Un sommet marqué par plusieurs thèmes : la sécurité, la démocratie, le partenariat économique pour l’émergence.
La présence de Hollande au Mali est son dernier voyage politico-diplomatique sur le continent africain. Au pouvoir en 2012, Hollande avait promis de mettre fin à la Françafrique et d’obliger ses partenaires africains à faire respecter les droits de l’Homme, la démocratie et l’alternance politique.
Le bilan de Hollande dans ces domaines est négatif, pour ne pas dire nul. Les oppositions au Congo-Brazzaville, au Tchad, au Gabon et au Niger espéraient que Hollande allait peser de tout son poids pour que les élections politiques se fassent dans la clarté ; or on constate que, de clarté, il n’y en a pas eu car les oppositions politiques contestent la manière dont certains chefs d’Etat de l’Afrique francophone ont conservé le pouvoir. Les difficultés actuelles au Burundi, en RDC et en Gambie (zone d’influence anglophone) montrent que Hollande n’a pas réussi à infléchir la politique de certains chefs d'Etat africains aux affaires en ce moment.
Les pays francophones sont présents au cours de ce sommet comme certains pays anglophones car la France a élargi sa zone d’influence économique à ceux-ci. La présence du MEDEF international montre que la France est de retour au niveau du business alors que, depuis un certain nombre d’années, le continent a été laissé à d’autres investisseurs comme la Chine, la Turquie, le Portugal, le Brésil, Singapour, Israël, la Malaisie, etc. Cette impression de malaise au niveau du respect des droits de l’Homme et de la démocratie a été amplifiée par les déclarations des organisations de la société civile qui estiment que Hollande a sacrifié les droits de l’Homme et la démocratie en Afrique francophone au profit de la stabilité politique.
Certains chefs d’Etat ont pu profiter de cette légitimation politique pour apparaître comme étant les seuls remparts face au terrorisme (Boko Haram) en Afrique. Cette singularité de la politique et de la diplomatie de Hollande a exaspéré les populations africaines et surtout les opposants dont certains ont manqué de stratégies en pensant que Hollande était la solution idoine à leurs problèmes d’alternance. La plupart d’entre eux manquent de projet, de programme et de stratégie.
Sur le plan de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, Hollande est apparu comme un chef de guerre qui a permis à aux forces Serval et Barkhane de consolider la paix et la sécurité au Mali et en République Centrafricaine.
Des problèmes politiques existent encore au nord du Mali, même si, dans le fil droit du Sommet de l’Elysée tenu en décembre 2013, la France a fait du Tchad et du Cameroun des pièces maitresses dans la lutte contre le terrorisme. La France aide l’Afrique à installer l’architecture d’une force africaine en attente. L’absence de volonté des chefs d’Etat africains de la faire aboutir est réelle. Depuis 2013 la France a fait des efforts importants en consacrant 12 milliards en investissements de toute nature, soit 3 à 4 milliards par an. Hollande promet de passer à 5 milliards pour les années futures, mais tout dépendra du nouveau chef de l’Etat français élu en mai 2017.
Au-delà de la problématique sécuritaire, l’Afrique est confrontée à ses problèmes endémiques comme la diversification de ses économies, l’éducation et la formation des populations qualifiées, la valorisation de la révolution numérique et l’accès au financement concernant les énergies renouvelables.
L’Afrique ne regrettera pas François Hollande au moment où celui-ci quitte le pouvoir et l’Elysée. Hollande n’a jamais vraiment compris la simplicité et la complexité de l’Afrique. Le jugement peut paraître sévère, mais c’est la triste réalité. Au revoir François Hollande et bienvenue au nouveau Président français qui doit méditer des échecs de son prédécesseur, s’il veut se lancer dans une politique française de rupture ou d’accommodation avec ses partenaires africains, surtout francophones.