires ?

Notre solution permet de créer de la valeur pour les promoteurs, les bailleurs, pour tous les gestionnaires d’actifs. C’est extrêmement vaste, nous ciblons toutes les structures qui ont de la donnée et qui peuvent créer du service. On peut donc travailler avec une rue, un parc, un jardin, un parking, un centre commercial, un restaurateur, un hôtelier, un bureau... Nous pouvons réduire significativement l’empreinte énergétique et accompagner les usagers dans un comportement plus vertueux et plus durable.

Outre la rapidité et le côté éco-responsable offert par votre architecture réseau, quels sont les autres avantages de Panga ?

Le premier avantage réside dans l’interopérabilité, son évolutivité dans le temps. Nous pouvons nous brancher sans avoir de grands travaux d’architecture ou d’infrastructure à réaliser. Également, nous pouvons cohabiter entre les technologies d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Par exemple, il existe des bâtiments qui ont plus de 30 ans sur lesquels il y a déjà l’outillage pour mesurer la consommation et les performances. Nous pouvons croiser avec eux des données avec des capteurs de dernière génération tels que la 4G, la 5G ou de l’intelligence artificielle. Nous pouvons enfin prévoir les usages de demain ou l’arrivée de la blockchain et de tous ces processus qui vont changer notre quotidien.

Les Smart Cities faisaient partie des programmes de nombreux partis politiques engagés pour les élections municipales de 2020, c’est un enjeu d’avenir selon vous ?

C’est un enjeu d’avenir mais pour cela, il faut créer de la valeur pour les citoyens. Une ville reste un lieu de vie, un lieu de travail. Ce que souhaitent les citoyens c’est vivre davantage dans des villes plus désirables, durables et accessibles. Une ville où l’on va pouvoir être en contact avec un écosystème local qui reste une bulle de vie et de confiance, pour accéder aux services de proximité, aux services numériques et physiques.

Également, il y a une crainte cybernétique ; si l’on prend l’année 2020, il ne se passe pas une semaine sans qu’il n’y ait une cyberattaque majeure en France et dans le monde.

Nous avons des villes de plus d’un million d’habitants qui ont été mises à l’arrêt en France, le groupe Randstad, Bouygues et des hôpitaux ont été attaqués. Panga contribue à répondre à ces menaces avec nos solutions en sécurisant l’infrastructure numérique.

En quoi peut-on dire que votre entreprise participe à la transition énergétique recommandée par le gouvernement, que les experts du GIEC espèrent atteindre d’ici 2030 ?

Nous suivons les recommandations du GIEC, notamment au niveau numérique. Pour implanter une infrastructure il faut une intelligence artificielle de proximité. C’est exactement dans cette philosophie que l’on invente des process pour répondre à des enjeux de l’immédiat. Par exemple, nous ne pouvons pas attendre une demi-heure pour prévoir que l'ascenseur va être en panne dans dix minutes, autrement tout le monde restera bloqué.

De la même façon, sur la transition énergétique et environnementale, nous privilégions le circuit-court pour tout sauf pour le numérique. Avec une solution comme Panga, nous pouvons maîtriser la frugalité des systèmes numériques et ne stocker que ce qui a un usage dans la durée. Pour illustrer ce concept il faut comprendre que pour un bâtiment intelligent, 95% de la donnée dont il a besoin provient du bâtiment lui-même ou de ses usagers. Par conséquent, on n’a pas besoin de s’interfacer avec un ‘data center’ à plusieurs milliers de kilomètres, d’autant plus que son exploitation transporte de la donnée qui comprend un tiers de la consommation énergétique du numérique, donc on a de facto déjà un gain à ce niveau-là.

De la même façon, avec une infrastructure locale et frugale, on n’a plus besoin de refroidir, donc on réduit l’empreinte carbone liée à la climatisation et aux architectures en béton qui protègent les ‘data center’.

De nombreuses entreprises ont été impactées par la crise du Covid-19 et les confinements successifs en France. Comment l’avez-vous vécu ?

Comme beaucoup d’entreprises, cette crise nous a obligé à nous réinventer. Tout d’abord il était difficile d'apprendre à travailler sans se voir car l’innovation c’est avant tout la mise en commun de nos personnalités, de nos connaissances, de nos compétences et d’une vision collective au sein d’une entreprise. C’est épuisant en termes de ressources physiques et morales de travailler sans la motivation de groupe.

Au niveau de notre relation avec le marché, cela nous a permis de nous focaliser sur notre coeur de produit. Initialement nous souhaitions proposer, seuls face au marché, notre solution avec une approche commerciale. Ensuite nous nous sommes rendus compte que nous disposons d’une solution qui permet de faire travailler ensemble un écosystème. C’est à ce moment-là que nous avons débuté une approche partenariale avec Siemens, Bouygues, Orange, Atos, avec des sociétés internationales notamment aux États-Unis et en Lituanie, des petits et des grands acteurs, des start-ups de petite et de grande taille.

Avec Panga, vous promettez un monde connecté interopérable.

Peut-on dire que le digital a été davantage boosté par cette crise sanitaire ?

Il faut effectivement proposer autre chose mais avec un modèle alternatif. Pour ce faire, nous faisons par exemple partie de l’European Champions Alliance pour tout ce qui touche à la Green Tech. Nous cherchons à évaluer l’impact de la technologie. Lorsqu’on crée un bâtiment à énergie positive, sa dimension numérique n’est pas prise en compte car on considère uniquement ce qui se passe à l’intérieur du bâtiment. Alors qu’on sait qu’un ‘data center’ consomme énormément d’énergie : en général, une surface de quelques milliers de mètres carrés consomme autant que la ville de Cherbourg, ce qui est énorme. Aujourd’hui, 5% de la consommation énergétique, c’est du numérique, ce qui a été amplifié par le Covid.

Entre la vidéoconférence et le streaming, nous serons pas loin des 10% d’ici quelques années, alors si on réduit de 10% la consommation énergétique du bâtiment mais qu’on augmente de 10% celle du numérique, on est contre productif. Donc il faut vraiment un modèle alternatif qui assure la transition numérique et environnementale.

Quelles sont vos perspectives pour cette nouvelle année 2021 ?

Nous avons lancé un projet qui a été cofinancé par la fondation MAIF et l’Union européenne : PyGuard. Il s’agit d’un boîtier à installer dans le salon qui permet de gérer et de reprendre le contrôle de nos données personnelles utilisées à travers Internet. Cela fait partie du sociétal et de la gouvernance pour se réapproprier notre vie privée numérique. Également, ce boîtier intervient dans un monde très axé sur le télétravail, afin de sécuriser notre interaction. Il devrait être lancé sur le dernier trimestre de l’année 2021.