Dès les dernières heures de la nuit, les sites de la PQR, la presse régionale, commencent à faire paraître les billets et articles du jour. Côté billets, confiés à des collaborateurs extérieurs, ou côtés éditoriaux, rédigés par les rédactions en chef ou les chefs de service, c'est très clair. Le Penelopegate est pratiquement acté ; le Plan B, comme bascule et bouscule, ne devrait plus tarder à déboulonner François Fillon. Certes, le conditionnel est encore employé. Bien évidemment, il est rarement fait état des remontées d'informations, mais elles sous-jacentes.

Remontées que l'on trouve à la surface des papiers de localiers ou de reporters ayant été chargés de prendre le pouls et des élus locaux, des militants LR, et du plus vaste lectorat. L'un des premiers signes avant-coureurs est venu du Dauphiné Libéré. Mathieu Darnaud, sénateur LR de l'Ardèche, l'un des plus jeunes de la haute-assemblée (41 ans), n'accorde pas le sursis demandé par François Fillon : "on ne va pas pouvoir attendre quinze jours'', considère-t-il. Certes, il ne demande pas froidement que le vainqueur de la primaire se retire. Mais comment interpréter ce "si dans quinze jours, la justice demande plus de temps d'investigation, on va faire quoi ? c'est devenu davantage une question de moralité, en plus d'une question de légalité".

Alors, bien sûr, il y a les sondages qui donnent encore une majorité d'électeurs de la présidentielle, favorables à la droite et au centre, plutôt enclins à voir François Fillon se maintenir. Mais en régions, il y a aussi les législatives, et d'autres types de remontées du terrain. Si, en Vendômois, Guillaume Peltier ne se prononce pas, ce n'est pas le cas de Patrice Martin-Lalalande, député LR de la Sologne.

Montant indécent

Dans un communiqué adressé à la rédaction de La Nouvelle République, le député du Loir-et-Cher ne mâche pas ses mots. Lui-même emploie son épouse et son fils en observant "les obligations légales et morales de transparence (…) à respecter scrupuleusement". Il déplore les manœuvres du "pouvoir socialiste", reprenant l'argumentaire de la tribune "Pour l'honneur d'un homme", qu'il n'a pas signée, mais constate que les faits sont têtus.

"Les Français condamnent déjà un montant de rémunérations qu'ils perçoivent comme indécent au regard du travail d'assistant parlementaire". L'important n'est pas qu'ils aient tort ou raison, mais que le mal est fait et perdure. "Je crois que François Fillon sera finalement contraint'' de retirer sa candidature, constate-t-il. "Il rendrait un ultime service au pays qu'il a servi (…) en permettant aux Français de pouvoir voter pour le nouveau candidat'', celui qui porterait peut-être le même projet, mais plus efficacement (voire plus ''proprement'' ?). C'est net, sans appel, et il est impossible de renier des propos consignés par écrit en arguant qu'on les aurait mal compris ou déformés. Ceux qui tergiversent s'impatientent, confient que leurs enfants vont voter Macron et leur voisinage Le Pen.

Il y a les élus, mais aussi les cadres. Dans la Vienne, Pierre Faure, ancien dirigeant des Jeunes républicains, indique qu'il rendra sa carte LR. Au national, Jean-Frédéric Poisson, sur BFM, donne jusqu'à dimanche soir à François Fillon pour produire des éléments tangibles. Renaud Muselier s'est aussi prononcé, comme Philippe Gosselin ou Georges Fenech, Alain Houpert… Françoise Guénot (Seine-Maritime), non signataire, s'interroge aussi sur le délai de 15 jours. Dominique Vérien, pdte de l'UDI89 dit clairement "on doit changer de candidat''. L'éditorialiste du Berry républicain résume : "quel sera désormais le crédit d'un homme allant exposer son programme de rigueur économique ?". Et à l'international ?

François Fillon va tenter d'opposer l'assistance venant l'applaudir lors de ses nombreux prochains déplacements. Un peu comme un coureur cycliste dopé, il va foncer. On l'applaudit, congratule, et puis on se confronte à la famille, aux proches, aux voisins… Marianne évoque déjà "l'après".