La French Tech, en pleine expansion après la crise ? Ce n’est un secret pour personne, les Français ne déméritent pas à ce niveau et nous disposons de plusieurs talents qui font rayonner le pays dans le monde entier. Quand on regarde de plus près, la startup Swile a permis cette année une levée de fonds de plus de 200 millions d’euros. Quand la French Tech a réussi à lever 10 milliards d’euros. Dans la foulée, de nouvelles startups ont pu surfer sur la vague du digital avec des idées pour certaines, très innovantes. C’est le cas d’Odaptos, cofondée à Montpellier par Maximilien Joannides et Felipe Restrepo, deux jeunes entrepreneurs rencontrés sur les bancs de la Sorbonne, qui attirent aujourd’hui les Etats-Unis.
Leur secret ? Une solution capable de détecter les émotions en captant et détectant grâce aux seules expressions d’un utilisateur, par visioconférence. Pour expliquer leur concept innovant et en plein essor, Maximilen Joannides répond à nos questions, dans le cadre de notre projet dédié aux entrepreneurs de demain, Blasting Talks.
De quels constats êtes-vous partis au moment de la création d’Odaptos en 2020 ?
Mon cofondateur et moi-même nous sommes rencontrés durant nos études, à l’Université de la Sorbonne (Paris). Nous étudions dans une formation en master d’expériences utilisateurs. En sortant de l’école, après quelques expériences dans le domaine, notamment chez Station F, nous avons acquis un certain nombre de connaissances et compétences.
Pendant le confinement, nous avons développé un premier . Une aventure qui nous a lancé ensuite dans la création de notre startup.
La start-up montpelliéraine #Odaptos développe un logiciel pour numériser les tests réalisés en cours de développement par les éditeurs de sites web ou d'applications mobiles.(@Midilibre) https://t.co/Zls2UVQkkd #IA #AI #UX #uxtalk #FrenchTechMed pic.twitter.com/kviL3PxJVu
— Christophe GREUET (@ChristophGreuet) December 15, 2021
A qui s’adresse votre solution d’intelligence artificielle ?
Étant donné que de formation, nous sommes designers et webdesigners, nous avons souhaité améliorer la possibilité et la manière dont on pouvait conduire notre propre test utilisateur. Cette solution permet aujourd’hui à des personnes en charge de l’expérience utilisateur sur les produits, sur les services et également aux product managers, en quête de solutions pour leurs équipes.
Grâce à l’intelligence artificielle, cette technologie permet à ces équipes d’automatiser et en optimisant ces tests utilisateurs. En d’autres termes, nous sommes en mesure de récupérer la voix de l’utilisateur, créer une courbe des émotions durant l’entretien. Ce qui permettra aux équipes de recherche de revenir simplement sur les points de section de l’interview afin de trouver des manières d’améliorer des services et des produits sur le web.
Votre ambition première consiste à apporter une plus-value à l’entreprise qui choisira votre expertise ?
Nous pouvons affirmer clairement qu’il existe des méthodologies qui permettent ces fameux tests utilisateurs. Pour ce faire, nous faisons venir des clients et des sociétés en entretien en leur posant des questions pendant 30 minutes à 1h et à la fin de ces entretiens, nous arrivons à un compte-rendu qui met en général deux à trois semaines pour se réaliser.
Après les avoir analysées, de potentielles pistes d’amélioration sont proposées aux équipes. Mais cela nécessite beaucoup de personnel, du recrutement, et c’est un coût : entre 5 et 10.000 euros pour des tests de cinq à dix personnes. Concrètement, avec nos logiciels nous allons pouvoir faire 10 tests en seulement trois ou quatre jours, et obtenir un résultat rapide : seulement 1 heure suffit pour cette opération. Nous réduisons ainsi considérablement les équipes et en améliorant la productivité sur le poste service d’amélioration. Les designers ne sont plus forcés d’être à 4 pour faire la même interview. En d’autres termes, ils pourraient aidés par l’intelligence artificielle.
Qui sont vos clients ?
Aujourd’hui, nos clients vont être des agences digitales, des grands groupes, des start-ups. Nous venons à peine de commercialiser le produit en septembre et nous comptons tout de même trois, quatre clients dont une start-up à Lyon (Mojo) mais aussi aux Etats-Unis.
Pensez-vous à étendre vos missions pour essayer d’entrer sur le terrain du marketing et ainsi prospecter une nouvelle gamme de clientèle ?
Nous visons de façon déportée le secteur du marketing parce que finalement cette aide utilisateur, ces tests entrent complètement dans leurs habitudes. En faisant cela, ils cherchent à améliorer leur retour sur investissement lorsqu’ils effectuent des mises à jour ou qu’ils souhaitent enquêter sur les avis de leurs consommateurs pour devenir meilleurs dans leur domaine.
Vous êtes capables de retranscrire exactement ce que dit une personne lors d’une visioconférence sur la base de mots-clés ? Concrètement, comment fonctionne votre mécanisme ?
Concrètement, nous allons récupérer votre voix que l’on va faire passer dans un algorithme qui va traiter un transcript. Un texte va se créer, il va être découpé en paragraphes. Ensuite, nous analysons ces mots de façon sémantique ou syntaxique pour définir s’il s’agit d’émotions positives ou négatives dans la phrase. Nous sommes aussi en mesure d’analyser les émotions faciales de la personne (la peur, la colère, la joie, la tristesse) en caractérisant ces sentiments au fur et à mesure de l’entretien, afin de les mettre en relation avec le texte par la suite.
Ça se passe à #Montpellier : Odaptos, la start-up qui décrypte les émotions humaines grâce à l'intelligence artificielle
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— France 3 Occitanie (@F3OccitanieLR) December 3, 2021
Parlons télétravail. Au mois de mai dernier, 26% des actifs français ont indiqué avoir télétravaillé de manière régulière. Cela correspond à au moins un jour par semaine (selon une enquête de la DARES, Direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques). Pensez-vous que cette tendance va connaître une croissance ces prochains mois où que l’on se dirige vers un retour “intégral” au bureau ?
Sur ce point, nous sommes très partisans du télétravail car nous avons monté toute notre boîte en digital et nous aimerions continuer à nous développer de cette manière là.
L’objectif étant, en 2023 d’intégrer 13 à 15 salariés. De cette façon là, nous espérons continuer à travailler de façon remote. Par rapport au télétravail en général, on ne peut que constater que de plus en plus d'entreprises le font déjà, cela leur permet de gagner du temps sur leur travail, d’être plus productif tout en étant plus accessible sur leur temps libre.
Aujourd’hui votre ambition semble assez prometteuse avec des investisseurs qui arrivent au fur et à mesure de votre développement dans le monde. Qu’est-ce-qui a tapé dans l'œil de vos investisseurs américains selon vous ?
En ce qui concerne le continent américain, il faut savoir que mon cofondateur est d’origine colombienne et est arrivé en France il y a trois ans seulement : Felipe A la tête d’une agence de développement pendant six ans en Colombie, ce qui fait qu’il maîtrise bien le secteur de l’Amérique du Sud et dispose de nombreux contacts en Amérique du Nord, d’où ce fort ADN sur ce territoire, où l’on essaie de développer nos solutions.
Pendant cette crise du Covid-19, le digital a augmenté de façon exponentielle ? Est-ce-que vous en avez profité ?
Complètement. La crise a été le momentum pour nous et nous a permis de démarrer. C’est un vecteur qui a généraliser les visioconférences, des outils utiles et devenus indispensables au télétravail. Pour toutes ces raisons, on peut affirmer que cela est venu apporter une plus-value pour l’utilisation de notre technologie. Nous nous sommes appuyés sur l’expérience de ces clients de ces travailleurs qui nous permettent de surfer sur cette vague dématérialisée. Également, de nombreux investisseurs, dont l’incubateur du Bic Montpellier nous ont été d’une grande aide.
Ils intègrent le BIC de @Montpellier3m 😃 Bienvenue à : #Airgaïa, #Bricks, #DiappyMed, @FireplaceGames, #Odaptos et @vgcsoftware. Nous les accompagnerons tout au long de leur aventure entrepreneuriale ! #innovation #startup #Montpellier #énergie #immobilier #santé #ICC #numérique pic.twitter.com/QLBsc560IZ
— BIC de Montpellier (@BIC_Montpellier) March 4, 2021
Quelles sont vos perspectives pour cette nouvelle année 2022 ?
Nous sommes en discussion avec deux fonds d’investissementEffectivement, nous demandons 250.000 euros pour la fin d’année afin de faire un effet levier avec la région et la BPI pour obtenir un point de financement pour 2022 et commencer à faire de nouveaux recrutements sur la partie commerciale et développement. A l’heure actuelle, nous avons déjà commencé les fiches de poste. Pour être clair, nous recherchons quatre commerciaux et trois personnes chargées du développement. Enfin, nous participerons au salon CES* de Las Vegas du 5 au 8 janvier 2022 où l’on pourra présenter notre solutions à différents acteurs du monde entier.
*Le salon CES (Consumer Electronics Show) de Las Vegas figure parmi les événements les plus influents dans le secteur de l’innovation technologique dans le monde. (NDLR.)