A la mi-mars paraissait le premier album "Nature“ d'une nouvelle voix féminine de la scène française, Cécile Andrée. Après avoir été pianiste et choriste dans sa jeunesse, elle exprime à travers son œuvre, des textes lyriques jazzy teintés de résonances de la nature, "Quand j’ai besoin de composer parce que c’est le bon moment, la matière est là, très vite“, elle affirme.
Au plus profond de la nature avec Cécile Andrée :
LLH : "Qui est réellement Cécile Andrée ? Dans la biographie de votre site officiel j'ai lu que ta création musicale reposait essentiellement sur le mélange de tes ressentis de beauté, de ta recherche de nature et de tes passion des haïkus.
Peux-tu nous en dire plus ? "
CA : "J’ai un amour profond pour la nature, sa beauté, ses couleurs, sa lumière... Le haïku est un alors simplement un moyen utilisé pour tenter de véhiculer cette beauté, de la retranscrire bien que l'exercice soit difficile. C’est un type de poésie très codifié, 5/7/5 pieds, sans rimes, sans métaphores, sans symbolique. C’est brut, premier degré. Alors sans parler de passion pour le haïku, cet outil m a servi de point de départ puis de liant sur le projet «nature»... Je me suis affranchie des règles, mais j’en ai respecté l'esprit je crois."
LLH : "Parle-moi de chaque membre qui collabore avec toi, ainsi ce que leur énergie individuelle apporte à ton univers. Ensuite, j'aimerais savoir comment vous faites pour conserver une ambiance tantôt de fraîche et jazz, à chaque morceau tout en affirmant ton style."
CA : "Outre leur grande technicité, Cédrick Bec, Ben Rando et Olivier Lalauze ont en commun sensibilité, ouverture d’esprit et amour du vocal... Lorsque j’ai entendu Ben jouer pour la première fois sur son magnifique projet "True Story", j’ai su que c'était sa couleur qu’il fallait pour nature. Ben et Cédrick se connaissent par cœur, ils jouent beaucoup ensemble, cela se ressent. Cédrick a un jeu subtil et ferme, très riche de propositions. Olivier complète parfaitement l'équipe, solide et à l’écoute. Nous avons réussi à trouver une couleur commune à chacun des morceaux, il me semble."
LLH : "Comment as-tu fait pour revendiquer ta passion jusqu'au succès, pour t'imposer et convaincre les autres membres de te suivre dans cette aventure ?
J'ai lu également que tu écoutes Sting et Radiohead ? As-tu des muses ? "
CA : "C’est un démarrage, un premier album, le nom qui commence à peine à circuler. Les premiers retours sont bons mais tout est à construire… Je crois que les musiciens ont été convaincus par ma ténacité, par la couleur des morceaux et les arrangements que je leur proposais. Enfin, ils seraient plus à même de répondre . (sourire) Etant donné que la muse est un archétype féminin, je vais répondre non ! Oui la pop anglaise fait partie de mon univers, j’ai grandi avec elle. Les Beatles d’abord, The Police puis Sting, Radiohead, Coldplay à leurs débuts… Il y a un lien harmonie mélodie vraiment fort au sens émotionnel du terme, novateur au moment des Beatles, et des couleurs bien plus riches qu’on ne le croit ! "
LLH : "Quelle est la vision artistique que tu transmets via ton univers musical ?
À chaque écoute, on a l’impression d'assister à un concert de Jazz se déroulant dans un conte de fée. Mais y-a-t-il des parts de sombres dans ces scénarios lumineux et comment tu les exploites à bien ?"
CA : "Ce qui m’intéresse dans la Musique c’est l’émotion qu’elle peut susciter, et la base c’est qu’elle m’en procure à moi-même ! Si un morceau ne me touche pas, je ne le joue pas. Il faut qu’il se passe quelque chose à l’intérieur. Même si j’admire les virtuoses, ce n’est pas ma quête. Je suis en quête de cohérence, de sons, de vérité. Il faut que ça résonne à l’intérieur ! Concernant «Nature », oui il y a du sombre, il y en a même beaucoup, mais, peut-être, et tant mieux,ce n’est pas aussi évident que cela à l’écoute. "She Knows“, "Fade Out“, "Canopy“ sont les plus sombres."
Pourquoi si nature ?
LLH : "Dis-moi en plus sur le show-business, ton public et sur les différentes choses à faire lors de la création d'un album ?
"
CA : "Mon public, je le construis concert après concert, cela va prendre du temps. Je n’en suis qu’au début. Tellement de choses à faire autour d’un album : l’artistique, le graphisme, le budget, la communication, l’entourage professionnel, la gestion du calendrier… Je suis accompagnée, mais pas encore assez !“
LLH : "Quelle source as-tu utilisé principalement pour écrire ce premier opus"Nature" ? Et les titres du l'album contiennent-ils des messages subliminaux ? Ensuite qu'est-ce qu'il y a de vécu dans des titres comme "Canopy“ et "She Knows“ ? Enfin aurais-tu imaginé ce genre de suite artistique quand tu étais une jeune choriste et pianiste ?"
CA : "Le Haïku a été le point de départ… Ensuite, c’est difficile à dire : j'ai choisi des compositions ou reprises (deux sur l’album) qui avaient un sens, leur place dans l’album, car je savais quel fil je souhaitais tirer. Aucun message subliminal, en tout cas conscient ! Mais il y a toujours plusieurs possibilités de lecture et compréhension pour n’importe quelle œuvre…Il y a du personnel, du moins personnel, du poétique, du concret….“She Knows“ est par exemple du vécu, mais pas le mien, celui de quelqu’un de proche. "Canopy“ est du domaine de l’onirique. Tout comme "Flying Around As A Bird". J’ai tenté de matérialiser, d’harmoniser des sensations, des idées. Je ne me suis autorisée à croire en la possibilité d’une carrière artistique que très tard. Cela a toujours été très présent en moi, mais je ne me suis inquiétée de l’urgence à m’y mettre qu’après avoir vécu beaucoup d’autres choses. Mon parcours est sinueux, mais je ne regrette rien. C’est ce qui fait peut-être la richesse de ce que j’ai à exprimer. Je n’ai pas l’inquiétude de la composition et j’avoue ne pas être rigoureuse là-dessus, du genre me poser tous les matins pour écrire. Mon quotidien fait que ce n’est pas possible… Cependant, quand j’ai besoin de composer parce que c’est le bon moment, la matière est là, très vite."
LLH : "Comment est l’intérieur de ton lieu de travail ?
Reflète-t-il l'âme de ta griffe musicale ?"
CA : "Je travaille dans un lieu où deux murs sont bleus, où Klimt et Monet sont présents. Un lieu lumineux avec quelques plantes dont j’essaie de m’occuper correctement (sourire)."
LLH : "Et ¨pour te laisser le dernier mot de cette interview, donne-moi ta propre signification pour les expressions "univers musical" et "nature"?"
CA : "L’univers musical ….Je dirais que c’est la somme de toutes les influences dans lesquelles nous avons baigné en tant qu’artiste et qui font de nous celui que l’on est aujourd’hui. Nous sommes tous le résultat d’une culture, d’un héritage (musical et autre)… Et lorsque l’on compose, il en ressort une palette de couleurs qui nous est propre, qui évolue et s’enrichit de façon permanente. Enfin, j’ai voulu intituler mon opus "Nature" pour de nombreuses raisons… Parce qu’il s’agit autant dans cet album que de la nature comme environnement que de la nature humaine, et que je me suis amusée à faire un parallèle entre les deux dans plusieurs morceaux. Parce que je chante en anglais et en français et que "Nature“ se comprend dans les deux langues. Parce que le côté "naturel" sans sophistication, sans tricherie, sans fard est celui qui m’intéresse chez les autres et que j’entretiens personnellement. Je pense être une personne "naturelle", simple, sans métaphore. Comme un haïku en quelque sorte (sourire)."