Le dimanche 6 mai, l'A.S. Benfeld se déplaçait à Mackenheim, alors troisième du championnat de 3ème division Grand-Est, pour disputer le match de la 16e journée.

Les deux équipes s'étaient déjà rencontrées le 30 octobre 2017 pour la 7e journée de championnat : le match s'était déroulé sans accroc et avait été remporté par Mackenheim par 4 buts à 2. Pourtant, l'une des victimes des agressions du 6 mai avait joué l'intégralité de la rencontre en octobre : Moudi Laouali.

Insultes et coups

L'A.S. Benfeld compte quatre joueurs noirs dans son effectif dont trois qui ont été agressés dimanche.

La rencontre a été placée sous le signe de la tension. En effet, dès l'arrivée des joueurs, des insultes racistes ont fusé depuis les gradins, s'en prenant exclusivement aux joueurs d'origine africaine de l'équipe visiteuse. Parmi elles, on a notamment entendu "sale nègre" et “retourne dans la brousse d’où tu viens”, des injures particulièrement agressives.

Peu de temps avant la mi-temps, l'A.S. Mackenheim menait 1-0 et l'arbitre venait de siffler une faute sur Moudi Laouali. Dès cet instant, spectateurs et joueurs de l'équipe locale se sont rués vers les joueurs de Benfeld pour les frapper. Certains d'entre eux étaient même armés, rapportent témoins et victimes. "J’ai juste le temps de voir quelqu’un arriver avec un couteau avant de m’évanouir", raconte Kerfalla Sissoko, l'une des trois cibles des Mackenheimois, à Rue89Strasbourg.

Jean-Michel Dietrich, président de l'A.S. Benfeld, raconte qu'il a "vu des gens sortir des couteaux". Il rajoute : "Quand on vient à un match avec un couteau, c’est pas pour jouer au foot !". L'arbitre du match, Antoine Letournelle, a arrêté le match après une distribution de cartons rouges inutiles.

Les gendarmes et les secours sont arrivés dans le quart d'heure suivant.

Kerfalla Sissoko a été conduit de toute urgence à l'hôpital de Sélestat. Résultat des courses : fractures de la mâchoire et des côtes et arrêt de travail d'une semaine prolongeable. Ses deux autres coéquipiers blessés souffrent de traumatismes plus légers, Loïc Huinan s'en sortant avec la lèvre coupée et Moudi Laouali avec quelques contusions.

Que peut-on attendre comme suite ?

Malgré la campagne intitulée Say no to racism, lancée par la FIFA et soutenue par nombre de grands joueurs (Cristiano Ronaldo, Lionel Messi, etc.), le racisme gagne de plus en plus de terrain dans le monde du Football. Le 27 avril 2014, le Barcelonais Dani Alves se voyait lancer une banane par un supporter de Villareal. Cet acte, condamné par les deux clubs et les autorités espagnoles, ont conduit à l'arrestation pour racisme du supporter. Le joueur italien Mario Balotelli est une cible privilégiée par les supporters racistes (injures à Turin, Porto, Rome, etc.).

Pour prévenir ce genre d'incidents, la FIFA annonce en 2013 les sanctions qu'elle prévoie à l'encontre des comportements racistes.

Les sanctions sont graduelles, distinguées entre première infraction et récidive. Elles vont de l'avertissement à l'interdiction de stade et envisagent la relégation et l'exclusion.

Dans l'affaire du match Mackenheim-Benfeld, les agresseurs seront poursuivis au pénal et devront également s'attendre à une sanction de la part de la FFF. Mackenheim écopera très sûrement d'un avertissement, d'une amende (lourde sanction pour un club de troisième division au budget restreint) et d'un huis-clos pour ses prochains matchs. Il est même envisageable que, premier de son championnat aujourd'hui, il voit la FFF prononcer son exclusion de la compétition.