Sans nul doute, c’est l’une des images que l’on retiendra des manifestations contre la Réforme des retraites en France cette année et principalement sur le recul de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans (avec quarante-deux ou quarante-trois ans de cotisations pour une retraite à taux plein). Les responsables des principaux syndicats suivis des organisations des jeunes défient ensemble le gouvernement d'Elisabeth Borne, déterminé vent debout.

Les oppositions traditionnelles entre toutes ces organisations ont toutes été laissées de côté à la faveur d'une position commune et ...

l’alliance "tient bon" pour l’instant. Les Martinez, Berger, Souillot ... ont pris la tête du mouvement. La CFDT suivi de la CGT et des autres sont tous front uni contre la réforme. La performance réside dans le fait d'avoir su rallier les troupes pour une même cause. Une caractéristique majeure de ce mouvement cette année, considéré comme étant le plus suivi depuis 2010.

“Le report de l’âge légal, c’est la mesure la plus injuste qui soit", "il est normal que les organisations syndicales se mobilisent", a affirmé Laurent Berger. Après les grèves des 19 et 31 janvier, 7 février et 11 février les syndicats et les organisations estudiantines et lycéennes avaient convoqué pour ce jeudi.

C'est ainsi qu'une cinquième journée de grève et de manifestation a été organisée dans de nombreuses villes de France ce 16 février, tandis que les débats "piétinent" à l'Assemblée nationale.

Les chiffres de ce jeudi sont pourtant les plus faibles depuis le début de la mobilisation le 19 janvier. Plusieurs sources syndicales avaient pourtant averti sur cette baisse, alors que des vacances scolaires avaient démarré partout sauf en Île-de-France et en Occitanie.

Les organisations syndicales veulent quand même passer à la vitesse supérieure et s'organisent pour faire durer le bras de fer.

Elles se préparent à partir du 7 mars, après les vacances à un mouvement beaucoup plus large pour peser encore plus dans le débat et essayer de faire plier l'exécutif. La CGT-Cheminots, premier syndicat dans l'entreprise, a aussi prévu une grève reconductible.

Une mobilisation en baisse

La CGT a estimé ce jeudi 1,3 million de manifestants partout en France.

Des chiffres en dessous des 2 millions réalisés lors des précédentes mobilisations. De son côté, le ministère de l'Intérieur a indiqué avoir recensé 440 000 personnes. Ils étaient le samedi dernier, plus de 2,5 millions d'après les organisateurs et 963 000 selon les autorités.

A Paris, 37 000 manifestants pour les autorités contre 93 000 samedi dernier. La CGT, de son côté, estime 300 000 personnes mobilisées à Paris contre 500 000 le 11 février et 400 000 le 7 février.

Les chiffres sont aussi en baisse du côté des grévistes SNCF pour cette dernière journée de contestation. À midi, selon les syndicats, 14 % des salariés s'étaient mis en grève, contre 25 % le 7 février, 36,5 % le 31 janvier et 46,3 % le 19 janvier, première journée du mouvement.

Les numéros un de l'intersyndicale à Albi

"C'est une France mobilisée, c'est un nouveau signal pour le gouvernement, retirez cette réforme. On a un prochain rendez-vous important le 7 et le 8 mars", a lancé Philippe Martinez jeudi 16 février à partir d'Albi .

La mobilisation est forte en province. La ville d'Albi du Tarn dans le sud-ouest est devenue un des points les plus chauds de la contestation et le symbole des petites villes en première ligne. Dans la manifestation d'Alby figuraient entre autres, Philippe Martinez (CGT), Laurent Berger (CFDT) et Frédéric Souillot (FO). A Paris, le cortège des manifestants a pris son départ de la place de la Bastille et s'est dirigé vers la place d'Italie.

Les jeunes ne sont pas en reste, 140 000 ont été dénombrés ce jeudi 16 février sur tout le territoire dont 18.000 à Paris selon l'UNEF. Plusieurs organisations estudiantine et lycéennes, les syndicats étudiants Unef,

Alternative et la Fage, le mouvement lycéen La Voix lycéenne, ou encore l'Union des étudiants communistes, les Jeunes socialistes, les Jeunes insoumis et les Jeunes écologistes, ont également donné le signal dans un communiqué commun à leurs "sympathisants" pour amplifier les mouvements de masse dans les universités, les lycées et "en manif".

LFI, une stratégie d'obstruction largement dénoncée

"Le 7 mars, on bloque tout, tout doit s'arrêter partout", a lancé à Montpellier Jean-Luc Mélenchon.

Le chef de file des Insoumis n'a pas toutefois parlé des fortes turbulences, ces derniers semaines, au sein de son parti.

Les comportements de certains de ses pairs sont pourtant dernièrement bien décriés (écharpe tricolore, ballon à l'effigie du ministre du Travail ...). Ces derniers ont tout de même bien rajouté pour élargir encore plus, pour de nombreuses considérations essentiellement politiques et quelques fois bien personnelles, "le fossé" de leur parti avec leurs alliés de la Nupes (socialistes, écologistes et communistes), et s'isoler carrément comme c'est le cas actuellement au sein de l'hémicycle.

Des députés courtisés

Pendant ce temps, alors que la 5ème journée de mobilisation "battait son plein" ce jeudi 16 juin, la séance publique pour discuter de la réforme des retraites s'est ouverte à l'Assemblée nationale.

Le gouvernement ne disposant pas de la majorité absolue, a multiplié les ajustements à son projet dans l'espoir de "rallier" une majorité de députés sur sa réforme. C'est le cas pour les salariés qui ont commencé à travailler jeunes.

Quoique, malgré les corrections, des failles demeurent toujours et un bon nombre d'entre eux dont la carrière à commencé dès l'âge de 16 à 18 ans sera lésé par des "effets de génération". Il devront cotiser 44 annuités. Une situation d'injustice a martelé unis l'opposition et les syndicats sur la question.

Côté adverse, parallèlement aux manifestations dans la rue et aux perturbations des services publics, l'intersyndicale maintient, politiquement, "la pression" sur les députés.

Elle a adressé un écrit à tous les parlementaires (sauf ceux du Rassemblement national) pour les inciter à refuser le projet et principalement son article 7 relatif au recul de l'âge de départ à la retraite.

Tensions à l'Assemblée, Olivier Dussopt "malmené"

Ce mercredi 15 février, défendant le texte dans des conditions très difficiles, le ministre du travail a précisé que "40 000 personnes de plus chaque année passeront le cap des 85 % du Smic" et que "ceux qui resteront en dessous des 85 % du Smic sont ceux qui ont des carrières incomplètes".

Le ministre s'est également déjà exprimé sur la revalorisation des petites pensions. Il a souligné que sur les 17 millions de retraités, 1,8 million auraient une pension revalorisée avec la réforme dont 900 000 entre 70 et 80 euros par mois et "vous en avez même 125 000 qui vont aller jusqu’au maximum des 100 euros de revalorisation", a déclaré le ministre.

"Cela signifie que nous avons au total 250 000 retraités supplémentaires dans notre pays qui vont franchir le cap des 85 % du Smic parmi les retraités actuels", a-t-il poursuivi.

A l'assemblée, interrogé par un député socialiste, le ministre du travail s’est révélé incapable d’expliquer d’où provenait le chiffre de 40 000 personnes concernées par la retraite à 1 200 euros.

Encore dans l'hémicycle, le député Aurélien Pradié a reproché à Olivier Dussopt de faire des mots croisés en pleins débats sur la réforme.

Le ministre du Travail, qui doit défendre au quotidien la réforme des retraites du gouvernement, passe vraisemblablement de mauvais moments: acculé et caricaturé.

À quelques heures de la fin de l’examen du texte, qui s’achèvera aujourd'hui vendredi 17 Février à minuit à l’Assemblée, certains députés n'ont pas hésité à malmener, néanmoins, un ministre de la République.