Le réalisateur James Wan a une carrière particulière et intéressante. Auteur et réalisateur d'un premier film d'horreur malsain, Saw, dont le succès engendrera la mise en place d'une petite dizaine de suites, le metteur en scène s'est par la suite fait discret avec deux films peu connus (Dead Silence et Dead Sentence). C'est avec Insidious et sa suite qu'il revient sur le devant de la scène en terrifiant des millions de spectateurs, mais la consécration arrive avec Conjuring - Les dossiers Warren (et sa suite, dans de moindres mesures) qui connaît un succès conséquent dans le monde entier.

Le film inspiré d'histoires vraies place définitivement James Wan comme prodige de l'horreur. Le réalisateur s'en extirpera le temps du tournage, mouvementé, de Fast and Furious 7 et effectue un nouvel écart avec cet Aquaman, qui a la loure tâche de faire oublier l'échec de Justice League, co-réalisé par Zack Snyder et Joss Whedon.

200 millions de dollars de budget

Armé d'un budget très confortable, James Wan a sans doute décidé de pousser le curseur de la surenchère très loin et se fait plaisir : décors gargantuesques, mouvements de caméra impossibles et impressionnants, costumes en pagaille, batailles phénoménales et monstres par dizaines sont au rendez-vous.

Il faut donner crédit au réalisateur qui, boulimique, nous en met plein les yeux, chaque scène d'action rivalisant avec la précédente en terme d'ingéniosité. Les combats sont filmés et chorégraphiés avec lisibilité et ingéniosité. Le premier, qui met en scène Nicole Kidman, annonce la couleur avec ces mouvements de caméra improbables et son plan-séquence superbe. Durant les presque 2h30 que dure le film, Aquaman enchaine les morceaux de bravoures à travers le monde et James Wan retrouve ses premiers amours horrifiques avec une séquence mettant en scène de terrifiants monstres s'en prenant à nos deux héros. Visuellement superbe, cette séquence démontre une nouvelle fois tout le talent de son metteur en scène.

Un humour à côté de la plaque

Si les acteurs sont bons (Jason Momoa est un implacable et imposant Aquaman), le scénario souffre de plusieurs lacunes. La première - et plus évidente - est le manque de caractérisation de certains personnages à commencer par les deux antagonistes (Ocean Master et Black Mamba). Les deux méchants phares n'ont pas le développement nécessaire pour rendre prenantes leurs motivations. On sent également qu'après l'échec de Justice League, la Warner décide de se rapprocher de la formule Marvel du côté de chez Disney. On en finit avec la noirceur d'un Batman vs Superman et on se rapproche plus de l'humour d'un Thor, d'un Iron Man ou d'un Black Panther. Malheureusement, l'humour est quasiment à chaque fois à côté de la plaque et ne parviendra à vous arracher - au mieux - qu'un petit sourire.

Cela dit, ce n'est pas spécialement pour rigoler qu'on va voir Aquaman au Cinéma. C'est pour en prendre plein les yeux, et à ce niveau-là, le film est d'une telle générosité qu'il est à la fois exaltant et exténuant. La Warner poursuit en tout cas ses films de super-héros et le nouveau Joker arrivera prochainement.