Voilà déjà 5 ans qu’Anthony Mason nous a quittés des suites d’un malaise cardiaque. Cette légende de la NBA était un monstre physique doté d'un touché de velours. Petite séquence nostalgie pour les plus anciens, ou cours de rattrapage pour les plus jeunes fans de la NBA actuelle. Voici le parcours de ce joueur emblématique des New York Knicks des années 90, ceux qui inspiraient de la crainte à toute la ligue et que Mason incarnait avec passion et détermination. Retour sur la carrière de cette idole du Madison Square Garden, véritable héros besogneux en col bleu comme la Big Apple les aime tant, un joueur qui fut aussi atypique que charismatique !
Pas prédestiné à être une légende NBA
Né le 14 décembre 1966, Anthony George Douglas Mason fait ses premières armes en tant que basketteur dans son lycée de Springfield Gardens High School à New York, avec l’équipe des Eagles. Durant cette période, le jeune « Mase » (son surnom) se frotte également au basket de rue sur les playgrounds new-yorkais, réputés comme les meilleurs du monde, et se forge une solide réputation de joueur dur, au mental solide. Il quitte le lycée et New-York en 1985 pour intégrer l’université de Tennessee State et leur équipe de basketball, les Tigers. Progressant chaque saison pendant 4 ans, il termine sa dernière saison chez les Tigers à près de 28 points de moyenne par match.
Il se présente alors à la Draft NBA de 1988 et est sélectionné au 3e tour par les Portland Trail Blazers, en 53e position. Néanmoins, il subit une grosse désillusion en n’étant pas retenu dans l’effectif des Blazers et est donc coupé avant le début de la saison. Cet échec va renforcer son caractère et sa détermination à réussir une carrière au sein de la NBA.
Pour y parvenir, Anthony Mason décide alors de jouer, peu importe le championnat, et de progresser. Il entame donc la saison 1988-1989 dans le championnat turc, réputé pour son ambiance électrique ainsi que pour son jeu physique, et signe pour l’équipe de l’Efes Pilsen Istanbul. Il enchaine ensuite une pige au Marinos de Oriente dans le championnat vénézuélien.
En 1989, il fait ses débuts en NBA en jouant pour les New Jersey Nets, mais il ne brille pas vraiment à cause d’un temps de jeu très limité. La saison suivante, en 1990, il signe aux Nuggets de Denver et ne prend part qu’à 3 petits matchs. Certains joueurs auraient renoncé ou perdu espoir, mais Mason s’accroche. Il croit en ses capacités et tape dans l’œil des New York Knicks qui sont à la recherche de joueurs rugueux et physiques, ce qui correspond tout à fait à « Mase ». Est-ce enfin la bonne opportunité ?
Une légende de la NBA pour coach et mentor
Après 2 premières années très compliquées avec des expériences dans des championnats étrangers et un temps de jeu très réduit en NBA, la carrière de Mason prend un tournant décisif en 1991 avec sa signature aux Knicks de New York, sa ville de cœur.
Ses débuts professionnels difficiles ont contribué à renforcer son mental et ses expériences à l’étranger lui ont permis de faire progresser son jeu. Pat Riley, le coach des Knicks, va croire en lui et le façonner au fur et à mesure des saisons. Pat Riley, légende de la NBA et coach mythique des Lakers version « showtime » des années 80 a un tout autre plan de jeu pour l’équipe de la Big Apple. Anthony Mason se révèle être un des éléments majeurs de l’équipe tant redoutée des années 90, avec Pat Ewing, Charles Oakley, John Starks ou encore Charles Smith. Cette équipe est une légende de la NBA : défensive, physique et dure au mal, elle est parfaitement incarnée par Mase qui devient rapidement un joueur adulé par le public du Garden. Mason gagne ses galons de défenseur lors de duels épiques contre Michael Jordan et ses Bulls au cours des playoffs de 1992 et 1993, ainsi que pendant les finales NBA 1994 où il se distingue par des séquences défensives impressionnantes contre Hakeem Olajuwon, à qui il rend pourtant presque 10 centimètres.
Car oui, malgré ses « seulement » 2 m 01 pour 115 kg, Mason est un vrai joueur de basket, polyvalent et dévoué au collectif. Impressionnant par sa musculature, il n’en demeure pas moins capable de défendre sur plusieurs postes, de monter le ballon, de passer, prendre des rebonds. Il possède un touché très fiable pour finir ses actions près du cercle. Élu meilleur sixième homme à l’issue de la saison 1994-95, sa carrière prend un nouveau tournant avec l’arrivée de Don Nelson comme coach au début de la saison 1995-96. En effet, ce dernier lui accorde une pleine confiance et crée pour lui un poste inédit à cette époque, celui de « point-forward ». Mason réalise alors une saison pleine : il marque près de 15 points par match et bat le record de minutes jouées sur une saison pour un Knick (3457 minutes, soit le plus gros total pour un joueur NBA cette saison-là).
La belle aventure aux Knicks prend fin à l’aube de la saison 1996-1997, Mason est transféré aux Hornets de Charlotte en échange de Larry Johnson. Si l’expérience était moins brillante collectivement parlant, Mason réussirait ses plus belles saisons statistiques au cours des 4 années qu’il passera à Charlotte. Lors de sa première saison en Caroline du Nord, il compile 16 points, 11 rebonds et 6 passes décisives par match, et est retenu dans la All NBA Third Team ainsi que dans la All Defensive Second Team. Mase est alors un joueur référencé et reconnu, autant respecté que craint par ses adversaires pour sa dureté, son talent et son engagement.
Que retiendra-t-on de cette légende NBA ?
À l’orée de la saison 2000-2001, Anthony Mason s’engage avec le Heat de Miami pour une saison.
Il y décroche la seule sélection All-Star de sa carrière avant de rejoindre les Bucks de Milwaukee pour 2 dernières saisons beaucoup moins savoureuses.
Quand on pense à Anthony Mason, on visualise forcément ce colosse avec un uniforme des Knicks sur le dos, en train de lutter au poste ou de défendre férocement contre Michael Jordan ou une autre star de l’époque. C’est de ce Mason là dont on se souvient, et c’est ce joueur si rare, combinaison unique de force au sol et de skills qui restera dans la légende du basket. Il aura ouvert la voie à des joueurs au gros physique pouvant remonter le ballon comme des meneurs, les point-forward. Véritable idole du Madison Square Garden, même après son départ des Knicks, il laisse l’empreinte d’un joueur aussi talentueux que charismatique (ses coiffures en forme de messages écrits dans ses cheveux étaient sa marque de fabrique), avec un cœur énorme sur le terrain.
Ce cœur énorme qui ne lui aura finalement fait défaut qu’une seule fois, un jour de février 2015, provoquant malheureusement une crise cardiaque fatale. Les hommages pleuvent à l’annonce de son décès. La ville de New York et ses Knicks pleure, la communauté du basket honore cette légende de la NBA, joueur si atypique, mais c’est bien Pat Riley qui illustre le mieux ce qu’a pu représenter Mase. Ce coach mythique qui a eu sous ses ordres des joueurs comme Magic Johnson, Kareem Abdul-Jabbar, Pat Ewing ou encore Shaquille O’Neal, dira de Mason lors d’un hommage : « Il reste l’un des meilleurs joueurs que j’ai coachés dans ma vie. Il avait quelque chose de spécial, d’unique, que peu de joueurs ont.
Il voulait gagner et se démarquer des autres. Beaucoup disent que Pat a fait Mase. Non, Mase m’a fait. De tous les joueurs qui ont fait mon succès, il en est une grande partie. ». Venant de l’un des entraineurs ayant connu le plus de succès, ce compliment vaut tout l’or du monde. Un de ses anciens coéquipiers aux Knicks, John Starks, rattache Mase à la Big Apple pour conclure cet hommage : « Il représentait tellement bien New York. Il venait des playgrounds et s’est fait tout seul. Personne ne pouvait imaginer qu’il aurait cette carrière. Il va nous manquer. ». Mason n’a jamais remporté le titre NBA, mais il a su écrire sa légende et laisser une marque indélébile dans la ligue. Entré par la petite porte en NBA, il en est ressorti en ayant gagné le respect de tous, pratiquant un jeu unique pour un joueur de son gabarit, combinaison de force et de finesse.
La « gueule » et les coiffures mythiques de cette légende de la NBA resteront pour toujours dans la mémoire des fans de basket des années 90, à New York comme ailleurs.
Comme on le dit si bien à New York, « once a Knick, always a Knick » (Knick un jour, Knick pour toujours), alors repose en paix l’artiste !