L'argent est tabou dans de nombreux sujets, et bien sûr dans le football aussi. Comme votre voisin ou votre tante peut vous le répéter très souvent, les joueurs sont trop payés pour "seulement taper dans un ballon". Peut-être ont-ils raison, ou tort, là n'est pas la question. Le réel problème est de savoir si tout cet argent est réellement bénéfique pour ce sport qui passionne tant de gens. Ces cinq dernières années, de nombreux gros transferts ont pu se faire grâce à de très grandes sommes d'argent déboursées, bouleversant ainsi le marché actuel, faisant de 40 millions d'euros une somme normale pour un joueur pas trop mauvais.

Cependant, les sommes n'excédaient que très peu de fois les 90 millions d'euros, sorte de barrière pour les joueurs extrêmement bons (on vous laisse en juger). Pour ce qui est des clauses libératoires, celles-ci ont toujours été des sortes de sommes dérisoires, et impossibles à régler, afin de pouvoir préserver ses joueurs les plus précieux. Jusqu'à cet été.

Le transfert de Neymar du Barça au PSG a énormément fait parler de lui. Non seulement pour le prestige du joueur qui va ainsi jouer pour un club français, mais surtout pour la somme déboursée pour lui. Le PSG, qui possède des moyens financier conséquents depuis le rachat du club par les Qataris, n'a pas hésité une seule seconde à payer la clause du Brésilien qui était de 222 millions d'euros. Une somme qui paraissait jusque-là impossible à débourser, et qui maintenant prouve que le football n'a plus de limite.

En réalisant cette transaction, le club parisien a ainsi démontré qu'il ne fallait pas forcément avoir du prestige pour s'attacher les services des meilleurs joueurs, mais qu'un simple chèque pouvait faire l'affaire.

Neymar: des conséquences néfastes pour le football

Un tel chamboulement, forcément, ça laisse des traces. Grâce à ce transfert (ou à cause de lui), les clubs qui possèdent les meilleurs joueurs vont tous devoir augmenter la clause libératoire de leur joueur, étant donné que celui-ci pourrait partir pour une signature sur un bout de papier avec beaucoup de zéros.

Isco en est la preuve. En signant sa prolongation pour le Real Madrid, le joueur a accepté d'augmenter sa clause à 700 millions d'euros.

En voyant que le Fair-Play financier ne pouvait pas vraiment inquiéter les clubs qui veulent dépenser énormément sur les marchés des transferts, de nombreux clubs vont donc commencer à vouloir faire exploser leur budget, pour recruter les meilleurs joueurs, qui eux aussi auront augmenté leur clause libératoire.

Il n'est pas fou de penser qu'un transfert à plus d'un milliard d'euros puisse avoir lieu dans les dix prochaines années. Le marché des transferts va engendrer une sorte de mort lente du football, qui ne sera plus qu'une affaire d'argent d'ici quelques années. Les joueurs ne voudront plus rejoindre les clubs les plus prestigieux, mais les plus riches, à l'image des nombreux bons joueurs partis s'exiler en Chine pour des salaires mirobolants.

Le transfert de Neymar a ouvert la porte à la non négociation entre deux clubs, pour laisser place à l'argent, qui ne sera plus que la seule motivation pour les joueurs, si les salaires continuent à évoluer. Si l'argent continue à prendre une place aussi importante, nous n'assisterons plus à des championnats d'équipes, mais des championnats d'entreprises, qui mettront en avant leurs meilleurs éléments fraichement achetés pour des centaines de millions la saison passée.

Comme l'a dit Jurgen Klopp récemment, la clause libératoire ne veut plus rien dire, n'importe quel joueur pourra être acheté par celui qui offrira la plus grosse somme, et, bientôt, Liverpool pourra même s'offrir Lionel Messi (même si on en doute un peu). Si l'UEFA ne réagit pas pour réguler ces sommes beaucoup trop excessives, les clubs ne considéreront plus leurs joueurs comme des vendeurs de rêves pour les passionnés de football, mais plutôt comme des marchandises qui ne servent qu'à enrichir leurs intérêts.