Le Président de la République Sassou dans son message de vœux estime qu’il faut consacrer les douze prochains mois à la mise en œuvre effective et progressive des institutions. Il demande une haute maturité et un sens élevé de la Nation aux parties prenantes au processus électoral (partis politiques, société civile, organes de la gouvernance électorale, citoyens électeurs) pour que l’élection présidentielle prévue au premier trimestre de 2016 se fasse dans la cohésion et la paix nationale.
Sassou a raison. Comment l’analyste politique peut-il expliquer ce type de message ? Notons que cette cohésion dépend de la capacité des différents acteurs à préserver une volonté républicaine pour éviter la destruction des biens privés et publics. Allons plus loin. Le Congo est à un tournant de sa vie politique depuis son indépendance. Il y a eu dans ce pays des coups d’Etat et des processus électoraux pour lesquels les prises en compte des populations et du patrimoine congolais n’ont pas toujours été considérées à leur juste valeur. Le Congo, comme la plupart des pays africains au sud du Sahara, intègre un mouvement « glocal ». La « glocalité » correspond à une nouvelle interprétation de la géopolitique dans laquelle les pays, tout en s’ouvrant à l’universalité, doivent penser local.
C’est en ce sens que le Président de la République souhaite inscrire le Congo dans un chemin propre. Etablir un chemin propre nécessite une réflexion locale sur la prise en compte de la jeunesse, des femmes et de la synthèse à réaliser entre les anciennes et les nouvelles générations. Il y a donc une réflexion à mener au niveau des politiques sociales qui doivent être le moyen d’ouvrir ce chemin congolais. Encore faut-il que les différents acteurs de la scène politique congolaise n’aient pas l’impression, pour certains d’entre eux, d’être objets de déclassement, de rejet et donc victimes d’inégalités sociales.
Les politiques sociales doivent permettre de repenser le pays dans son intégralité en fonction des ressources économiques, politiques et sociales.
L’enjeu est bien celui qui consiste, au-delà du Congo (cela est valable pour les autres pays africains), de construire des politiques sociales verticales et horizontales. De façon verticale, il s’agit à la nouvelle République de définir trois ou quatre cibles prioritaires sur le plan social, « constitutionnalisables » et vérifiables par les nouvelles institutions de la République, en matière de progrès, d’écart, d’évaluation par rapport aux objectifs fixés (éducation, santé, protection sociale, emplois, etc.). La verticalité des politiques sociales n’est pas suffisante. Il faut qu’elle s’accompagne d’une horizontalité, c'est-à-dire de la définition de personnes ressources réelles, impliquées dans le social, pour conduire cette politique en accord avec les autorités élues.
Sassou dans son discours de vœux dit que la municipalisation accélérée de la Bouenza se traduira par la célébration le 15 août du 56ième anniversaire de la fête de l’indépendance à Madingou, le chef-lieu du département. C’est peut-être là le moyen idoine pour les autorités de la Nation de décliner la problématique verticale et horizontale des politiques sociales. Le Congo est un pays capable d’être à la hauteur des enjeux qu’il se fixe. Encore faut-il que sa classe politique, que ses acteurs sociaux et qu’une grande partie de ses citoyens électeurs prennent la mesure de cette prise de conscience immédiate. Il y a le temps du combat politique et il y a le temps, plus long, de la construction de la République et de la Nation.
Le Congo a traversé de nombreuses épreuves depuis son indépendance. Nous sommes là à un tournant de sa vie politique démocratique qui ne demande qu’à être sédimentée et à s’enraciner profondément. Il reste aux acteurs politiques, aux citoyens électeurs, de prendre acte de la cohésion et de la stabilité de ce pays pour l’amener plus loin dans la réussite sociale, économique, politique et dans la fraternisation permanente.