Les récentes élections au Gabon, au Congo-Brazzaville, au Tchad, au RCA et futures au Cameroun, en Guinée Equatoriale, en RDC montrent que le modèle démocratique universel a beaucoup de mal à se sédimenter dans cette partie de l’Afrique. La plupart des observateurs occidentaux et les membres des oppositions dans ces différents pays critiquent ce modèle d’organisation démocratique en voie de régression.

 

Chirac avait dans une déclaration, restée célèbre et critiquée par les intellectuels africains, déclaré que la Démocratie serait un luxe pour l’Afrique. Chirac, au fait des relations de consanguinité entre la France et ses anciennes colonies, avait simplement compris une situation sociologique dominée par la notion de chef et les relations tribalo-ethniques difficilement conciliables avec des pouvoirs politiques africains pour lesquels les notions d’Etat et de Nation sont lointaines.

 

Sans accepter la proposition chiraquienne, elle me donne quelques éléments de réflexion pour esquisser une nouvelle compréhension de ce qu’il se passe en Afrique Centrale où la plupart des pouvoirs politiques tendent à être considérés comme dynastiques.

La théorie du réseau et des trajectoires permet de voir pourquoi les difficultés actuelles pourront être un jour surmontées, mais à condition de faire une analyse claire des rapports entre différents types de pouvoirs politiques en Afrique. On a voulu supprimer les chefs traditionnels, on les réintègre dans les nouvelles Constitutions (Côte d'Ivoire). 

 

La théorie du réseau montre que le modèle politique en Afrique est marquée par le sceau des rapports de force et de domination hérités des partis politiques uniques suggérés par la France à ses anciennes colonies devenues indépendantes pour une plus grande stabilité. L’influence marxiste paraissait la règle du parti unique,mais ce n’est pas vrai au Cameroun, au Tchad et en République Centrafricaine  (le Congo-Brazzaville a pu apparaître comme un bastion du marxisme-léninisme).

La réalité doit être recherchée dans les rapports entre les anciennes colonies et la France qui construit un modèle d’organisation politique sur lequel repose les pays africains francophones. La francophonie, modèle d’organisation politique, a joué un rôle fondamental dans la constitution de la tête du réseau.

 

Les Présidents des réseaux ont parfaitement compris les enjeux et les défis de la francophonie. Ils utilisent les principes de coopération pour se maintenir au pouvoir. Ils ont accepté la pseudo démocratisation de la vie politique à travers des conférences dites nationales qui permettaient de rendre pluriel l’espace politique (votes, élections, commissions électorales dites indépendantes).

Ils ont rendu l’alternance politique quasi-impossible à cause des trajectoires qu’ils ont construites de façon entomologique en manipulant les partis d’oppositions (constitution de gouvernements d’union nationale).

 

Dans les trajectoires, les Présidents sont tentés par la variable dynastique de faire perdurer leur pouvoir. Certains de leurs enfants, qualifiés d’assassins de la démocratie, attendent le pouvoir en s’appuyant sur la communauté internationale. Les Présidents des réseaux en Afrique Centrale opposent à cette communauté internationale qui proteste les notions d’Etat de droit et de justice indépendante. Cette communauté est prise à son propre piège. Les populations africaines sont confrontées à la pauvreté, au chômage des jeunes, au délitement des mœurs, à la corruption et à l’absence d’un projet politique réel.

La démocratie dynastique n’est pas une fatalité en Afrique centrale, c'est dans certains pays la réalité du moment au nom des élections, de la Constitution et de la justice dite indépendante. Aller vers un modèle de démocratie normale nécessite de comprendre cette "démocratie à l’Africaine" et de faire des préconisations objectives qui permettent une alternance crédible car, membres du réseau au non, tous invoquent le peuple pour, soit garder le pouvoir, soit le prendre.