Réalisatrice emblématique d’un mouvement culturel, peut-être porte drapeau, volontaire ou non, d’une cause féministe qu’elle finit par incarner, la réalisatrice Agnès Varda est décédée dans la nuit de jeudi à l’âge de 90 ans des suites d’un cancer.

Première réalisatrice de la Nouvelle Vague

A l’instar de ses collègues masculins : Truffaut, Godard, etc… Agnès Varda fut l’une des personnalités reconnues de la Nouvelle Vague. Avec des œuvres majeures et saluées telles que : « Sans Toit ni loi » avec Sandrine Bonnaire, une œuvre couronnée du Lion d’Or à Venise en 1985, du César de la meilleure actrice en 1986, et de bien d’autres distinctions, qui raconte le drame de l’errance, ou encore « Jacquot de Nantes » un film qui raconte l’enfance et l’adolescence du réalisateur Jacques Demy.

Forte d’une doctrine qu’elle s’était elle-même fixée : « Je ne veux pas montrer, je veux donner envie de voir », la réalisatrice avait su imposer un style et une signature qui lui valu une reconnaissance mondiale.

Une artiste qui sortait des sentiers battus

Alors que la réalisatrice travaillait à son rythme, à la faveur de ses inspirations, des ses envies, elle avait d’ailleurs réalisé de nombreux documentaires comme « Murs Murs », un film sur les fresques murales réalisées par des ouvriers mexicains, en plein cœur de Los Angeles, et puis le très célèbre : « Les Glaneurs et la glaneuse » sur ces glaneurs qui ratissent les champs fraîchement récoltés pour y trouver des restes mangeables.

Sans oublier, évidemment, sa dernière œuvre : « Visages Villages » co-réalisée avec l’artiste JR, qui s’est illustré dans la technique du collage. Avec cet ultime documentaire, la réalisatrice et l’artiste parcourent la France avec leur camion Photomaton et réalisent un fabuleux collage de visages hétéroclites. Des visages et des rencontres qui restent projetés sur les murs des habitations.

Une renaissance et une reconnaissance tardive

En 2015, le festival de Cannes lui avait rendu hommage en lui décernant une palme d’honneur, qu’elle a reçu avec beaucoup d’humour et de tendresse. Puis ce fut au tour d’Hollywood de lui décerner un Oscar d’honneur en 2017. La réalisatrice, émue, mais finalement, mal à l’aise avec autant de récompenses, ne pouvait s’empêcher de dire qu’elle était un peu gênée de se sentir comme « La nouvelle potiche du Cinéma français ».

Le monde du cinéma pleure donc une réalisatrice emblématique et unique dans un panorama artistique français qui a encore bien du mal à laisser une place majeure aux femmes.