Les résultats des dernières élections européennes ont confirmé à droite la montée en puissance du Rassemblement national et l’effondrement spectaculaire de « Les Républicains ». Ce double constat devrait logiquement amener de nombreux élus du parti de la droite classique à faire comme certains de leurs électeurs, c’est-à-dire se tourner vers le parti de Marine Le Pen. Or, nous pouvons constater que ce n’est pas encore vraiment la ruée, allez donc savoir pourquoi tant de réticence ?
Une image mal perçue et un programme économique trop flou
Tout d’abord, il y a la persistance de réflexes ancestraux.
Certaines personnalités, et même des élus locaux ont la sensation, que malgré d’indéniables efforts la vision de ce que fut le Front National a du mal à être changée. Le parti continue à susciter quelques peurs. Il faut dire aussi que sur certains sujets, celle qui mène les destinées du parti de son père a du mal à s’en démarquer. Lorsqu’elle évoque par exemple la déferlante des migrants ou la submersion migratoire, elle fait plaisir à ces troupes, mais ne se donne pas une image de personne en charge de trouver une solution durable et réaliste a un problème complexe qui ne s’appuie sur des impressions et des a prioris.
Dans un autre registre, il faut évoquer le programme économique du Rassemblement national.
Il reste particulièrement flou. Lors de ces dernières élections, le meilleur exemple reste la position face à l’Euro. Difficile de comprendre exactement si le parti au bout du compte, y est favorable ou pas. Ce flou en matière économique n’est pas du genre à attirer un électorat de droite. Le discours du RN comprend aussi souvent des accents anti-libéraux, ce qui est contraire aux tendances de personnes souvent très attaché à la liberté d’entreprendre.
Vous rajoutez à cela un discours parfois outrancier contre la mondialisation. Marine Le Pen veut nous persuader que la France, avec le passé qu’elle a, sa volonté de présence et ses intérêts à l’international, peut se mettre en retrait comme cela l’arrange.
Tout cela sur fond de stigmatisation de l’élite, de l’oligarchie comme Marine Le Pen aime à le répéter devant ses partisans.
C’est oublié qu’une grande partie de cette fameuse oligarchie est issue de la réussite de certains membres de la droite républicaine.
Attendre un peu, une Le Pen peut en cacher une autre
Mais ce manque de ralliement envers le RN s’explique aussi par des calculs plus pragmatiques. Du coté de « Les Républicains » bien des têtes d’affiches sont rodées aux joutes électorales, et savent qu’en politique, les choses peuvent aller vite. Certains n’ont pas perdus complètement confiance en leur parti. Quelques-uns vont y voir une opportunité de se faire une place au soleil dans un nouveau parti rénové.
Enfin, pour ce qui concerne les alliances, il n’y a pas forcement le feu. Tout le monde sait qu’en matière de tête de gondole, la maison Le Pen n’est pas en reste.
Marine Le Pen représente peut-être le train qui quitte déjà la gare et qui peut en cacher un autre. En effet, même si elle a décidé de s’appeler Marion Marechal, pour de nombreux vieux briscards de la politique, le train pour le futur, il est là. Ils sont déjà nombreux à préparer le terrain. Pour d’autres, il convient d’attendre.
Ne pas s’engager dans la "Marine" maintenant pour pouvoir rejoindre les troupes de la "Marechal " plus tard