Au journal de 20 heures sur TF1 le 22 février dernier, Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies, s'est voulu avant-gardiste et avait annoncé en exclusivité que le carburant ne coûtera pas plus de 1,99 euro le litre en France à partir de ce samedi 25 février jusqu’à la fin de l’année 2023, d'abord sur les autoroutes avant d’être étendu à l’ensemble des stations de la compagnie le 1er mars 2023.

Ce plafonnement concernera les carburants Essence et Diesel (Diesel Premier B7, Diesel Premier B10, SP95-E10, SP95-E5 et Superéthanol E85). Il ne concernera pas l’Excellium diesel et Sans plomb 98.

La compagnie affirme vouloir protéger le pouvoir d'achat des automobilistes.

Après avoir accordé l’an dernier des remises à la pompe de 20 puis 10 centimes dans ses points de vente, TotalEnergies annonce donc ce nouveau "geste". Cette fois-ci, pas de ristourne, mais un plafonnement des prix.

Moins de 2 euros le litre garanti, une fausse bonne nouvelle

Concrètement, TotalEnergies ne mettra en place cette mesure que si le cours du pétrole est à la hausse et si le prix du carburant dépassait les 2 euros au litre. Le groupe continue son analyse en indiquant qu'il interviendra dans le cas contraire pour diminuer l’impact d'une flambée éventuelle des prix sur les consommateurs.

Dans les stations les moins chères en France ce vendredi 25 février, le Diesel est repassé sous le Sans Plomb 95 mais stagne toujours aux alentours de 1,80 – 1,90 euro le litre, le prix moyen est de 1,84 euro, moins de 11 centimes qu’il y a un mois, le SP95 (E5) à 1,91 euro et le SP95 (E10) à 1,89 euro.

Il faudrait donc une augmentation importante pour que TotalEnergies commence à subventionner la vente sur ses fonds propres.

Si cela s'avérait être le cas au cours de cette année, il faudrait néanmoins prévoir sur le plan logistique surtout, un risque d'encombrement dans les stations Total avec toutes les conséquences sur la chaîne d’approvisionnement et de distribution que cela pourrait engendrer.

En effet, à l’automne 2022, la remise de 20 centimes à la pompe avait créé un encombrement et de sérieuses perturbations sur les réseaux de TotalEnergies, les stations du groupe représentant un tiers des stations en France.

Une volonté de l’Etat de maîtriser l’inflation

Depuis fin 2022, avec l’expiration de la remise gouvernementale et de celle de TotalEnergies, la compagnie était sous la pression du gouvernement pour une nouvelle faveur aux utilisateurs.

En janvier 2023, Patrick Pouyanné déclarait être ouvert à une nouvelle remise si les prix à la pompe dépassaient les 2 euros. C’est donc cette nouvelle approche qui a été finalement retenue en concertation avec les pouvoirs publics.

L’annonce de ce geste commercial de la part de la compagnie concorde avec la publication de son bénéfice record de l’année 2022. De son côté, l’Etat a également remodelé son aide concernant l'indemnité carburant pour les Français qui n’ont pas d’autre solution que de se rendre au travail en véhicule.

En réalité, TotalEnergies fait "un geste" réclamé par le Président de la République. L'inflation constitue en effet un sujet brûlant pour l’exécutif. Le carburant a été toujours le déclencheur de la spirale inflationniste.

C’est pourquoi, ce mardi 21 février depuis le marché de Rungis, sa première sortie cette année depuis le lancement de la réforme des retraites, Emmanuel Macron a mis un coup de pression sur les les grands producteurs et distributeurs de carburant dont TotalEnergies en les invitant à engager des discussions avec les départements concernés avec comme objectif final de consentir des ristournes au profit des consommateurs.

Visiblement, le groupe a rapidement répondu à l’appel. Olivier Véran qui s'exprimait en direct cette semaine a affirmé que ce plafond annoncé par TotalÉnergies sur le prix des carburants protégeait les automobilistes.

Les résultats d’Engie s’envolent en 2022

En dépit du conflit en Ukraine et de la situation russe, le groupe a réalisé des profits records en 2022. Les conditions du marché, en grande partie dues à l'invasion de l'Ukraine, ont paradoxalement permis au secteur du pétrole et du gaz de très bien fonctionner.

Le chiffre d’affaires du groupe a atteint en 2022, 93,9 milliards d’euros, en hausse de 62,2 % par rapport à 2021. La fourniture d’énergie, notamment de gaz, a de plus contribué à cette performance. A reconnaître par contre qu’au niveau de la rentabilité, le bénéfice net du groupe tombe à 200 millions d’euros, contre 3,7 milliards l’année écoulée. Le groupe déplore 2,8 milliards de pertes de valeurs dues à la situation de ses centrales nucléaires belges, et près d'un milliard perdus dans le gazoduc Nord Stream 2.

De septembre à décembre 2022, les remises à la pompe de 20 puis 10 centimes dans les stations de la compagnie avait coûté 550 millions d'euros.