Réussir une série, qui tient la comparaison avec un film qui a eu du succès, et dont elle est tirée, n’est jamais chose facile. L’affaire se complique quand c’est le même réalisateur qui supervise la mise en série de son propre film. Pourtant, c’est ce que parvient à faire Justin Simien. Celui-ci a parfaitement retrouvé l’esprit et l’a fait planer tout au long des deux premières saisons de "Dear White People". Ces deux saisons ont eu un beau succès pour le compte de Netfilx, qui bien sûr a enchaîné sur une 3e saison.
Pour rappel, le film "Dear White People" raconte de manière très satirique la vie d’un campus imaginaire sous l’ère Obama.
Sam White, étudiante revendicative se retrouve à la tête de la résidence noire du campus. Son élection signe le début d'une guerre identitaire et culturelle opposant aussi bien les noirs et les blancs. On suit aussi le chemin complexe de nombreux autres étudiants.
Une série militante qui a séduit le public de Netflix
Concernant la série, au fur et à mesure, elle a réussi à convaincre. Elle s’est fait sa place dans le catalogue Netflix. Ce n’était pas évident, car les critiques furent nombreuses de la part de ceux qui l’accusaient de promouvoir le racisme inversé.
La saison 2, fut particulièrement riche et l’intrigue majeure fait la part belle au discours de l’extrême droite. Cela permet de s’interroger sur la notion de liberté d’expression quand celle-ci peut être déformée pour servir les intérêts des racistes blancs.
D’autres sujets ont été abordés par Justin Simien et son équipe de scénaristes avec beaucoup de bienveillance, il s’agit de l’avortement et de l’exploration de sa sexualité.
De nouvelles réalisatrices pour garder l’esprit original de la série
Pour la saison 3, le créateur Justin Simien sera toujours à la supervision de son « bébé », cependant en producteur avisé, il sait qu’il a besoin de sang neuf pour garder le mordant de sa série.
C’est pour cela, qu’il a demandé à des réalisatrices engagées sur les questions de discrimination comme Cheryl Dunye et Kimberly Peirce, de tourner certains épisodes de la saison.
Ce choix n’est pas anodin, c’est un choix parfaitement symbolique, qui a le mérite de rester en phase avec le discours progressiste de la série. La saison 3 continue à s'attaquer aux stigmatisations raciales et identitaires.
Justin Simien, assume pleinement sa légère mise en retrait. En effet, il considère logique que cette série dont le public est majoritairement constitué de femmes noires, ait une mise en scène faite par des femmes noires.
Il faut noter, que la très engagée Kimberly Peirce, a déjà participé à l’aventure de la série, car c’est elle qui réalisa l'épisode 4 de la saison 2.
Concernant la productrice, scénariste et actrice Cheryl Dunye, elle est réputée pour son engagement et son travail sur les questions relatives à la sexualité et à l'histoire des femmes noires lesbiennes. Tiffany Johnson et Sam Bailey, deux nouvelles réalisatrices encore peu connues du grand public, participeront aussi au projet.