Etre Entraîneur de football professionnel en France n'est pas donné à tout le monde. L'accès aux fameux diplômes est déjà une mission de longue durée qui nécessite des prérequis drastiques. Le parcours pour y arriver est souvent digne de Kho Lanta, où ce n'est pas toujours le plus compétent qui finit sur les poteaux. Ensuite, le sésame ultime n'est pas non plus synonyme de contrat. De nombreux entraîneurs, diplômés ou non, sont, ainsi, à la recherche de postes (aux alentours de 200 recensés, sans parler de ceux qui, ayant déjà fait leurs preuves, souhaitent être discrets)...
Enfin, la précarité du poste fait que ce métier convoité n'est pas de tout repos.
Pour la plupart, la solution passe par l'expatriation... A l'instar de Claude Leroy, ou d'Hervé Renard, le dernier sorcier blanc qui vient de qualifier le Maroc pour la prochaine coupe du monde, nous avons rencontré l'un d'entre eux, Alex Jurain, qui a bien voulu nous accorder son témoignage.
Alex Jurain, en poste au stade Migovéen (Division 1) au Gabon
Alors Alex, pourquoi être venu travailler jusqu'ici, au Gabon, si loin de la France?
"La passion de l'Afrique ! J'étais en poste en France, après une première expérience au Gabon, mais comme je veux évoluer et entraîner un jour pour le haut niveau, l'Afrique est toujours une formidable opportunité pour progresser à vitesse grand V.
Cette expérience en Afrique, de deux ou trois ans (Gabon, Maroc puis encore au Gabon) correspond à une expérience d'une dizaine d'années en France. Ici, je suis amené à gérer le sportif, bien entendu, c'est ma mission principale, que je fais, de facto, à l'ancienne, car peu de moyens, pas d'adjoint pour ci, pour ça, pas d'entraîneur de gardien...etc...
Mais, en plus, je fais aussi beaucoup d'autres choses que mes collègues français ne font pas en France. Je participe à des missions transversales, à savoir, la mise en oeuvre des structures, l'éducation des jeunes et des joueurs eux mêmes, la gestion du quotidien ou certains n'ont même pas le juste nécessaire... Je dois trouver des solutions à des problèmes basiques que je n'imaginais ne jamais pouvoir exister...
Humainement, c'est passionnant et très enrichissant même si c'est très prenant... Tout n'est pas à faire ex nihilo mais presque. Je ne regrette pas car je sais maintenant ce que c'est que d'être dans des situations difficiles... je m'en servirais à coup sur dans ma carrière... Et comme en France, c'est plutôt bouché, l'expatriation est une solution pour ceux qui veulent y arriver.... La formation Française est très réputée à l'étranger, je l'ai constatée, et cela nous permet de travailler malgré la concurrence étrangère de plus en plus agressive. La Chine, par exemple, ouvre de grandes perspectives pour mes collègues en recherche de postes... Ce sera peut être ma future destination, qui sait ?
Cette gestion sportive, et aussi, extra-sportive du club, de son contexte, de l'environnement, est une chance incroyable pour moi, et je souhaite à tout entraîneur de football, mais aussi à tout être humain, de la vivre car une expérience de ce genre vous fait tellement grandir..."
Merci Alex pour ce témoignage et bonne réussite pour la suite !