Sept secondes : il suffit parfois d’un si court laps de temps pour prendre une décision, contempler un tableau, remarquer une présence, freiner sa vitesse, regarder la mort en face. Cette énumération reprend le réquisitoire du personnage de K.J Harper (Clare-Hope Ashitey) lors du dernier épisode de la saison, mais nous n’en dirons pas plus sur ce moment où nous comprenons enfin le titre de la série…

Nous sommes à Jersey City, à l’époque actuelle. Alors que le paysage américain est enneigé, Peter Jablonski (Beau Knapp) est au volant de son pick-up bleu, le téléphone à l’oreille, en pleine conversation avec un ami.

Par manque d’attention, Jablonski percute un jeune cycliste. Il appelle aussitôt ses équipiers, membres reconnus de la brigade criminelle de la ville. Le meneur du quatuor répondant au nom de DiAngelo (David Lyons) décide rapidement (peut-être en sept secondes…) de ne pas signaler l’incident. Latrice Butler (Regina King), la mère de la victime abandonnée dans le parc, apparaît ensuite sur son lieu de travail. Nous rencontrons alors, K.J Harper, citée ci-dessus, assistante du procureur, dont nous saisissons d’emblée tant la complexité provoquée par son alcoolisme ainsi que son passé. D’autres personnages vont venir étoffer ces premières personnalités passionnantes au fil de l’histoire, rythmée à la fois par l’enquête, les rebondissements et enfin, le procès tant espéré.

La justice remise en question dans Seven Seconds

Le système judiciaire est né du besoin d’un jugement neutre entre des parties en désaccord. Lorsque deux entités ne peuvent arranger leur différent, elles font appel à juge neutre, objectif. Ressentons-nous toujours la justice comme une extension de nous-mêmes ? Le caractère objectif d’un jury n’est-il pas à double tranchant ?

Aristote le soulevait déjà à son époque : les lois ne peuvent englober tous les cas de figure : l’équité est indispensable afin d’adapter la justice à chaque situation. Il vous est peut-être arrivé d’éprouver un sentiment d’injustice, d’impuissance face à une série, un film. Il est plus que probable que Seven Seconds crée ces émotions lors de votre visionnage.

Les épisodes incorporent également l’importance des médias et de l’opinion publique, renforçant encore davantage notre impression de suivre une affaire réelle. Nous nous poserions exactement les mêmes questions.

Les perspectives abordées : richesse des points de vue

Vous pourriez penser que le thème des crimes raciaux a été traité à de nombreuses reprises et vous auriez raison. Toutefois, à maintes occasions, Seven Seconds apporte un relief indéniable aux personnages, aux comportements humains en groupe. A notre sens, l’exemple le plus illustrateur de cette faculté humaine à se conformer à des attentes sociales, n’est autre que le personnage de Jablonski. Ce dernier témoigne dès le départ d’une profonde culpabilité et un désir de se rendre à la police.

Cependant, sous la pression de ses coéquipiers devenus ses complices, Jablonski n’en fera rien et va même surprendre son entourage en se révélant tel un raciste en puissance.

Autrement dit, Jablonski va montrer comment un individu est capable de changer radicalement de vision par conformisme. Ceci n’est pas sans rappeler une vidéo également disponible sur la plateforme qui traite de ce sujet épineux : The Push. La nature humaine est aussi disséquée avec les personnages de DiAngelo et ses deux compères, les parents de la victime, K.J Harper. Seven Seconds offre donc une riche perspective sur les caractères et les agissements de personnes angoissées à la fois par les remords, la peur, la recherche de la vérité, la société… à déguster sans modération sur Netflix.