Noir ténébreux, le lémurien Propithèque de Perrier ne voit pas la vie en couleurs à la différence de la plupart des primates. Si vous aimez vous promener dans les zoos et les parcs animaliers, vous êtes sans doute déjà tombés sur un lémur catta, la star des lémuriens de Madagascar, avec sa queue annelée en noir et blanc. Peut-être avez-vous croisé un propithèque à diadème, dont le manteau blanc soyeux prend une teinte argentée sur le dos et légèrement dorée au croupion. Mais le Propithèque de Perrier ou colibri de Perrier est tout noir. D’ailleurs, la plupart des Européens n’ont pas le privilège de le connaître, tant ce lémurien endémique à robe noire et aux yeux orangés n’est pas un voyageur comme ses cousins.

La géographie de ses déplacements se limite à trois aires protégées – Andriafamena, Antakarana et Analamerana –, nichées dans l’Extrême-Nord de Madagascar. Ce lémurien est déclaré « en danger critique » depuis 1996 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Lémurien diurne de mœurs arboricoles, le Propithèques de Perrier vit en général par groupe de 3 à 5 individus. Les femelles dominent les mâles dans la hiérarchie sociale. Leurs endroits familiers sont les forêts d'arbres à feuilles persistantes des montagnes, la végétation caducifoliée, et les forêts au bord des lacs d’altitude.

La survie des Propithèques de Perrier menacée par la déforestation

Posés à flanc de colline, des lodges de luxe accueillent à bras ouverts les touristes qui viennent à la rencontre de ces « sifaka noirs », comme les surnomme affectueusement la tribu autochtone résidant au nord de Madagascar.

Cette tribu est connue sous le nom de « Antakarana ». Lors d’une randonnée à pied, vous serez ravi de découvrir un morceau de leur vie champêtre. Leurs cabanes en bois sont noyées dans une mer de rizières. Cette riziculture s’abreuve des pluies du ciel et donne des revenus aléatoires, que l’exploitation des mines d’or et de saphirs n’arrive pas à compléter.

Vous observerez des traces d’incendie récent ou passé sur la colline. Parfois, un propithèque rôde dans un paysage désolé de forêts de défriche, réduites en une prairie herbeuse.

À la vue de ces déboisements, l’indignation est la première réaction des naturalistes ; puis, elle laisse place à une profonde mélancolie en réalisant que les besoins alimentaires vitaux prennent le pas sur ceux de la conservation.

Dans les villages ethniques reculés du nord de Madagascar, les Antakarana tiennent en main le destin du colibri de Perrier, un beau ténébreux de 92 cm, qui n’est pas seulement l’un des plus grands lémuriens encore en vie, mais aussi un véritable miracle de la nature.