Je ne suis pas un homme facile…Alors qu’est-ce que ça fait ?

Damien (Vincent Elbaz) est un homme à Femmes, un Don Juan comme on dit, hétérosexuel, blanc et appartenant à une catégorie professionnelle plutôt aisée. Damien ne souhaite pas s’engager et préfère collectionner les conquêtes, contrairement à son meilleur ami : Christophe (Pierre Bénézit), marié et papa. Damien et Christophe se retrouvent dans une librairie à l’occasion d’une séance de dédicaces du dernier livre de Christophe.

Damien fait alors la rencontre d’Alexandra (Marie-Sophie Ferdane) qui refoule ses avances.

Peu après, les deux amis sont dans la rue et tandis que Damien reluque des jeunes femmes, il heurte un panneau et s’évanouie. A son réveil, il ne s’aperçoit pas immédiatement qu’il est dorénavant dans un monde où les rôles de genre sont inversés, autrement dit : dans une société non plus patriarcale mais matriarcale dans laquelle les femmes ont toujours eu un rapport de domination sur les hommes…

Une bonne surprise et ça fait du bien !

Nous avions des doutes avant de regarder le film, de peur que celui-ci soit « ridicule » et aggrave, minimise les combats actuels effectués quotidiennement par et pour les femmes : sécurité, liberté, droit, égalité. Cependant, Je ne suis pas un homme facile, est une réelle bonne surprise puisqu’il met en scène un grand nombre d’exemples de misogynie, sexisme ordinaire que nous avons souvent tendance à omettre tel que le Sexisme au travail.

Ces situations, par le prisme du film, nous apparaissent comme fous, presque caricaturaux puisque c’est le personnage principal, Damien, un homme, qui en est la première victime.

Et c’est pourtant bien réaliste…

Harcèlement sexuel et de rue: tentative de faveurs sexuelles au travail par la supérieur de Damien, ce dernier est également sifflé, importuné dans la rue, forme de harcèlement étudié et combattu aujourd'hui.

Le personnage est également malmené dans un bar par un groupe de femmes ivres dont l’une va aller jusqu'à des attouchements et lâcher le banal : « mais si tu aimes ».

Les femmes font des métiers d’hommes : très rapidement, nous pouvons voir des femmes pompières, éboueuses. Plus tard dans le film, une personne déclare à Damien que les femmes sont naturellement plus fortes que les hommes.

Incroyable, non ? Pourtant, nous entendons chaque jour l’idée inverse sans rechigner.

La quête de la beauté physique, le devoir de plaire : ce sont les hommes qui doivent s’épiler, montrer leurs jambes, porter du vernis, mettre des push-up tandis que ce sont les femmes qui illustrent la virilité.

La parité au travail : lorsque Damien arrive dans les locaux de son travail, il demande à la patronne (qui était secrétaire dans l’autre dimension) « ils sont où les hommes ? », question à laquelle la cheffe répond : « écoute on fait ce qu’on peut ». Cela sonne étrangement, non ? C’est malheureusement bien courant dans notre société.

Islamophobie : la propriétaire d’un bar refuse de servir des hommes voilés

Injonction à la procréation : Damien, célibataire, est dans cette nouvelle société, constamment ramené à sa condition : il est seul, il n’a pas d’enfants.

Ces proches remettent même en doute sa santé et le poussent à rencontrer quelqu’un et à fonder une famille. Nous avons comme une impression de « déjà entendu »…

Les boissons fortes sont également réservées aux femmes plutôt qu’aux hommes, les bijoux, la sensibilité, la vénalité, les groupes « masculistes » qui militent pour les droits des hommes. Nous n’avons précisé que les exemples frappants mais le film regorge d’une richesse de petites subtilités afin de rendre le scénario encore plus crédible et de montrer ce que la plupart des femmes vit au quotidien.

Je ne suis pas un homme facile est donc une jolie réalisation qui vaut le détour et cela fait plaisir : un grand merci à Eléonore Pourriat et son équipe.