Après la réforme constitutionnelle (octobre 2015) et l’élection présidentielle du 20 mars 2016, le débat sur l’organisation d’un dialogue inclusif est significatif de la situation politique difficile en ce moment au Congo Brazzaville. L’opposition, ou les oppositions, s’interrogent sur le fonctionnement du climat postélectoral et post-vote au Congo. Ici ou là s’organisent les conditions politiques pour un dialogue inclusif que les uns et les autres appellent de leurs vœuxourefusent. Voici la situation paradoxale congolaise mais qui va forcément trouver une solution.

Tout dialogue nécessite un agenda, des items politiques précis qui sont à la base de contradictions, d’oppositions ou de réajustements de la part des oppositions et de la majorité. Je ne suis pas un thuriféraire de la majorité (celle dont le Président Sassou est le représentant) et encore moins unreprésentant de l’opposition; mais en tant qu'analyste congolais de la diaspora, instruit de la chose politique par ma formation universitaire (Sciences Po Paris, premier et ancien éditorialiste sur Africa 24 TV 2011/2014), par ma participation à la vie politique en France (cofondateur et premier Secrétaire du CRAN –Conseil représentatif des associations noires de France 2005/2008 -, conseiller municipal d’Alfortville dans le Val de Marne 2008/2014, enseignant de Sciences économiques et politiques), je me sens en droit de faire des propositions concernant ce dialogue inclusif de mon pays d'origine dont j'analyse la politique depuis de nombreuses années.

  • La classe politique congolaise, favorable ou non aux résultats de l’élection présidentielle de mars 2016, veut organiser un dialogue inclusif au Congo-Brazzaville. Il faut saluer l’initiative que je qualifie de démocratie continue. Dans toute famille il y a des problèmes, il faut les régler par le dialogue.

  • Le Président Sassou a été élu Président de la République (60%) et des membres de l’opposition disent qu’il n’a obtenu que 8%. En démocratie, seuls les chiffres officiels sont acceptables et non les supputations ou les analyses en dehors du scrutin officiel. Le dialogue inclusif ne doit pas revenir sur ce résultat, sinon on risque d’être dans un processus infini de contestation et de non-prise de responsabilité. Une fois admise l’élection de Sassou, comment organiser le débat ?Certains opposants peuvent penser qu’on doit discuter de l’élection de Sassou. Si c'est le cas, il faut donc accepter de ne pas appeler cette réunion «dialogue» mais «discussion et contestation postélectorale».

  • Si le principe du dialogue et non de la contestation postélectorale est retenu, il faut réfléchir sur la manière de faire exister les partis politiques de l’opposition et de la majorité dans la nouvelle République. Dans un article de Jeune Afrique (11/2015),j’avais posé une question sur une opposition politique congolaise introuvable. Le dialogue national doit s’ouvrir à des débats autres que politiques et articuler la nouvelle République avec les problématiques économiques et sociales à un moment où le pétrole, principale source de recettes du budget du congolais, diminue. Il est de bon ton de parler de politique à longueur de journée, mais l’analyse économique, sociétale et financière de notre pays doit être au cœur du dialogue national.

  • L’opposition congolaise doit arrêter de lier sa vie démocratique aux objurgations de la France et de ses Présidents successifs, dont l’actuel François Hollande a montré qu’il faisait confiance au Président Sassou et à son peuple. L’opposition congolaise s’est dite outrée car elle ne connait pas la real politique, et comme le disaient Messmer et le général De Gaulle, la France n’a pas d’amis mais que des intérêts économiques et financiers à défendre, ce que doivent comprendre les dirigeants africains. La nouvelle géopolitique oblige les Présidents africains à équilibrer leurs alliances. La France n’est plus le chemin obligé en matière de coopération, la Chine peut être une alternative.