C'est la dernière marotte de certains clubs européens : créer une Super Ligue, calquée sur le modèle de la NBA. À la tête de ce sursaut révolutionnaire, on retrouve les présidents de la Juventus de Turin, Andrea Agnelli, et du Bayern Munich, Karl-Heinz Rummenigge. L'Allemand est également le patron de l'Association Européenne des Clubs (ECA). C'est précisément au cours d'une réunion de cet organisme que l'idée d'une Super Ligue, maintes fois évoquée depuis 17 ans, a refait surface. On peut s'interroger sur les motivations de ces grands clubs, surtout quand la Ligue des Champions leur garantit une visibilité médiatique et une assise sportive avantageuse !
Une super ligue européenne, sportivement ça serait hyper excitant... Mais quelle connexion avec les championnats nationaux ?
— Victor Lefaucheux (@Premieretouche) 13 janvier 2016
NBA européenne : de forts enjeux économiques
Cette Super Ligue européenne façon NBA présente toutefois un intérêt majeur : le tarif des droits de retransmission serait extrêmement intéressant. Aux États-Unis, le championnat de basket-ball rapporte 2,1 millions d'euros par an (soit 2,5 millions de dollars), tandis que le Royaume-Uni a acquis les droits de la Premier League pour 2,3 millions d'euros (près de 2,04 millions de livres). En revanche, sur le plan sportif, l'intérêt du sport Football risque de s'en retrouver sérieusement amoindri. S'il se dit "conservateur" à l'égard du principe des ligues ouvertes qui régissent le foot en Europe, Daniel Riolo craint que la mise en place d'une Super Ligue européenne soit inéluctable.
"Pour l'instant, l'UEFA résiste. Je sais que certains clubs sont titillés par cette idée, mais ce n'est pas encore à l'ordre du jour. Par contre, j'ai l'impression que c'est un truc inévitable", a lâché le consultant de RMC, sur Basket Session.
"Hors de question" pour l'UEFA
Face à l'opulence croissante de la Chine (qui a attiré des joueurs de renom, tels que Gervinho, Lavezzi et Oscar), la domination territoriale des clubs anglais sur le marché économique et l'opulence du PSG, l'Europe du foot a besoin d'homogénéité.
Problème : cette idée fait controverse. À Dortmund, mais également à la tête de l'UEFA. Le président de l'instance, Alexander Ceferin, refuse catégoriquement de voir ce projet de Super Ligue européenne comme un modèle sportif et économique pour le Vieux Continent. "Pour l'UEFA, c'est hors de question. Le rêve d'une qualification pour la Ligue des Champions ou la Ligue Europa doit rester possible pour tous.
Je suis convaincu que les clubs sont aussi de mon avis", a tranché le Slovène en février dernier, lors d'une conférence de presse organisée à la Fédération italienne. Avant d'asséner : "Si vous entendez quelqu'un parler de cette idée, demandez-vous s'il s'agit de quelqu'un qui peut vraiment décider de ces choses".
No wondering what Dortmund fans think of the Euro Super League idea #thfc pic.twitter.com/lZTdaQS0Ho
— Tom Allnutt (@tomallnuttPA) 17 mars 2016
La Super Ligue, inadéquate pour l'Europe
À son échelle, Ceferin la joue aussi conservateur. Et il y a matière ! Le projet de Super Ligue européenne a ses vertus, mais il est techniquement inadéquat pour le foot en Europe, car il nécessiterait une réforme en profondeur du foot européen, de la formation aux salaires des joueurs en passant par une solide remise en question de la libre circulation des joueurs (arrêt Bosman). Impensable ! Au grand dam de Karl-Heinz Rummenigge, la Super Ligue restera un doux rêve encore quelques temps. Au moins jusqu'à la fin du mandat d'Alexander Ceferin à la tête de l'UEFA.