Kiev, Samedi 26 Mai. A quelques secondes de la fin du temps additionnel décrété par l’arbitre, Cristiano Ronaldo s’élance vers le but du malheureux Karius pour sceller définitivement la victoire du Real Madrid en inscrivant un 4ème but, quand apparaît soudain sur la pelouse un spectateur cherchant son moment de gloire stoppant net la chevauchée du Portugais. Le spectateur est arrêté par la sécurité de l’Olympinski, et l’arbitre siffle la fin de la rencontre. La liesse s’empare du peuple madrilène qui laisse éclater sa joie après une finale atypique qui a définitivement fait entrer une génération de joueurs dans la légende du football mondial. Tout le monde sourit, s’embrasse, se réjouit… Tout le monde ou presque, car Ronaldo ne semble pas être dans son assiette.

Bien qu’ayant remporté sa cinquième Ligue des Champions (sa troisième consécutive) faisant de lui le joueur le plus titré de l’histoire de la compétition, bien qu’ayant fini meilleur buteur de la compétition pour la septième fois de sa carrière et étant le meilleur buteur historique de la compétition, et bien qu’étant considéré l’idole absolu du club le plus titré d’Europe, Cristiano Ronaldo n’était pas satisfait. Car ce que veut Ronaldo, c’est être la star. La star toujours, partout, avec tout le monde. Et cette soirée ne fût pas la sienne. Contrairement aux trois dernières finales rempotées par son club, il eut un rôle secondaire. Pire, Gareth Bale, qui au coup d’envoi semblait être condamné à quitter le club par la petite porte, réussit un formidable come-back en inscrivant deux buts, dont un retourné acrobatique légendaire, offrant le titre au Real et décrochant au passage le Man of the Match de la finale.

Le splendide retournée de Ronaldo face à la Juventus en quart passa immédiatement du grade de but de la compétition à joli coup de ciseau. Et pour le portugais, il n’en fallait pas plus pour déclencher une crise.

A Madrid, rien de nouveau

Alors que les employés Ukrainiens s’activaient à mettre en place la scène pour la remise du trophée et que les journalistes cherchaient tous une réaction de l’un des acteurs de la rencontre, Ronaldo cherchait lui un exutoire pour déverser sa frustration, et par la même occasion redevenir le centre d’attention.

Et au premier micro tendu vers lui, il y arriva. A une question rhétorique posée par un journaliste espagnol à propos de son sentiment après cette victoire, le portugais déclara « Ce fut agréable d’être à Madrid et dans les prochains jours, je donnerai une réponse aux fans, qui sont toujours à mes côtés. On verra ce qui se passera dans les prochains jours ».

Même le journaliste, qui ne s’attendait aucunement au scoop de l’année mais plutôt à des mots de circonstances dans ce genre de victoire, fût prit au dépourvu. Croyant avoir mal comprit, il insista auprès du portugais qui lui confirma ses dires, mais aussi à un deuxième média présent sur la pelouse.

Et il n’en fallait pas plus pour provoquer une véritable bombe médiatique qui par moment plaça la victoire du Real Madrid en arrière-plan. Bien que rectifiant légèrement ses propos en zone mixte après un passage par les vestiaires ou Sergio Ramos s’est empressé de lui faire comprendre que ses déclarations n’étaient pas opportunes, le tourbillon médiatique était lancé et Cristiano commençait à se sentir mieux.

Car au-delà des victoires de son équipe et de la joie de millions de fan, ce qui comble le natif de Madère et d’être au centre de l’attention. Et en lâchant cette bombe, il le devint. Ce n’est pas la première fois que le portugais agit de la sorte dans des moments ou nul ne laissait présager une diatribe Narcissique de sa part, en faisant parfois part de sa ‘tristesse’, ou qu’il était envié car il était ‘riche et beau’. Mais contrairement aux autres fois, un homme fût particulièrement touché par sa déclaration : Florentino Perez. Le président madrilène n’appréciât guère la petite scène du portugais, et d’un ton inhabituellement froid et ferme déclarait avant de quitter la capitale Ukrainienne qu’il n’y avait pas de débat car Ronaldo est sous contrat avec le Real Madrid.’

Je t’aime, moi non plus

Une fois à Madrid, un Ronaldo plus apaisé et à l’aise se mit en scène.

Son objectif d’être le centre d’attention atteint, le portugais chercha à faire le plein d’amour de la part de ses coéquipiers et supporters. Et il le réussit ! Durant toutes les célébrations, le ‘Cristiano Quedate’ remplaça les autres chants victorieux des merengues et s’imposa comme la bande annonce officielle de la Decimotercera. Il relégua même Gareth Bale, véritable héros du match, au rôle de simple spectateur de ce film nauséabond. Le Gallois parût durant toutes les célébrations en retrait, car il semblait se rendre à l’évidence qu’il ne pouvait rivaliser face au pouvoir médiatique du Portugais, même en offrant une Ligue des Champions sur un plateau d’argent au club.

Aujourd’hui, le portugais a pris la route pour une semaine de congés mérité après une longue saison en perspective de la Coupe du Monde, mais il a laissé derrière lui un véritable chaos que devra gérer Florentino Perez.

Et en voyant l’attitude de Ronaldo durant son discours à la mairie, ou il multiplia les gestes dépréciatifs à son égard, l’animosité semble être le maître mot du portugais vis-à-vis de son président. Néanmoins, nul ne doit oublier l’aura du PDG d’ACS, président du club depuis le début du siècle (hormis une parenthèse de 4 ans) et jouissant d’une grande popularité auprès du peuple Merengue. De plus, et bien qu’ayant reçu quasi exclusivement des signes positifs de son public après sa déclaration, une partie des supporters et de la presse ne semble pas être à l’aise avec ce genre d’attitude, cherchant à toujours faire passer ses intérêts personnels avant ceux du club.

Qu’il s’agisse d’une question financière (son salaire est inférieur à celui de Messi et Neymar), fiscale (Ronaldo est plongé dans un litige avec le fisc espagnol depuis 2 ans) ou de statut (rumeurs persistantes d’un nouveau crack au Real durant l’été), le Portugais, ou plutôt le Narcisse qui vit en lui, a ouvert la boîte de Pandore pour la énième fois depuis qu’il est au club.

Mais face à un Florentino Perez de moins en moins réceptif à ce genre de posture, saura-t-il la refermé ? Pour le moment les spéculations vont bon train, et pour ne rien arranger l’image de Ronaldo n’est pas présente sur les affiches de présentation de la tenue de l’équipe pour la prochaine saison, contrairement aux autres années. Un été long s’annonce du côté Paseo de La Castellana.