Depuis toujours l'artiste dispose d'un statut particulier. Pas de privilège mais une existence sociale lui conférant une place à part...

L'Art est le fruit d'une inspiration et d'un savoir-faire, produit d'une source impalpable, immatérielle et qui se veut indépendante. Cette individualité tire son existence d'une prédisposition créatrice naturelle échappant à tout contrôle institutionnel. L'artiste est un individu qui, par définition, peut se passer de la société pour maîtriser son sujet. Il impose aux yeux du public sa force créatrice et l'image qu'il veut transmettre et même si son oeuvre trouve son inspiration dans l'environnement dans lequel elle est pensée et conçue, elle n'en demeure pas moins le fruit d'un concept individuel, voire égoïste lorsqu'elle provoque.

Cette volonté farouche qu'ont les artistes à ne vouloir exister que par eux-mêmes est en opposition avec ce que la société tente d'imposer aux citoyens.

La dépendance au système facilite la gestion des masses.

En imposant un rythme et un cap à tous les individus, les pouvoirs politiques prennent en main les destinées, s'arrogeant ainsi les prérogatives qui servent surtout leurs intérêts. Le peuple n'est prétendument important qu'en période électorale. Les promesses ne sont jamais tenues.

Indépendamment de l'aspect matériel qui, en règle générale, n'est pas sa priorité, l'artiste se trouve totalement détaché physiquement et parfois même psychologiquement de la société.La force créatrice devient un moteur, échappant à tous contrôles institutionnels et la popularité en est l'apothéose.

Ce besoin vital de liberté est profondément inscrit dans les gènes de l'artiste : pour ce dernier, seule l'oeuvre a de l'importance. Nous connaissons les destins particuliers et souvent violents de nombreux créateurs passés à la postérité. A cet égard,jamais la société ne les a épargnés de leur vivant, les portant aux nues quelques années après leur mort.

Ces destins souvent cruels mettent en exergue l'ambiguïté de l'existence artistique.

Les intermittents du spectacle sont probablement le reflet de notre époque et de ce qui se fait de pire en matière de dépendance castratrice. Victimes du nombre... manque d'autonomie existentielle... recherche d'une sécurité matérielle en contradiction avec la véritable âme artistique...

Non, certainement pas. De tous temps, l'art a fait des victimes. La société est impitoyable envers ceux qui ne rentrent pas dans le rang. L'artiste a l'obligation de réussir par lui-même si il veut survivre en préservant la pureté de sa force créatrice.

Quelle magnifique "mission" que de provoquer l'émotion. La société ne peut se passer des artistes ; ces gens bizarres qui font pousser des fleurs sur le béton et habillent de couleurs vives la tristesse de notre quotidien.