Dans les hauteurs montagneuses du nord de l'Ethiopie se dressent les églises de Lalibela. Ces structures sculptées dans le roc ont fait parler de la cité depuis leur classement en 1978 au patrimoine mondial de l’Unesco. Ce n’est ni la vue à couper le souffle, ni le climat agréable, ni les gîtes de tourisme chics et chaleureux qui font l’identité de Lalibela. C’est plutôt son origine miraculeuse remontant à plus de 900 ans, lorsqu’un souverain éthiopien reçut l’avertissement divin de bâtir une seconde Jérusalem dans les sommets vertigineux de cet État d’Afrique de l’Est.

Le roi s’appelle Lalibela ; la cité nouvellement aménagée portera son nom.

Ce projet insolite est venu à l’esprit de Gebre Mesqel Lalibela à la suite des raids islamiques qui désolaient la route vers Jérusalem. La prise de Jérusalem par Saladin en 1187 a mis les Sarrasins en position de force. Les Éthiopiens devaient passer par l’Égypte et traverser la mer Rouge pour voyager en Terre Sainte, mais les Sarrasins les en empêchaient. Le rejeton de la dynastie Douagé était un saint roi. Le bonheur de ses sujets était au centre de ses préoccupations. Labilela se déclare divinement inspiré de donc poursuivre un projet : construire une Jérusalem noire dans sa capitale au nom original de Rohad. Un « double de la Terre Sainte » où les Éthiopiens peuvent prier et se recueillir sans danger.

Des rochers évidés et éventrés par les ouvriers donnent naissance à onze sanctuaires

Les églises ont été excavées et taillées dans la pierre rose volcanique. Tantôt la façade est ouverte aux quatre vents ; tantôt la structure est souterraine ou hypogée et ne montre au-dehors qu’une petite ouverture. Une cour centrale relie les églises par une enfilade de couloirs et de tunnels.

Au nombre de onze, elles évoquent par leurs noms (la Tombe d’Adam, l'Église de Golgotha, la Maison de Marie, la Maison de la Croix) les places visitées par les pèlerins à Jérusalem et aux environs. Comme les lieux saints de Jérusalem, elles sont joyeusement accrochées aux falaises. Les églises de Lalibela possèdent une nef, des arcades et des absides ; une porte artistement ciselée sépare le tabot du reste de la pièce.

C’est le Saint des Saints qui renferme l’Arche de l’Alliance et les Dix Commandements.

L’Église orthodoxe éthiopienne reconnaît l’ampleur des travaux. Elle attribue l’achèvement rapide de ce chantier pharaonique à l’intervention des Templiers de la Nuit. D’après les archives sacrées, les matériaux furent transportés à dos d’homme et hissés en haut des falaises. La nuit tombée, les anges seraient venus sur place, effectuant deux fois plus de travaux que les hommes n’en faisaient en une journée de travail. Ce serait ainsi que toutes les églises furent achevées durant les vingt-cinq années de règne de Lalibela, mais en réalité, les travaux ont pris plus de temps et commencé bien avant la montée sur le trône de Lalibela.

Plus tard, celui-ci aurait juste donné son nom à la cité. Telle est l’histoire des emblématiques églises de la Jérusalem noire ; une ville sainte si chère aux Éthiopiens, qui ont le courage de parcourir plusieurs kilomètres pour y célébrer le culte, les jours de grande fête.