L’un des principaux acteurs du secteur de la vidéo à la demande a proposé aux festivals de Cinéma, par l’intermédiaire d’un de ses hauts responsables, de tout simplement changer. Netflix a d’ailleurs toujours deux films présents en compétition officielle à Cannes, et ceux-ci sont donc en courses pour remporter une Palme d’Or inédite. ‘’Okja’’ de Bong Joon-ho, avec Tilda Swinton, et "The Meyerowitz Stories" de Noah Baumbach s’apprêtent en effet à connaitre une diffusion en ligne. Mais pas forcément en dehors… La distribution en salles de ces deux œuvres ne sera donc pas assurée, ce qui est une première pour Cannes.

Le modèle de diffusion du grand représentant de la VOD est ainsi mis en cause par certains professionnels du milieu. Les organisateurs cannois ont donc modifié le règlement d’inscription des films pour l’édition 2018, afin d’imposer une sortie dans les salles françaises pour les longs-métrages visibles en sélection. De quoi fermer la porte à la compagnie basée en Californie. Ce qui n’a pas manqué de provoquer le courroux de Ted Sarandos, le directeur du contenu de la firme, qui l’a fait savoir lors d’une conférence de presse à Séoul pour la présentation d‘’Okja’’. Selon lui, le plus grand festival de cinéma du monde doit se rappeler son principal objectif : ‘’Célébrer tous les arts, sans prendre en compte les plateformes’’.

Il a ensuite ajouté que ‘’beaucoup de films arrivent à Cannes sans aucune distribution préalable’’. Sarandos, et les autres pontes de Netflix, risquent de connaitre d’autres déboires lors des prochains évènements qui célèbrent le 7e art...

Netflix va-t-il déclencher des polémiques à Venise et Berlin ?

Le patron de ce média à succès, Reed Hastings, sort aussi de sa réserve pour l’occasion.

Il prend, par la même occasion, les devants en attendant les rendez-vous vénitiens et berlinois. Hastings a en effet indiqué sur son compte Facebook qu’il veut s’en prendre à ‘’l’ordre établi qui se ligue contre nous’’. Ce dirigeant de premier plan semble d’ailleurs en colère contre les exploitants, qui, toujours selon lui, veulent l’empêcher d’être en compétition dans les festivals de cinéma.

Sarandos, de son côté, appelle en plus ceux-ci à s’adapter. Car nombreux sont les films qui deviennent visibles autre part que dans une salle obscure. "Les spectateurs changent, la distribution varie donc aussi. Les festivals vont vraisemblablement muter", a-t-il aussi déclaré devant la presse. Netflix qui veut aussi produire de plus en plus de séries européennes, confirme ses ambitions. ‘’Okja’’ va être visible au cinéma, mais seulement en Corée du Sud, en Angleterre et aux USA. Son réalisateur rappelle que la télévision n’a pas tué ce moyen d’expression, en précisant que les spectateurs peuvent aussi regarder un film sur Netflix, sur DVD ou en téléchargement. Un combat pour trouver un juste milieu commence. Espérons que cette bataille ne fasse pas trop de victimes…