Petite devinette : qu'est-ce que Lenny Kravitz, John White, Prince et Harry Styles ont en commun ? Ce sont des stars internationales oui, mais pas que...! Ils ont également tous été accompagnés un jour par une femme à la batterie. Cela peut paraître anecdotique, mais la mise en avant de figures féminines jouant autre chose que du violon, du piano ou même de la guitare est assez rare pour être souligné, d'autant plus quand il est question de percussions.
Pour autant, la féminisation dans le domaine semble se mettre doucement en marche : les écoles de Musique voient progressivement plus de filles s'inscrire dans les cursus "batterie".
À titre d'exemple, la Music Academy International (M.A.I), une des écoles françaises de référence dans la formation musicale professionnelle, accueille environ une batteuse par an, un ratio faible mais plus élevé qu'au cours des précédentes décennies.
Fortes de ce constat, plusieurs initiatives voient le jour pour encourager les filles et femmes à prendre les baguettes. La plus emblématique est un concours, le "Hit Like A Girl", uniquement consacré à la frange féminine de la batterie. C'est dans la même veine, et surfant sur l'engouement pour les festivals musicaux de tous horizons, tels que le grandissant Dour belge ou le tristement célèbre Route 91 Harvest, que Mulhouse a accueilli les 12 et 13 mai derniers le premier festival dédié aux batteuses et percussionnistes : le Drumm'Her Festival.
Une première édition portée par de grandes femmes
Si la testostérone est mise à l'écart de la scène au Drumm'Her, le projet a été monté en coulisse par un homme : Luc Addamo, professeur à l'Ecole de Batterie de Mulhouse. Ce ressortissant du conservatoire a permis de rassembler pas moins de dix femmes sur la scène du Noumatrouff, toujours à Mulhouse, le week-end dernier.
Deux guitaristes/bassistes ont en effet accompagné les huit drummeuses en devenir ou déjà confirmées dans la salle de musiques actuelles.
Outre la renommée montante de chacune, la force du Drumm'Her Festival est d'avoir su réunir des meneuses de baguettes d'univers différents, principalement issues de la scène française : Anaïs Belmonte, jeune et prometteuse rockeuse ; une Amy Prajoux aux multiples facettes, allant du rock au gypsy ; Morgane Taylor du groupe Miss America, accompagnée de Mathilde Malaussena à la gratte, a fait la preuve de ses influences rock US ; Camille Bigeault et ses démonstrations polyrythmiques ; la musicale et expérimentale Delphine Langhoff ; la percutante Cindy Raoux, dont le nom résonne sur YouTube depuis trois ans déjà ; la classique et brillante Claire Litzler, qui a sautillé avec une aisance folle du marimba au vibraphone, de la caisse claire au tambour, tout droit jusqu'au siège de la batterie.
Mention spéciale pour la venue prestigieuse d'une batteuse originaire d'outre-Rhin, Anika Nilles (à prononcer "Ni-lèss"). Si son jeu a été rendu célèbre grâce a YouTube, c'est désormais sur les scènes du monde entier qu'elle se produit. Invitée inespérée aux côtés de la Canadienne Emmanuelle Caplette lors de l'édition 2016 de la BagShow - autre DrummFest français où la féminité n'est que rarement présente derrière les futs - la batteuse allemande n'a pas hésité une seconde à participer à l'événement mulhousien.
Ainsi complète, l'affiche du Drumm'Her a attiré un public paritaire et passionné au Noumatroff, dans une ambiance de partage musical comme on l'aime. À cette occasion, le festival a également récolté des fonds pour l'association Les Mulhousiennes, qui lutte contre le cancer du sein. Un week-end mémorable en somme, qu'on souhaiterait voir se renouveler dès l'an prochain.